Tantôt appuyée tête sur les mains, la demoiselle sursauta d'un coup lorsque la voix d'Herken tonna à travers la chambre. Elle n'osera d'ailleurs plus le regarder, et hochera plutôt la tête, faussement persuadée de ses paroles. Cet orgueil mal placé cachait quelque chose, soit il n'était lui-même pas du tout fier de ses actes et cherchait à se convaincre, soit il n'appréciait pas la pitié d'autrui et avait véritablement servi ce sang-pur, dans tous les cas, cette situation ne concernait pas tellement Nephinae, même si elle avait actuellement envie de les suivre et d'en découvrir plus sur leur passé.

Soit, lorsque Farken trancha sur leur principale mission, Nephinae fut d'accord, mais sera titillée de les 'libérer' de leur contrat envers elle. Voir le conseil était chose faisable avec mercenaires ou sans. Dans une lourde inspiration, elle s'aida de son genou pour se décroiser les jambes et débarqua de la couchette.

"C'est bon, guidez cet homme jusqu'aux déviants."

La mage prendra quelques minutes pour aller à sa chambre et revenir la bourse à la main. Fouillant rapidement au fond de celle-ci pour en ressortir deux pièces d'argent, qu'elle jettera négligemment sur les cuisses de Farken. C'est qu'elle lui en voulait encore un peu, au fond.

"Je vais y aller seule, au conseil. Je n'ai pas besoin qu'on m'y traîne le bras. J'y ai passé mon enfance et mon adolescence. Bonne nuit."

Sans plus tarder, elle sortira de la pièce et retournera jusqu'à sa chambre pour attraper dans son coffre un livre et se laisser lourdement tomber dans son lit.

Le grondement d'Herken entraîna la perplexité de Sylas. Sa compassion avait laissé place à de la déception. Et dire qu'il avait eu pitié de cet humain. Toutefois, le demi-elfe ne savait pas qui de l'orgueil ou de la fierté avait poussé le mercenaire à s'exclamer. Mais il y avait un point sur lequel le chasseur était presque sûr, le combattant semblait avoir coupé les ponts avec son ancien maître.

Sylas écoutait avec une joie imperceptible les paroles de ses interlocuteurs. Ces derniers étaient une mine d'informations sur les déviants et leur société. Son esprit imprimait dans sa mémoire chaque remarque des deux frères jusqu'à la mention d'un problème de Morts vivants. Il n'avait entendu que des rumeurs de ces créatures, mais voir leur existence lui être confirmé le contraria fortement.

En dépit de son obsession pour les Nocturnes, le chasseur n'était pas capable de fermer les yeux face au grand danger que représentait cette vague de morts. Il les accompagnerait à ce conseil, car d'une manière ou d'une autre, il finirait par atteindre ses ennemis. Ayant pris sa décision, il s'apprêta à répondre quand la jeune femme se manifesta.

Surpris par la froideur de leur cliente, Sylas se demanda si son apparition était à l'origine du comportement glacial de la demoiselle. Cependant, il ne se laissa pas longtemps décontenancé et prit enfin la parole.

""Je ne suis pas pressé. Allons à ce Conseil des Mages. La menace dont vous me parlez m'a l'air importante." Le guerrier elfique se leva ensuite de son tabouret, ajusta sa tenue puis ajouta. "Je vous laisse vous arranger avec votre cliente. Vous me trouverez demain matin dans la salle principale de l'auberge."

Comme il n'avait plus rien à dire, le tatoué sortit de la chambre pour les laisser tranquilles et surtout, pour louer une chambre pour la nuit. Il irait voir l'aubergiste, si ce dernier se trouvait encore derrière son comptoir, pour lui faire part de sa demande.

Nephinae va finalement plus loin encore dans sa contrariété. Estimant ne pas être à sa place, en plus d'avoir été ouvertement traitée comme une moins que rien, elle décide de se lever et de se libérer du service de ces deux hommes.
C'est dans un silence gêné que la jeune femme quitte la pièce pour retourner à sa chambre.

Les yeux des mercenaires s'aimantent finalement à l'allure de l'étranger, lorsqu'il s'accorde à dire qu'il peut se greffer à leur intérêt avant de profiter d'un service.
Acquiesçant d'un hochement lassé de la tête, Farken dira :
"Bien... Alors nous irons tous à la tour demain matin."
Il se lève dans une inspiration profonde, tire sur sa chemise pour la remettre en place et reprendre contenance. Le menton rentré, le regard levé sur la porte il soupir enfin :
"Bon... J'vais aller lui parler... j'ai pas été correct.
On se retrouve demain matin." Dira-t-il en le suivant jusqu'à la porte et séparant sa route de la sienne pour frapper à la chambre de Nephinae... juste en face.

Dans la taverne bondée, Sylas trouvera l’aubergiste facilement... les commandes ont un peu calmé leur rythme frénétique. Le gérant lui proposera une chambre pour une pièce d'argent et la possibilité de prendre un bain au coût d'une pièce supplémentaire.
Si tôt décidé, le demi elfe pourrait rejoindre sa chambre... à côté de cette de Farken et Herken.
La pièce est comme la leur ; vaste de neuf mètres carrés, à la différence qu'il n'y a qu'un seul lit pour un coffre, une coiffeuse sans miroir surmontée d'une vasque d'eau, un tabouret et une fenêtre donnant sur la ruelle.

Pendant ce temps, Farken sera probablement entré dans la chambre de la jeune femme ? Si elle n'a pas répondu la première fois, il frappera encore et si elle ne réagit pas plus ou ne vient pas le cueillir sur son pallier il entrera de lui-même -pour peut qu'elle n'ait pas fermé à clé.-
Le dialogue suivant se fera donc ; au travers de la porte si le loquet et scellé ou directement dans sa chambre, adossé où il le pourra.

"Excuse-moi pour tout à l'heure, j'ai vu rouge. Avec Herken à l'étage et toi en bas, j'voulais pas qu'un des gars de l'auberge me... me-heuuu... Enfin te fasse du mal ou que tu décides finalement de disparaitre alors qu'on est sur le feu-là !" Après une hésitation, l'assassin se reprend très vite et déballe son discours d'un ton plus rapide.
"C'est hors de question que j'me fasse lâcher sur la dalle après ce qu'on a vu hier. On va t'accompagner à Qain que tu le veuilles ou non. Si tu m'dis non, je gueule sur tout les toits de cette ville c'qu'on a vu. Clair ?"
S'assombrit-il soudain, comme très insatisfait d'un manque de dialogue franc, tandis qu'il était à l'origine de la discorde.

Allongée sur le ventre, la brunette replacera les jupes de son chainse avant d'ouvrir son livre "Le premier Nécromant". Y plongeant son nez, l'érudite se perdra un moment entre les lignes et commencera tranquillement à papilloter des paupières, exténuée de sa journée et soirée.

Farken l'arrachera de sa somnolence, mais elle n'aura pas le temps de se lever jusqu'à la porte puisqu'il rentrera de lui-même peu de temps après, comme elle n'avait pas fermé à clés. Les yeux fatigués, Nephinae le scrutera du regard, peu certaine de ce qu'il s'apprêtait à faire s'il venait ainsi jusqu'à elle. Soulagée d'entendre finalement ses excuses, ses lèvres se pincèrent dans un semblant de sourire, même si elle était dérangée par ce sentiment qu'il lui cachait quelque chose.

Se tournant pour se redresser et s'asseoir en face de lui, la femme se prépara à renchérir aux aveux du mercenaire. En revanche, elle n'eut pas le temps de lui répondre et sera coupée net dans son élan. Effaçant ce maigre sourire pour laisser place à une moue teintée de peine lorsque Farken mit sur la table son chantage. Elle ne trouva pas la force de cacher sa amertume vis à vis de la situation et écarquilla les yeux en le fixant longuement.

"Pas... Pas besoin de menaces, j'allais pas vous laisser derrière... Complètement. Je disais seulement que je voulais me rendre au conseil seule... Désolé. J'ai pas pensé vous préciser qu'on se retrouverait tous pour aller au sud." Se libérant d'un soupir fébrile, la mage se cachera le bas de corps sous ses couettes et frottera ses bras en changeant de sujet pour dissimuler son malaise.

"Heeum... Heh, non rien laisse tomber." Rajouta-t-elle d'un ton un peu plus hésitant, se méfiant maintenant un peu plus de Farken.

Lui tournant le dos, elle se coucha sur son flanc et rouvrit son livre pour le farfouiller distraitement des yeux.

Pour le plus grand bonheur de Sylas, l'aubergiste avait encore des chambres en réserve. Le demi-elfe n'hésita pas une seule seconde et déposa deux pièces d'argent sur le comptoir après avoir remercié le maître des lieux. Il alla ensuite d'un pas hâtif jusqu'à sa pièce, puis une fois à destination, y déposa la majorité de ses affaires, ne gardant sur lui que ses vêtements communs. Ensuite, le voyageur se dirigea dans la salle d'eau commune afin de profiter d'un moment de relaxation avant de se coucher.

Dans la salle de bain partagé, le tatoué retira au plus vite ses vêtements puis se plaça en face d'un demi-tonneau prêt à l'accueillir. Après des jours passés dans la nature, il pouvait finalement se laver, d'où son empressement apparent. L'eau glacé le fit grincer des dents lorsqu'il y plongea un premier pied, mais il s'efforça d'ignorer le froid. Son corps allongé s'accommoda en peu de temps à la température et se détendit peu à peu.

Sa tête se renversa contre le bord du demi-tonneau, ses yeux se fixèrent sur le plafond tandis que ses pensées revinrent sur la discussion avec les mercenaires. Sylas était convaincu d'avoir fait le bon choix. Quand bien même sa traque des Nocturnes était d'une importance capitale à ses yeux, le monde faisait face à un plus grand péril en ce moment même. Suceurs de sang ou morts vivants, peu lui importait, il leur ferait face.

Dans un sursaut, Sylas se réveilla dans son bain. A cause d'une position trop confortable cumulée à son manque de sommeil, il s'était endormi insciemment. Des jurons sortirent de sa bouche puis il se leva avec précipitation. Il voulut courir vers sa chambre pour se préparer au plus vite pour la journée, mais se rappela aussitôt qu'il était nu comme un verre. Il se sécha maladroitement, s'habilla puis retourna dans sa chambre pour y récupérer ses affaires.

Sa négligence pouvait lui coûter cher. S'il avait manqué le départ des trois humains, il allait s'en vouloir pendant longtemps. Quelques minutes plus tard, Sylas était dans la salle commune de l'auberge, avec tous ses biens, son armure enfilée et son arme à la taille. Il jet des rapides coups d’œil autour de lui avant de comprendre qu'il n'avait eu peur pour rien. Il était encore très tôt dans la matinée.

Par conséquent, il sortit une ration de son sac puis se posa à une table libre pour manger et pour attendre ses nouveaux compagnons de voyage.

Les épaules de Farken se détendent face au malaise de la jeune femme. Il reste adossé au mur de sa chambre, au flanc de la porte, et cille négligemment du regard.
Elle lui dit qu'elle ne comptait pas partir sans eux, mais se rendre au Conseil seule... avant de se retourner sur son lit et de ponctuer l'échange.

"Ouais... laissons les sous-fifres en dehors de ça. On t'attendra comme de bons petits chiens à l'extérieur et tu nous feras ton rapport." Répondra-t-il assez amer de cette conclusion qui le tiendrai à l'écart d'une rencontre avec le Conseil.

"Quoi... Va donc au fond de ta pensée puisque je suis là... Qu'est-ce que tu lis ?" Termine le mercenaire en levant le menton sans bouger de sa place, pour tenter de voir le livre qu'elle observe dans son coin.

-------------
De son côté, Sylas s'endort dans son bain. La nuit n'est pas encore finie pour les autres*.

Le visage de Nephinae se crispa aux paroles amères du mercenaire. Elle fermera son livre pour se redresser vivement et fixer un regard offensé vers lui. Puis, pinçant le coin de ses lèvres dans une moue crispée, elle renchérit à son tour lorsqu'il eut terminé de parler.

"D'accord ! D'accord... Je regrette, c'est bon. Vous viendrez avec moi. Ce n'était pas pour vous écarter que j'ai dit ça. Je pensais juste que... Vous aviez des choses à régler avec l'homme. Et j'étais fâchée contre toi, je m'excuse. J'ai mal agis. Là."

Comme dépassée par la situation, la mage se frottera nerveusement le front.

"Je ne sais même pas pourquoi je me suis vexée... On se connait à peine, je vois pas en quoi ça viendrait me chercher... Puis ça va tu m'as même pas fait mal... Enfin, pourquoi t'as fait ça, plus précisément ? Peur qu'on me fasse du mal ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire, au fond ? Tu parles de fond de pensée, voilà ta chance."

À peine eut-elle terminé de s'exprimer qu'elle lui désigna une place sur le lit, agitant de l'autre main son livre.

"Et c'est bon, tu peux venir voir de toi-même, je vais pas te manger la face."

Elle ponctua sa petite plaisanterie mal placée d'un sourire peiné, puis regardera son livre pour ne pas le regarder dans les yeux trop longtemps.

"C'est un livre que j'ai trouvé dans le laboratoire, ça parle de Sirgull. Et ce que j'ai voulu dire, c'est pas mal en rapport à ça. Tu as vu quelque chose lorsque nous avons quitté le temple, si tu as besoin d'en parler, je peux peut-être t'aider."

"On 'règlera rien avec cet étranger avant que la mission n'soit terminée... C'est trop grave c'qu'on a vu hier. Et l'accompagner chez les Nocturnes de cette cité ne s'fera pas en une demie journée. On entre pas chez les Masques ou en contact avec les Marchands de l'Ombre d'un claquement de doigts..." Dira-t-il en fermant les yeux d'un air contenu.

La jeune femme s'excuse encore de son comportement, demandant à Farken une nouvelle explication sur son geste précédent alors qu'il l'avait déjà fait. Rouvrant les yeux sur elle il la dévisage d'un œil plus sévère tandis qu'elle l'invite à prendre place sur son lit.
Le mercenaire inspire profondément, se décolle de la parois qui soutient son dos d'une impulsion en avant et s'approche pour s'asseoir à son flanc.
"J'ai pas l'intention d'être rompu de cette quête. Je ne compte pas te perdre de vue et devoir courir demain voir les Mages pour parler d'ça. Ils m'écouteront probablement moins que toi... Je n'ai pas été élève là bas et personne n'entre comme ça à Qaïn... Surtout après les récents évènements qui ont menacé le Conseil."

Observant d'un œil biaisé le livre que la jeune femme tient en main, il ajoutera :
"Est-ce que ce bouquin parle d'une créature faite de plusieurs cadavres..."

Nephinae garda le silence, le regard rivé sur le bout de ses pieds le temps d'écouter attentivement le mercenaire parler. Ses doigts ne se décollèrent pas des pages de son livre, sur lequel elle laissait parfois vagabonder un coup d’œil distrait. Lorsqu'il eut terminé de s'exprimer, la femme se contenta d'hausser lâchement les épaules en guise de réponse, suivit d'un simple murmure.

"D'accord."

Ses yeux ne quittèrent pas le sol, sinon son livre, jusqu'à ce que Farken mentionne les cadavres mutés... Prenant un instant pour considérer cette source de savoir chez un tel individu, Nephinae lèvera finalement les yeux vers lui.

Tâchant de ne pas trop laisser transparaître à travers son visage ce mauvais pressentiment et ses doutes, la fille ira lentement ranger son livre dans ses effets, prendra de ce temps pour s'abreuver de sa gourde, puis reviendra vers l'assassin pour froncer sérieusement les sourcils à sa question, les lèvres pincées par cet air interdit.

"D'où tu sais ça ?"

S'il parlait bien de l'Exuvie, Nephinae fut surprise de constater qu'il connaissait cette sordide histoire. Une légende, déformée par le bouche à oreille. Elle n'était probablement plus qu'une distorsion de la réalité. Comment avait-il put faire le lien avec le livre de Sirgull ? Savait-il autre chose pour les connecter aussi aisément ? N'était-ce qu'une simple coïncidence ? Tant de questions, peu de réponses.

"Ce n'est pas le même livre, non, mais qu'est-ce qui t'as amené à cette question ?"

Après les dires de Farken, Nephinae se sentira soudainement alourdie par un grand coup de fatigue. La jeune mage scrutera brièvement la pièce et lâchera un long bâillement avant de s'allonger dans le lit, une dernière fois.

"Nous devrions dormir. Va rejoindre Herken..."

Farken suit la jeune femme des yeux lorsqu'elle se lève pour ranger son livre, boire et laisser sa demande en suspend.
Comment il sait 'ça' ? Il ne sait absolument rien... il pose une question à l'arrachée en espérant que la trouvaille en lectures de Nephinae apporte quelques réponses à son angoisse.

Son regard s'arrondit lorsqu'elle cherche à savoir comment il en est venu à poser sa question ? A savoir si son livre parlait d'une créature faite de plusieurs cadavres ?
Toujours assit, voûté et accoudé contre ses cuisses, les bras pendant entre ses genoux écartés il répond d'un souffle ahurit :
"Mais c'est ce que j'ai vu..."

Sa gorge s'assèche et il dégluti dans une légère grimace de malaise.
"Tu lis un livre sur Sirgull... J'me demandais si ça causait d'une créature qui lui appartiendrait, j'en sais rien..."

Plutôt que de prendre le temps d'étudier sa révélation, la jeune fille préfère s'allonger et pousser l'assassin à sa porte par un fort sous-entendu de fatigue.
Se levant alors de la couche, projeté dans un malaise pour laisser la demoiselle tranquille, Farken se laisse hanter par la façon dont elle venait de lui répondre... Nephinae confirme sans le dire qu'elle était bien au courant de se dont il était question.
Le mercenaire marque une hésitation dans son départ, baissant les yeux, puis se détourne pour quitter la pièce.
Il se sent salit en retour par le comportement de la jeune femme... alors que leur échange aurait pu s'étaler un peu.

Sans un mot de plus il fermera la porte dans son dos et rejoindra son frère.
------------------------------------

La nuit se passe tranquillement et l'aube se lève. Tout le monde a semble-t-il bien dormi... sauf Sylas qui aura passé au moins six heures dans un bain devenu glacé à l'aurore......
Fripé comme un pruneaux, la gorge brulante, il se réveille dans un sursaut qui révèle toutes les douleurs de cette posture improbable dans laquelle il s'est endormi.

Le bain qui l’accueille n'a rien d'extraordinaire... c'est un demi tonneau. Il a certes quelques pans évasés mais sa coupe est droite. Ses arrêtes de tranches sont très peu adoucies par le linge qui recouvre le fond et ses flancs... étalé là pour éviter les piqures d'échardes à celui qui s'y plonge.

Maux à la nuque, au dos, au bras... c'est assez globale et sa nuit a été très mauvaise... finalement.
Le demi-elfe se prépare en vitesse et descend dans la taverne encore vide. A cette heure, l'aube grise se lève doucement et rempli la salle encore enfumée d'une clarté opaque et poussiéreuse.

Devant la porte, à l'extérieur, Farken et Herken attendent. Ils s'imposeront un silence naturel lorsque se présentera le demi-elfe.

Poussé par la peur, Sylas ne s'était pas rendu compte immédiatement de ses nombreuses douleurs articulaires. Il avait éprouvé quelques difficultés à se mouvoir et à s'habiller, mais son empressement l'avait aveuglé. Sa crainte lui avait valu une légère montée d'adrénaline, mais elle se dissipa lorsqu'il se retrouva assis confortablement à une table de l'auberge.

D'un coup, les maux qui avaient échappé à son attention l'assaillirent sans prévenir de toute part. Le demi-elfe se maudit encore une fois pour son manque de sérieux et se jura de ne plus jamais reproduire une telle erreur. Dépité, il enfouit son visage entre ses mains et secoua la tête. Il n'avait pas le choix. Il serait obligé d'endurer ces souffrances jusqu'à son prochain repos.

"Le temps passe... et n'attend personne." Et sur ces paroles, il se leva, car il avait fini de manger une ration. Sylas plongea une main dans son sac, attrapa sa flasque, la porta à ses lèvres. Pas une seule goutte d'eau n'en sortit.

Mécontent, l'homme s'imposa donc un passage rapide par sa chambre afin de boire et de remplir son flacon d'eau. "Tout me semble en ordre maintenant..." dit-il à lui même. Il n'avait plus rien à faire dans cette auberge.

A l'extérieur, il fut rassuré de croiser Harken et Farken, mais se garda de le montrer. Cependant, l'absence de leur cliente lui fit arquer un sourcil d'interrogation. Il salua les mercenaires d'un hochement de tête avant de leur poser une question.

"Alors, est-ce que votre cliente est toujours de la partie ?" demanda-t-il tout en mettant sa capuche.

La courte réponse du mercenaire suffit pour lever toutes les questions de la mage. Elle s'était douté qu'il n'était pas le genre de personne à plonger le nez dans les livres, aussi, lorsqu'il lui révéla que la créature mentionnée plus tôt était ce qu'il eut vu aux souterrains, Nephinae comprit l'état de la situation. Sauf qu'à la place de lui venir en aide comme elle lui avait initialement proposé, la brunette changea rapidement d'idée et cacha son propre trouble en coupant net leur échange, déjà bien tendue à la base. Farken avait raison de se sentir rejeté, parce que c'est bien ce qu'elle avait fait, et la culpabilité qui la ronge ira jusqu'à hanter ses rêves. Ainsi, lorsqu'il quitta la pièce, Nephinae s'endormit la tête pleine d'idées. Son rêve imagea Farken, la créature, superposés de situations plus loufoques les unes des autres.

[...]

"Oui."

Manifesta soudainement la dame en question, au lendemain matin. Elle semblait bien reposée, mais quelque chose dérangeait son expression et un malaise pouvait se sentir entre elle et Farken.

Depuis l'entrée de l'auberge, Nephinae se mouva aux flancs de l'elfe, mains accrochées à ses hanches. Elle s'était vêtue, avant de partir, de ses vêtements chauds tels que ses gants et sa cape, mais n'avait pas replacé sa capuche sur sa tête. Elle jeta pendant son passage un coup d’œil vers les deux hommes, spécialement Farken, mais ne tiendra pas le regard pour ne pas dévoiler son inconfort, à la place, elle observera leur nouvel acolyte.

"Vous êtes prêts ? Allons à Qaïn."

Continua-t-elle en entamant directement sa marche, direction l'école des mages.

Comme Sylas n'est pas certain d'être en retard sur ses nouveaux compagnons, il prend le temps de s'asseoir à une table et de manger une ration... Où courrait-il, sinon ?
D'ailleurs, ce n'est qu'une fois rassasié, sa gourde remplie et sa patience altérée, qu'il se décide enfin à sortir devant l'établissement pour voir s'il n'aurait pas raté quelque chose ?

A l'extérieur il gèle. Le temps est brumeux et gris.
Herken et Farken sont là, tous les deux alignés contre le mur et dans le froid, à observer les fréquentations de la ruelle... Enfants, hommes... femmes... Les deux mercenaires attendent Nephinae et le demi-elfe en s'occupant comme ils le peuvent.

"Fuuhit'" Siffle fort et bref l'assassin - hélant une jeune fille qui se retourne et qu'il salut de la main.
Son frère le bouscule d'un coup de coude :
"Trop maigrichonne... Elle ne t’apportera aucun titre."
"Roh ça va j'..."
La porte s'ouvre et le silence tombe entre les deux hommes qui dévisagent l'étranger.

"Salut...
Salut."


"Elle ne devrait pas tarder." Répondra Herken en se repositionnant dos au mur pour fixer l'horizon.
"... Quand elle aura fini de se parfumer et de..."
La jeune femme sort à ce moment là. Peut-être a-t-elle entendu la raillerie, peut-être ne l'a-t-elle pas entendu... Quoi qu'il en soit Farken la dévisage comme un enfant pris sur le fait.

Le groupe suivra alors la jeune femme qui se fait guide pour l'ensemble. De ruelles en carrefours, ils finissent pas traverser la seconde enceinte de la Capitale et tombent nez à nez avec la tour de Qaïn...
Esquisse du plan du bâtiment
Ce bâtiment est d'une impressionnante base circulaire qui se surélève de sept étages. Sa fonction est de former à différente magies mais également à réunir les plus éminents défenseurs et pratiquants de la magie, au sein d'un groupe de Sages appelé 'Libre-Pensant'.

Deux immenses portes de bois, teintées de rouge et bardées de fer forgé s'ouvrent sur un vaste hall d'entrée. Éclairé de nombreuses flammes mais également par un système assez biscornu de puits de lumière et de miroirs sur bras articulés, l'ensemble est aussi impressionnant qu'un temple majeur.

Le rez de chaussée concerne les appartements et bureaux d'études des professeurs mais aussi des cuisines et réfectoire. Il n'en est pas moins que l'entrée d'un visiteur le déversera dans une salle immensément vide... au fond de laquelle un unique bureau présente le 'digne' secrétaire des lieux.
Derrière l'homme qui accueille l'étranger et l'étudiant, un double escalier se met à courir le long d'un mur arqué. Il disparait entre les pans de pierre pour desservir un étage.

Dans les entrailles, chaque pallier s'articule en miroir de son prédécesseur et s'agence en fonction d'un axe et puits, ouvert par le haut sur l'extérieur.

Les étages s'articulent en miroir vertical du précédent. Et face aux escaliers qui les distribuent, un croissant de lune transperce le palier suivant.
Les marches roulent le long d'une sorte de tour dans la tour... A chaque niveau une zone circulaire centrale sert de passage et de lieu d'attente.
Derrière les murs de la tour d'escaliers, les salles de cours, les dortoirs, réfectoires et autres zones spécifiques à chaque étage, s'articulent comme des pétales des fleurs...

Le dernier pallier de la tour est le plus particulier d'entre tous. Généralement les élèves l'évitent et le plus souvent il faut justifier d'une convocation pour s'y rendre... On trouve ici un observatoire particulièrement avancé en technologie de scrutation des cieux. Un astrolabe, une terrasse et la salle fermée des Mages Libre-pensant...

Oh oui, Nephinae l'avait bien entendu, ou suffisamment pour comprendre le début de sa phrase. Car, à l'instant où elle devançait l'homme à la chevelure neige et leur jetait un regard, la jeune fille renvoya la petite taquinerie de Farken et profita qu'il la dévisage pour étirer ses lèvres d'un sourire narquois.

"Non, y'a que toi qui a besoin de se parfumer ici."

[...]

Le groupe évolua ensuite jusqu'à l'école, qui se dressait fièrement entre les remparts et près des autres bâtiments de la cité, l'air d'intimider tout ce qui se trouvait à côté. Nephinae se présenta devant les grandes portes de la tour, pas lesquelles elle pénétra les lieux. À l'intérieur, un décor, familier, se dévoila à ses yeux. Habituée du milieu aux aspects saugrenus, la mage ne réagit pas à la beauté surréelle de l'école et ira directement vers le comptoir servant à accueillir étrangers et élèves à l'intérieur de la tour.

Souriant poliment au préposé servant à les accueillir, Nephinae posa timidement les doigts sur les rebords du comptoir.

"Bonjour, j'ai besoin de rencontrer le conseil immédiatement, s'il-vous-plaît. Au nom de Nephinae Forestdale."

Sylas ne réagit pas à la raillerie de Farken, car son esprit était bien trop préoccupé. L'humanité faisait face à tant de problèmes en ce moment. Il ne comptait pas les fuir, au contraire, il leur ferait face, mais comme à son habitude, il n'arrêtait pas de se demander si un homme comme lui pourrait faire la différence dans les combats à venir.

Ses pensées l'occupèrent durant toute la marche jusqu'à la tour de Qaïn. Il les chassa d'un revers de la main lorsqu'ils arrivèrent à destination pour observer le bâtiment.

"Bel édifice" murmura-t-il.

La beauté de l'intérieur l'étonna plus. Tandis que l'humaine s'était précipitée vers un comptoir, Sylas prenait son temps et attardait son regard autour de lui pour tout contempler. Il arrêta vite cette activité lorsqu'il rejoint quelques secondes plus tard le groupe au niveau du comptoir. Le chasseur retira ensuite sa capuche, dévoilant ainsi sa chevelure de neige, avant d'attendre la suite des événements.

Sylas n'était probablement pas le seul être vivant à se poser cette question : 'Serait-je à la hauteur ?' 'Mon action aura-t-elle un poids dans la balance qui décidera du sort de l'Humanité' -et du monde- ?
Il est clair que si chacun devait raisonner de cette manière, rien ne serait fait. Ainsi, seule l'inaction des uns permettrait la victoire des autres... Et, il faut le dire, le Mal qui pique et déchire les vivants compte souvent sur la peur et l'intimidation qu'il sait insuffler afin d'écraser le Bien.

---
Devant le groupe qui se présente au bureau, se redresse un homme d'un âge assez mûr. Cheveux poivre et sel attachés en pomme à l'arrière du crâne, peau parcheminée et pâle, il sourira au quatre étranger avant de les étudier un à un d'un œil habitué.
Le secrétaire porte une tunique à manches longues et amples d'une couleur pourpre, finement décorée de liserés noirs. Sur son menton, une fine barbiche grise se rehausse de lèvres pincées qui dévoilent des doigts bien alignée à chaque rictus échangés.

La demoiselle qui s'exprime, il n'est pas certain de la reconnaitre... mais son nom lui fera fouiller dans une liste de grimoire épais disposé parmi quelques livres et parchemins éparpillés sur son plan de bois. Il cherche et tombe sur un nom avant de réajuster une paire de lunette et de lire quelques commentaires.
"Nephinae... Forestdale." Tente-t-il de prononcer sans accrocs. "... Vous avez terminé vos études, vous n'êtes plus apprentie. Votre nom va quitter cette liste d'ici la fin du mois."

Se contentant d'énumérer une formalité administrative, il redressera la nuque, étudiera à nouveau le visage de la jeune femme et des hommes qui l'accompagnent.
"Personne ne réuni le Conseil sur demande, encore moins des étrangers de l'établissement. Souhaitez-vous transmettre un message écrit ? Que dois-je dire ?" Dira-t-il en papillonnant derrière ses verres grossissant et sans bouger le petit doigt.

Bien sûr. Il fallait s'y attendre. Le secrétaire de l'établissement ne pouvait pas savoir qu'il s'agissait d'une urgence et ne les laisserait pas entrer en contact avec le conseil, mais devait-il le savoir ? Nephinae assuma qu'il serait plus prudent, avant d'en avoir discuté avec le conseil, que l'information ne devait pas s'échapper hors du groupe. Pas même l'elfe n'était au courant de ce qui s'était passé dans les souterrains... Elle-même aurait préféré ne pas être informée de l'incident.

En pianotant distraitement des doigts sur le comptoir, devant le préposé, la brunette pinça les lèvres, l'air égaré. Au bout d'une dizaine de secondes, elle reposera son attention sur le vieil homme et retirera ses mains des rebords pour les joindre à son visage.

"Pas de message... C'est assez gênant..."

Souffla-t-elle finalement, comme si un poids lourd venait de se poser d'un coup contre son thorax.

"Je... ne voulais pas l'avouer, mais ce n'était pas exactement le conseil que je venais voir, plutôt le seigneur Tarinsel... En personne. Où pourrais-je le trouver ?"

Puis bientôt, des larmes de sueur vinrent couler à son front, trahissant sa nervosité face au mensonge...

Compétences:

Le nom de la "cliente" n'échappa pas à l'oreille attentive du chasseur. Il le répéta dans son esprit afin de ne pas l'oublier de si tôt, puis regarda discrètement la jeune femme de la tête aux pieds. Ainsi cette petite humaine était peut-être leur seule passerelle vers le Conseil des Mages.

Sylas, qui était un homme d'action, aurait aimer prendre les choses en main pour faire comprendre au secrétaire l'urgence de la situation. Il avait pour habitude d'agir seul et d'atteindre ses objectifs personnels par ses propres moyens. Mais ce jour-là, il n'avait pas d'autre choix que de se reposer sur autrui, car il ne savait rien sur le conseil et ses compagnons semblaient en savoir plus sur le problème des morts que lui.

Pour le moment, Sylas prenait son mal en patience. Il ne comprenait pas pourquoi Nephinae n'avait pas parlé de ce seigneur Tarinsel en premier lieu, mais il devait faire confiance à l'humaine. Son regard pénétrant s'était posé sur le secrétaire et l'analysait intensément.

Compétences:

Pas de message, c'est assez gênant...

Le secrétaire regarde à nouveau les quatre étrangers à tour de rôle. 'Comment ça c'est 'gênant' -évoque son regard. D'autant que le mensonge de la jeune femme passe assez mal. Elle demandait à voir le Conseil puis simplement le précepteur Tarinsel ?
Pourquoi... ce mensonge grossier.
Tenant le visage au menton rentré, l’œil fixe et relevé vers la jeune femme tout en soutenant un front plissé, le secrétaire cligne lourdement des yeux.
"Je vais le faire chercher... Ne bougez pas." Termine-t-il d'une voix lasse.

Le vieil homme se redresse de ses deux bras tendus, en appui sur son plan de travail et contourne son bureau pour rejoindre les quelques appartements du rez-de-chaussé.
A cette heure de la journée les cours n'ont pas encore commencés. Les étudiants à affluent doucement des dortoirs en direction du réfectoire, animant ce vaste hall qu'ils regagnent par les escaliers.

Au flanc de la jeune femme, le demi elfe tente de sonder un mystère entourant l'homme derrière son bureau... et rien.
Tout le groupe fait bien face à un 'secrétaire', un archiviste de l'école dont la mission est d’accueillir, relever, retranscrire, archiver... C'est un humain de type masculin, approchant la soixantaine et visiblement assez porté sur le premier degré.
S'il a un secret, c'est probablement celui des cours privés en magie d'ensorcellement qu'il prend quand il en a le temps.

Farken et Herken encadrent le duo. Chacun lève le nez dans une direction opposée - l'assassin mains en poche et le guerrier l'échine un peu alourdie par la taille des lieux.

Au bout de quelques longues minutes, le secrétaire quitte un appartement en compagnie du dit professeur. Le vieil homme désigne le groupe de l'index tandis que Tarinsel papillonne en dévisageant Nephinae. Le Mage semble tempérer la situation d'un mouvement calme de la main avant de marcher vers le groupe de quatre.
Une dizaine de mètres les séparent puis s'écrasent par son approche.

Il détaille chaque visage, s'arrête un peu plus longuement à l'étude du demi elfe, et termine par celui de Nephinae.

"hé bien... Deux jours et l'école te manque déjà ? Tu nous a amené des recrues ?" Plaisante-t-il sans pourtant sourire. Et, tout en croisant les bras il reprend immédiatement son 'sérieux'.
"Tu voulais voir le Conseil avant hier, tu veux le voir aujourd'hui... Qu'est-ce qu'il se passe ?"
Observant le mouvement des étudiants autour d'eux, il ajoute dans l'instant:
"Voulez-vous qu'on en discute au calme ?..." Propose-t-il en biaisant son corps en direction des appartements qu'il a quitté, invitant le groupe d'un mouvement fluide des bras et des paumes.

Si Nephinae accepte, elle sera suivie par Farken et Herken... Sylas reste libre de son choix de rester ou de participer à l'écoute des échanges prochains. Qu'il se fasse au milieu du hall ou dans les appartement de Tarinsel.

---
Au cas où Nephinae accepte, au moins trois d'entre eux suivront le précepteur jusqu'à une porte, tandis que le secrétaire regagne son bureau.
Une fois la pallier passé, une salle arquée se dévoile, divisée par quelques panneaux de bois répartissant des espaces dédiée à l'étude, au repos et à la toilette.

Tarinsel ne proposera pas de siège, il restera debout devant la porte qu'il referme calmement, prêt à entendre ce qu'il y avait à dire.

La jeune femme ferma lourdement et longuement les paupières lorsque le vieil homme s'en alla chercher Tarinsel. Bien qu'au fond elle fut soulagée qu'il ait agréé de leur ramener le professeur, la situation l'agaça quand même. Bien fixée devant le comptoir, Nephinae demeura tranquille, ou jusqu'à ce que son ancien maître de classe n'apparaisse dans le hall de l'école. Sa présence la réconfortait, peut-être dû à ce sentiment de nostalgie, ou parce qu'il était un homme à l'aura naturellement apaisante, mais certainement, il changeait des gros caractères des deux frangins.

Tarinsel accueillit les quatre individus avec son regard scrutateur et impassible, ponctué d'une petite blague à l'intention de Nephinae. Néanmoins, le visage de la fille resta de marbre, en réponse au sien. Elle ne bougea son faciès que pour jeter ça et là des regards en biais, d'abord vers Farken puis Herken, pour revenir finalement vers l'enseignant. Sans un mot, la mage se laissera guider par Tarinsel, aboutissant dans une pièce beaucoup plus étroite que celle de laquelle ils arrivaient. Une fois la porte close, à l'intérieur, la jeune femme se libéra soudainement d'un lourd soupir, puis parla la première.

"J'ai voulu voir le conseil pour en savoir d'avantage sur cette relève des morts... Maintenant, je reviens pour vous avertir de quelque chose..."

Respirant par les narines, Nephinae enchaîna la discussion presque immédiatement, essayant de camoufler ce dérangement qui l'agitait.

"Eux, ce sont mes hommes d'armes. Je les ai embauchés il y a deux jours. Farken, Herken."

Dira-t-elle simplement en pointant successivement du pouce chaque homme.

"Puis il y a cet homme, qui nous a rejoint hier soir, pour d'autres raisons." Continua-t-elle à l'intention de Sylas, sans rajouter de détails superflus. Son histoire ne regardait pas le maître de classe, sauf s'il décidait de lui-même en parler.

Croisant par la suite les bras, elle fixa son attention sur Tarinsel, l'air un peu plus grave.

"J'étais à la recherche de savoirs... Nous nous sommes aventurés dans les Monts Verts... Jusqu'à cet antre... Par lequel nous avons aboutis dans des souterrains. Il y avait des résidus et quelques autres signes flagrants nous révélant le passage d'adeptes de Niril et la pratique de rituels... Il y avait le cadavre d'un pauvre homme... Les corps des petits animaux éparpillés un peu partout..."

Plus elle déballait les informations de ce qu'ils avaient vu dans cette grotte, plus son teint perdait ses couleurs. Elle eut même besoin de prendre un petit instant pour regagner son souffle, mais enchaîna rapidement, détachant ses mains de leur position pour agrémenter ses dires de gestes amples des bras.

"Nous sommes descendus dans une Nécropole. Enfouie dans les entrailles de la montagne, à je ne sais combien de mètres en dessous de la surface... Pas un mort, pas un vivant. Nous étions seuls, c'était étrangement tranquille. Nous avons donc continué jusqu'à un temple... Et là... Il y avait cette jeune enfant... Je l'ai... J'ai..."

Affectée par ses aveux, la jeune femme laissera naître dans ses yeux quelques gouttelettes d'eau salée. Son visage bientôt coloré de rouge. Elle dû même s'arrêter pour hoqueter sa peine et son remord puis couvrira finalement son visage de ses mains, les épaules légèrement voûtés.

"J'ai fait une bêtise... Je suis si désolée Maître Tarinsel... Je regrette..."

L'arrivée de Tarinsel attira l'attention du demi-elfe. L'apparente bienveillance et la jeunesse du mage firent hausser ses sourcils. Il ne correspondait pas à l'image que se faisait Sylas d'un professeur de magie, une image de vieux barbu en robe grise. Toutefois, cette apparence inattendue ne décontenança pas longtemps le jeune homme. Cet inconnu n'était sans aucun doute puissant.

Le regard scrutateur du seigneur n'échappa pas au combattant. Son apparence ne cessait jamais d'intriguer les gens. Être observé comme un spécimen exotique était devenu une habitude pour lui. Cependant, il n'en voulait à personne, car il n'avait pas honte de son héritage génétique, c'était même tout le contraire. Sylas resta donc impassible lorsque Tarinsel analysa son visage et en profita même pour faire appel à son sixième sens sur le mage.

Enfin, le moment tant attendu finit par arriver : une discussion avec un membre du conseil, à défaut d'avoir le Conseil des Mages. Le chasseur de nocturnes ne pouvait bien entendu pas manquer l'entrevue. Il suivit le groupe dans une salle qui semblait être les appartements de Tarinsel puis une fois à l'intérieur, il s'adossa contre un mur, les bras croisés.

Sylas ne réagit pas lorsque l'humaine le "présenta" et resta silencieux pendant toutes les révélations de la cliente des hommes d'armes. Ses yeux s'assombrirent lors du dernier aveu de Nephinae, mais il ne laissa pas la colère le dominer. Tuer un enfant était impardonnable, mais l'ancienne élève avait sûrement ses raisons pour avoir commis un acte si horrible.

Compétences:

Le duo de mercenaires suivra la jeune fille jusque dans les appartements de Tarinsel - accompagnés du demi-elfe qui, pour le moment, ne fait office que de plante verte attentive à son environnement.

Le professeur en Magies et Magelame est le plus jeune représentant du Conseil des Libres-Pensants. Si les égéries de la Chambre comptent parmi elles un ou deux vieillards, l'on y trouve également des femmes et des hommes d'âges moyens.
Les Libres-Pensants ne répondent plus au cliché de ces vieux sages devenus lents à la pensée et difficiles à mettre à jour avec la société.
Mais tout ceci, Sylas l'ignore très probablement. Sa surprise n'est donc pas si banale...

Attendant quelques explications sans exposer la moindre impatience, le Mage boira les paroles de la jeune fille sans la quitter d'un regard.

"J'ai voulu voir le conseil pour en savoir d'avantage sur cette relève des morts... Maintenant, je reviens pour vous avertir de quelque chose..."
J'ai voulu voir... Je reviens...
C'était donc pour cette raison que la jeune fille l'avait salué avant de quitter l'école ? En réalité elle voulait parler au Conseil de la relève des morts ?
Pourquoi avoir éludé ses questions et pris la 'fuite' pour finalement se confronter seule à un problème et revenir dans un état si affolé.
Car plus la demoiselle avance dans son récit, plus la stature droite du mage se ramollie.

Herken fixe l'horizon vide en soupirant longuement et silencieusement. Farken observe le mage et lèvera les yeux au ciel dans un mouvement de rotation du visage...
Cet air excédé, Tarinsel s'y laisse surprendre. Son ancienne étudiante exprime un danger. Elle entre dans les détails d'un périple avant de se troubler et de se laisser submerger par une angoisse.
Elle ne va pas au bout de ce 'danger' dont elle voulait les prévenir ? Ou avait-elle terminé ?

Avant de donner la parole au brun, qui se ferme en gardant l'attention détournée, le mage propose un fauteuil à Nephinae.

"Assied-toi..." L'invite-t-il d'une voix calme avant de lui servir un verre d'eau et de le lui tendre.
"Quelqu'un saurait-il m'en dire plus..."
Reprend-t-il d'un ton neutralisée par son geste, qui semble absorber l'émotion qu'il aurait du y mettre ?... Mais c'est pourtant Farken qu'il observera en biais... Et lorsque les regards se croisent, l'assassin se fige en suite d'une inspiration longue.

"Quoi. Elle a pas été assez claire ? On a trouvé un temple de la Mort dans une nécropole enfouie aux Monts Verts..."

"Et vous cherchiez quoi là bas... Vous. Vous deux vous l'accompagnez c'est ça ?" Demande-t-il en pointant d'un geste les deux mercenaires avant d'égarer les yeux sur le demi elfe.
"Et vous, vous êtes là parce que... vous avez vos raisons propres.
Pardonnez ma bêtise mais..." Lâche-t-il en laissant son visage pencher vers l'avant, dissimulant à peine un rictus en coin.
"Deux mercenaires accompagnent une jeune fille dans la nature..."

"Elle paye." Répond Farken en haussant une épaule.
"C'est tout ce qui vous intéresse alors ? De savoir ce qui nous a amené à accompagner une donzelle à l'extérieur plutôt qu'au véritable problème ?
On a vu des choses monstrueuses là bas !"

"Tellement monstrueuses que vous en êtes revenus... et intacts. Pas de quoi fouetter un chat ?"
"J'aimerai vous y voir, monseigneur le mage en magies !" Rétorque l'assassin avec plus d'acidité.
"Calmons-nous un instant. Je crois que nous sommes restés tous bloqués par cette 'bêtise' qui a été commise.
Je vous ai vu lever les yeux au ciel... donc je m'interroge sur cette mission qui devait vous faire sortir et comment elle s'est terminée ?"

"On... devait... accompagner cette demoiselle dans les Cryptes Maudites." Redémarre l'assassin en appuyant ses mots d'un air provocateur.
"Pardon..." Se laisse surprendre le Mage en appuyant le menton vers le bas.
"C'est elle qui voulait !" S'énerve Farken d'un mouvement du corps vers l'avant. "On lui a dit qu'c'était impossible mais qu'on connaissait un gars qui y était allé ! Un type qui a bossé pour vot' Conseil ! Il est descendu, il est revenu, et paf ! Premier Nécromant dans la ville !"
"Eeeeet..." reprend le mage en croisant les bras.
"Et ce type était accompagné par un de nos potes chasseurs de primes... On sait où il allait et il en est jamais revenus."
"Donc... qui payait qui..."
"Bah elle !"
"Mais c'était votre mission finalement..."
"... Y m'cherche là..."
Penche-t-il, sans subtilité, à l'attention de son frère fixe dans une stature blasée.
"J'vous dit qu'elle était intéressée par les Cryptes ! On lui a parlé de la disparition de not' copain, elle a dit 'oui' alors on est parti ! Et c'est là qu'on a découvert que ce tunnel, en vrai, menait à un temple de Mort ! Avec une nécropole planquée sous terre !"
"Et... la petite fille ?"
"... Bééh... C'était une gamine enchainée avec des maillons bizarres... sur un cercle en pierre. Elle a suppliée qu'on la tue pour sauver l'humanité."

Tarinsel appui un cillement en inspirant avant de se tourner vers Nephinae et de se pencher plus calmement vers elle.
"As-tu la force de m'en parler, si ce n'est l'envie... Vue que tu es ici j'aimerai connaitre l'histoire au complet... sans sanglots ? Tu penses que c'est possible ?"

Nephinae prit place lorsque l'enseignant lui proposa le siège, acceptant également le verre d'eau qu'elle bu en multiples et maigres gorgées. Elle centralisa son attention sur la poigne de son verre et apprivoisa éventuellement le tremblement de ses mains. Lorsqu'elle eut terminé de boire, elle déposa le contenant vide sur la surface la plus proche, essuya ses larmes et tâcha de calmer sa nervosité. Reposant par la suite son attention sur les deux hommes conversant. Lorsqu'ils eurent terminé et que Tarinsel reportait son attention vers elle, Nephinae prit une longue inspiration. Répondant à sa question d'un hochement positif de la tête.

"Je ne dirais pas intacts... Herken avait une plaie toute infectée et... Les blessures ne sont pas uniquement physique... Enfin. Nous avons été chanceux, voilà tout. Cette petite fille nous a sauvé la vie avant de mourir en nous dictant quoi faire lorsqu'elle serait décédée."

Elle abaissa soudainement le regard pour dissimuler de nouvelles larmes qu'elle sécha rapidement du revers de la main. Contrôlant en même temps cette voix tremblante.

"Je... L'ai tuée. Je lui ai coupé la tête... Je pensais que... C'était à moi de le faire, je ne voulais pas que quelqu'un meurt à cause de ma stupidité. L'enfant, elle a dit qu'à sa mort, quelque chose nous tuerait et j'ai voulu laissé la chance aux mercenaires de partir avant moi... Elle était si jeune... J'ai quitté cette école pour aider les gens et les soigner... Pas pour les tuer..."

Jetant accidentellement d'autres larmes en se crispant, Nephinae chassa ces mauvaises images de son esprit et continua, mais pas sans grimacer un brin.

"Soit. Lorsqu'elle est morte, nous nous sommes enfuis aussitôt et Farken dit avoir vu l'Exuvie avant de refermer la porte..."

En prononçant le nom, la mage biaisera un regard vers Farken, se rappelant accessoirement de comment elle l'eut rejeté la nuit dernière.

"Cette fillette, elle était la source de vie du nécromant Sirgull. Il s'est servit d'elle pour revenir à la vie et pour demeurer immortel. En la tuant, nous l'avons rendu mortel. Sirgull prépare une armée, il veut éradiquer les vivants, il veut rendre hommage à son dieu et attend qu'il revienne. Farken a parlé d'un mage, celui qui accompagnait le chasseur de prime, qui est passé dans les monts verts. Il est allé au sud, je suis certaine qu'il pourra nous conduire jusqu'à Sirgull, mais il faut le retrouver. Nous savons qu'il a étudié ici, mais je ne connais rien sur lui..."

Le regard froid et impassible de Sylas suivit la jeune femme pendant qu'elle se dirigeait vers le siège que lui avait proposé le mage. Les apparences étaient parfois trompeuses. Le demi-elfe n'arrivait toujours pas à croire que cette humaine ait pu commettre un meurtre. Alors que son attention était toujours fixée sur Nephinae, le vif échange entre Farken et Tarinsel suscita soudainement son intérêt.

Il n'avait pas tout bien suivi, mais Tarinsel semblait chercher à comprendre comment le trio s'était retrouvé dans un endroit maudit et interdit. Sylas partageait la suspicion du mage. L'histoire qui leur était contée était bien étrange. Pour une recherche de savoir, le trio s'était aventuré dans une crypte. Peut-être que cette recherche n'avait été qu'un prétexte pour s'adonner à du pillage. Sylas manqua de faire part de son mécontentement en prenant la parole, mais se retint au dernier moment. Il ne devait pas faire de conclusions hâtives tant qu'il n'avait pas tout entendu.

Il prit donc son mal en patience et comprit vite que les choses étaient plus compliqués que prévu. Le récit de la mage était difficile à avaler, mais Sylas n'avait pas l'impression qu'elle mentait. Ce dénommé Sirgull était l'ennemi de tous les vivants. Pleins de questions s'agitaient dans l'esprit du combattant. Un mot en particulier ne lui disait rien.

"L'Exuvie ?"