Stoppés à la vue de ces petites trouées dans la pierre, Sylas et Nephinae tentent d'en percer le mystère... Surtout, ils n'osent pas s'aventurer au devant de ce rideau étrange, posé en plein passage, sans qu'aucune autre porte ou voie puisse expliquer ce genre de séparation visuelle ?

La jeune Apothicaire est la première à formuler quelques hypothèses. En détaillant la poudre blanche, légèrement accumulée sur cette grille qui recouvre chaque percée, elle s'interroge sur sa composition... Serait-ce de la cendre ? De la poussière ? Une sorte de poison inodore ?
En l'état, pour elle, il est impossible de le savoir...
Sylas joue de son sixième sens et ouvre son esprit à cet environnement souterrain... Ce qu'il perçoit, c'est une foule en attente, des acteurs interprétants un rôle, fardés et maquillés.
De leur côté, Farken et Herken dégainent leurs lames.

"J'ai l'impression que j'vais encore me faire prendre pour un con..." souffle l'assassin en fixant le rideau.
"Les Masques ne se laissent jamais surprendre."

Soudain, un souffle venant du haut et des flancs du passage vient chahuter les chevelures. Les membres du groupe fermeront probablement les yeux sous la stupeur et l'effet de ce nuage de 'poussière' qui les englobe brusquement... Lorsqu'ils rouvriront les yeux, chacun pourra se contempler, recouvert d'une poudre blanche de pieds en cape...

"Héééé..." Grondera Farken en baissant le visage pour constater les 'dégâts' sur son poitrail et ses jambes, écartant légèrement les bras du buste en remontant les épaules.
Herken reste impassible. Tout au mieux il blasera son regard en soupirant.

Le groupe se retrouve donc couvert d'une sorte de talc, qui le blanchit des cheveux aux talons de façon plus où moins uniforme. A peine ont-ils le temps d'observer les effets de cette poudre sur leur apparence, que le rideux se fend en deux et se repli sur les côtés, dévoilant l'envers d'un tout autre décors.

TAP ! TAP ! TAP ! TAP !

Quatre coups raisonnent dans le vide et des flammes illuminent une ligne basse, dix mètres devant eux.
La dalle se change en plancher et le tunnel s'ouvre sur une vaste salle de plafond haut et plongé dans une sorte de contre-jour provoqué par les lampes de la scène.
Car il s'agit bien de 'ça' : une scène. Et les protagonistes auront tôt fait de s'avancer sur les planches en dépassant la ligne du rideau rouge replié...

Au delà de cette ligne de clarté qui les mets en lumière, tels des acteurs, le groupe peut entrevoir des gradins, des fauteuils et des chaises dont la plupart semblent occupées.
Mais un silence de mort règne dans cette salle de théâtre, avant qu'une voix n’interrompt le fil de la surprise collective :

"Au secours, au secours ! Les morts accourent ! Ils sont pâles et décharnés, ils sont sales et mal-aimés !

Mère, ne laissez pas le dieu putride m'embrasser !"
Le timbre féminin racle d'une sorte de terreur mise en humour par ses paroles déployées.

- Ha haaa !
Rit un ton plus vaillant, plus masculin.
- La Mort l'emporte toujours sur la vie ! Donne moi ce corps, dont l'âme n'a plus l'envie !

Personne d'autre ne parait. Les voix sonnent dans l'obscurité projetée par les lanternes qui délimitent et éclairent la scène. Elles s'adressent à ce public sans visage et au groupe qui devra s'improviser lorsque son heure sera venue.

- Un sommeil lourd me transi. Je fais un rêve qui durera toujours !
- Rendors-toi, ma sœur, nos amours nous ont délaissés.
- J’ai mis mon cœur dans son cœur et je suis sienne à travers la Mort. C'est un serment immortel, il ne connait aucun fossoyeur !
- Ces murs sont hauts, et la terre des vivants est loin ; rendors toi, ma sœur.
- J’ai senti des diamants brulant glisser sur ma bouche desséchée, c’est mon ami qui pleurait...
- Rendors-toi, pauvre sœur ; c’est la pluie qui violait ton tombeau.
- Ô Souvent je perçois des sanglots au loin ; c’est mon aimé qui se lamente, dévoré par nos chers souvenirs.
- Non, c’est la chouette qui s'effraie dans la nuit glacée ; profonde comme ton tombeau, et comme l’oubli de ceux qui nous avaient aimées ; rendors-toi, ma sœur.

- Mais qui voilà ! L'armée des Morts est à nos portes !?
- Sir, il y a là des Messagers sans escorte !
- Laisse-les parler ! Pour peu qu'ils sachent s'exprimer !

Ô Morts ! Nous vous avons chéris de vos vivants ; nous vous avons toujours célébrés, tout bienséant ! Quel tribut avons-nous omis de vous payer ? Pour que vos tombeaux percent et que vous nous ravissiez !?

Parlez !"

Le silence tombe. Et si un membre du groupe : Sylas ou Nephinae, n'a pas coupé la parole à l'une de ces petites scènettes qui se sont enchainées, qu'ils mettent trop de temps à répliquer, ils entendront un souffleur invisible à leur attention :
"Je ne suis ni Messager ni Mort, je suis vivant et je joue avec mon Destin..."

Sylas approuva d'un mouvement de tête les paroles de Nephinae. Son visage était tendu, ses mâchoires serrées et son front crispé. Il avait l'impression de faire face à un piège qui n'en était pas un. On dirait qu'il n'avait pas le choix. Ce rideau devait être tiré. Par conséquent, le demi-elfe ferma les yeux et inspira profondément pour chasser toute trace de crainte dans son cœur. Son intuition choisit de se manifester à ce moment-là. Des gens les attendaient. Des comédiens étaient prêts à les recevoir. Il semblait y avoir du monde derrière ce rideau.

Le chasseur de nocturnes n'eut pas le temps de mettre en garde ses compagnons quand un souffle s'abattit sur eux. Il plaça son bras gauche devant son visage pour se protéger et attendit fermement que le vent cesse pour trancher le premier ennemi à sa portée. Cependant, à sa grande surprise, aucun adversaire n'était à portée de vue. Mais ses vêtements étaient désormais couverts de la poudre blanche qui recouvrait précédemment les percées. Sylas fronça les sourcils de colère, commença à réfléchir à un moyen pour retirer tout ce talc avant de remarquer l'ouverture du rideau.

À ce moment-là, il lui fallut quelques secondes pour comprendre la nouvelle situation. Tout était allé trop vite pour lui. Lorsque le dernier acteur finit par se taire et qu'un souffleur leur murmura la suite, le sang-mêlé comprit que les Masques avaient eu vent de leur arrivée et que ces derniers souhaitaient que le groupe participe à leur petit jeu. D'abord, le jeune homme songea à les envoyer promener avant de se raviser. Un refus immédiat pourrait réduire à néant leurs chances de récupérer l'Orbe de vie. Sylas se racla donc la gorge, rengaina son arme puis s'exclama.

"Je ne suis ni Messager ni Mort, je suis vivant et je me bats contre le Destin.
Je ne suis pas en quête d’un simple trésor, je suis émissaire et je travaille pour Qaïn.
L’Homme ne connaît plus le repos, car le Dieu putride lui refuse le sommeil éternel.
Seules des secrets connus du Théâtre depuis des millénaires, constituent notre seule échappatoire.
Seul un artefact dissimulé par nos pères, constitue notre seul espoir.
Ne laissons pas le plan du Nécromant se réaliser sans accroc, sa victoire nuirait à nos intérêts personnels."

Sylas s'était prêté au jeu et avait essayé de parler autant d'assurance que possible. Sa performance n'était pas assez satisfaisante à son goût, mais au moins, ses efforts avaient servi à la rendre un minimum appréciable. Jamais de la vie il n'aurait imaginé se retrouver dans pareille situation un jour. Comme quoi, l'aventure était toujours pleine de surprises. De plus, le demi-elfe s'étonna intérieurement d'être pressé de la réaction de son "public".

Compétences utilisées:

Nephinae fouilla en vain, elle ne trouva pas de réponse à ses observations concernant cette étrange petite poudre, aussi inoffensive semblait-elle. Par contre, et cette fois-ci, la mage ne voulu pas se jeter à l'aveuglette, de l'autre côté du rideau. Elle décida plutôt de rester sagement derrière celui-ci, située aux flancs de Sylas, avec ce sentiment désagréable accroché à l'estomac.

"Pour une fois, je suis d'accord avec toi, Farken."

Nephinae n'eut pas tord de se sentir au préalable comme une imbécile. D'une seconde à l'autre, elle fut recouverte de cette même poudre blanche.

D'abord exacerbée par la situation, la jeune femme rouvrit les yeux sur une nuée de poussière blanche. Elle souffla d'un coup et envoya un petit nuage en direction du rideau. Ce dernier se trancha sur une énorme et creuse salle, qui révélait dans sa pénombre plusieurs têtes, en train de les regarder.

"Argh..."

Une scène vocale s'enchaîna, où s'exprimaient femmes et hommes, dans un charabia se voulant poétique. Nephinae put y déceler l'attention portée sur la relève des morts et comprit qu'ils devaient s'attendre à l'apparition de ceux-ci. Comme l'avait mentionné Tarinsel, les créatures cadavériques partageaient désormais ce niveau des souterrains. Néanmoins, la jeune femme restait intriguée. Il semblait normal de les craindre, pas de les mettre sur scène. S'attendaient-ils véritablement à des morts-vivants, ou jouaient-ils sur la situation en sachant vraiment qui viendrait à leur porte ?

"Qu'est-ce que..."

Ce sentiment d'être ridiculisé. Si en plus ils demandaient qu'elle fasse des rimes, c'était hors de question. Mais voilà que Sylas s'ajoutait à leur connerie enjolivée. Tout ce cirque ne devait pas être sérieux, forcément... Mais qui était-elle, pour jouer les rabats-joies ?

"Je déteste les poèmes..." Siffla-t-elle venimeusement entre ses dents, tandis qu'elle dégainait vigoureusement sa dague de sa ceinture.

Lorsque l'elfe eut terminé de se prononcer, la jeune femme enchaîna sur ses propos, bien amère.

"Montrez-vous, les masques, les invisibles, que je puisse m'alléger de cette comédie insipide." Grogna-t-elle finalement, l'air renfrogné.

Compétence:

Du théâtre...
Les deux frères sont bouche-bée, et l'un plus que l'autre. Herken sait que les Masques sont de 'gais lurons' qu'il ne faut pourtant pas prendre à la légère. Mais Farken découvre ce monde et il en veut à son aîné de ne lui en avoir jamais parlé !
Le regard froncé, mâchoires détendues, l'assassin cherche une présence concrète tandis que les voix s'élèvent. Il se tendra soudain quand le souffleur viendra dicter une réponse toute faite pour combler ce silence qui s'est installé...
C'est une menace ?
Clairement.

Ici, les quatre étrangers jouent le rôle des Morts de la cité. Ils sont poudrés de blanc, aussi pâles que le trépas et devraient justifier de leur présence ?

Sylas et Nephinae se prêtent au jeu avec plus où moins d'enthousiasme. L'exercice n'est pas facile et ils ne savent pas vraiment ce qui les attendent s'ils gâchent la 'mise en scène'.
Ce public plongé dans l'ombre ne bouge pas, ne 'respire' pas, n'applaudit ni ne tousse... Et lorsque la jeune mage termine sa tirade un grincement courre le long de la ligne des lanternes qui éclairent la scène. Les flammes se dissimulent derrière rideaux de fer pivotant, encastré dans la lampe, et l'obscurité tombe.
Un souffle froid traverse les planches devant eux, drapé de froissements d’étoffes lourdes avant qu'une nouvelle clarté ne pointe sous deux visages masqués de métal.
Deux bougies tenues entre des doigts gantés, mettent en avant des silhouettes d'obscurité.

- Comédie insipide.
- Les Humains sont toujours aussi drôle dans leur déchéance...
- Ils sont responsables de leur destin, jouent avec les Dieux et les textes interdits, les artéfacts mystérieux...
- ... La Grande Qaïn est décadente. Elle a précipité son monde dans l'ombre... et envoi maintenant quatre aventuriers pour défier les Masqués ?
- Pourquoi la Nuit aiderait l'humanité à acquérir un objet, quel qu'il soit, pour se l'approprié et jouer avec ? Vous n'êtes que des enfants gâtés.

"Wohwoh !" Hallucine Farken.
"Vous êtes des déviants ?"

"..."

"Nan j'demande ça parce qu'en vrai vous êtes chez nous ici. 'Fin j'veux dire, tout ça là, cette maison, cet air que vous respirez... C'est chez nous. Alors si vous vous la jouez encore 'ombre de la mort' pour nous faire flipper, on vous sort à coup de pieds prendre un bain d'soleil ?!"

Herken ferme les yeux et soupir d'un raclement profond de gorge.
"Que voudriez-vous en échange..."

"En échange de quoi..."

Sylas avait fait une entorse à ses habitudes. Il avait participé au jeu de ces créatures de la nuit dans l'espoir que ces derniers accèdent sans histoire à sa requête. Mais Nephinae avait eu l'audace de traiter la comédie d'insipide. Une telle remarque venait à cracher au visage des déviants pour ensuite leur demander de passer aux choses sérieuses. Un rire presque silencieux s'échappa des lèvres du jeune homme. Un chasseur de nocturnes, acteur pour les nocturnes ?

Cette idée ne le faisait définitivement pas rire. Il aurait dû leur dire d'aller se faire voir dès le début, quitte à les combattre ensuite. Ces individus étaient quand même ses ennemis jurés. Et encore une fois, les enfants de Nitil prenaient les humains de haut, ils adoptaient une attitude suffisante et arrogante. Leur comportement mettait le demi-elfe hors de lui. L'humanité n'était qu'un troupeau dont ils étaient les bergers selon eux. Des enfants gâtés et irresponsables à leurs yeux...

Les gosses pourraient leur botter l'arrière un petit coup pour qu'ils comprennent à qui ils avaient affaire comme le proposait Farken. Le sang-mêlé fut tenté de sortir sa lame, de laisser ses pulsions prendre le dessus sur lui, mais l'intervention d'Herken lui rappela que la violence n'était pas nécessaire... Pour le moment. Sylas contint sa haine des nocturnes au fond de lui puis soupira d'agacement. Il était dans une situation où il fallait mieux parlementer que se battre inutilement. Sirgull était leur ennemi commun. Il ne fallait pas l'oublier.

"Sirgull prévoit de devenir le Maître de la Mort sur ces terres. L'humanité gonfle son armée, et lorsqu'il en aura fini avec elle, pensez-vous vraiment qu'il va s'arrêter là ? Vous perdrez votre source de nourriture principale et vous gagnerez un ennemi." expliqua-t-il dans un premier temps. "Ce groupe a déjà anéanti la Source de vie du Nécromant dans les Cryptes Maudites. Nous cherchons maintenant à anéantir l'Exuvie, et pour ça, nous avons besoin d'un objet particulier, caché sous la cité." Il marqua une pause puis reprit. "Après, c'est à vous de décider si vous voulez nous aider, en échange de quoi, je ne sais pas. Nous cherchons des connaissances ou des plans de ce qu'il y a sous la ville, et un accès à ces souterrains."

La jeune pratiquante en magie blanche avait voulu dire quelque chose à l'égard de ces déviants arrogants, mais Herken eut tôt fait de prendre part à la conversation. Il était d'ailleurs le mieux placé pour marchander avec ces créatures, et leur demanda ce qu'ils voulaient en échange d'une paix commune.

"Nous voulons l'accès libre à ces souterrains, sans conflit. Et pas besoin de guide, merci." Répliquera, acerbe, Nephinae, à la suite de Sylas.

Elle s'avouait légèrement froissée par les propos de l'elfe, mais pas parce qu'il venait tout juste de décrire l'humanité comme un buffet à volonté.
Mais bien parce qu'il avait raison. Et elle détestait ça, car elle en était concernée.

"Il ne ment pas. S'il n'y a plus d'êtres vivants sur terre, vous allez mangez quoi, votre farine ?" Renchérira-t-elle en se frottant le bout des doigts pour en dégager la petite poudre blanche, vers les deux déviants. "Et comme il l'a dit..." Exprima la femme en pointant Farken du pouce, "...ces souterrains ne vous appartiennent pas plus qu'à nous, ils appartiennent à cette cité. Et nous ne sommes pas ici pour jouer les ennemis, nous voulons simplement arrêter ce nécromant. Pour vous le prouver, nous sommes quand même prêts à vous offrir quelque chose en échange de cet accès."

"Les Cryptes Maudites ? La Source de vie ?"
Les deux masqués échangent un bref regard en détournant leurs visages.
"Hm... rectification..." Dira Farken en penchant le visage avant de faire un pas en avant, lèvres pincées, levant l'index pour enfin les dévisager :
"C'était pas les Cryptes Maudites, mais on s'en fout. La fille qui servait de 'pompe' à immortalité pour Sirgull n'est plus. C'est pas le sujet. Le sujet c'est qu'on a besoin d'un artéfact pour mater un Messager' et on sait de source sûre qu'il est dans les souterrains de la famille qui a fait ce bordel d'en d'ssous."


"La Famille qui a construit les sous-sols de cette Capitale a emporté ses secrets dans la tombe et ce tombeau n'existe pas."
"Ha !"
La seconde voix métallique reprend :
"Ces souterrains n'appartiennent effectivement à personne... Vous pouvez y aller sans passer par nous... Il n'y a pas qu'un accès et il ne prend pas forcément son départ ici ?
Pourquoi Qaïn vous envoie, déjà ?"
"Sirgull menace l'humanité et les Nocturnes sont au courant de cette problématique. Nous œuvrons à réparer l'avidité des Hommes...
Si vous voulez descendre, rien ne vous retient."
"Vous parliez d'un échange. Notre collaboration contre quoi ?


Le labyrinthe que vous comptez explorer seul, vous vous y perdrez. Les Leto n'ont pas été enlevé et décimé pour rien. Ils étaient précurseur dans leur domaine de prédilection. Ils ont monté des réseaux, des salles, des pièges et des énigmes pour protéger de nombreuses richesses et savoirs.

Nous y avons nous même perdu de nombreux membres."

"L'un de nous pourrait vous accompagnez... mais contre quoi ?"
Les yeux vides et obscurs des deux masques embrassent tout le groupe sans distinction.

"Il n'y a que le sang qui vous parle. On est pas marchands d'âmes."
"Allé j'me dévoue..." Dira Farken en tendant le poignet tout en se cachant les yeux d'une main, comme un enfant souriant :
"Finissons-en les gars. Vous buvez et on prend votre deviant savant."
Un silence pèse.
"Un nouveau manque de respect et vous resterez ici à tout jamais..."
"Nous extirperions de vos esprits cette idée saugrenue qui doit vous guider dans ses souterrains et... en tant que sauveurs de l'Humanité, les Nocturnes s'imposeront au Nord... et au Sud."

Sylas avait confondu les 'Cryptes Maudites' avec le 'Temple de la Mort' dans les Monts verts, mais il n'avait pas le temps de s'excuser. Sa patience commençait à être à bout. Les Nocturnes ne leur apprenaient rien de nouveau sur la dangerosité du labyrinthe créé par les Leto. Le groupe avait parfaitement conscience des risques qu'il prenait. Sauver le monde était comme une mission suicide, mais qui ne tentait rien n'avait rien.

Le sang-mêlé comprenait que les déviants avaient des raisons pour croire que des humains échoueraient là où des gens de leur espèce n'ont pas réussi. Ils avaient aussi avoué que l'accès aux souterrains ne dépendait pas d'eux. Alors le chasseur se demanda pourquoi son équipe perdait son temps avec ces créatures. De plus, ces derniers avaient osé les menacer. Si les petits humains ne témoignaient pas du respect qui leur était dû, ils n'hésiteraient pas à les massacrer pour s'approprier après le titre de 'sauveurs de l'Humanité'.

Dans un geste brusque et irréfléchi, l'épéiste dégaina sa lame. Réprimant à grande peine sa fureur, il tint son épée avec ses deux mains puis posa délicatement la pointe de son arme contre le sol. Par pure fierté, jamais il ne laisserait les Nocturnes sauver les vivants. Plutôt mourir.

"Je vais être clair. Soit nous parvenons à un accord. Du sang contre votre collaboration par exemple. Soit nous arrêtons cette discussion-là et chacun part de leur côté. On ne va pas vous supplier." dit-il avec froideur. Ensuite, il murmura très bas à ses compagnons. "Attendez mon signal au cas où..."

Ensuite, Sylas utilisa son ouïe pour essayer de percevoir si les deux masqués étaient leurs seuls adversaires dans cet endroit, balaya rapidement la salle du regard en utilisant sa vision nocturne puis fixa son regard sur eux afin de faire appel à son intuition.

Compétences utilisées:

"Ce n'est pas important, Farken..." Souffla Nephinae entre ses dents lorsqu'il rectifia Sylas sur les cryptes, tout en observant attentivement les deux déviants masqués, lame à la main. Plus ça allait, plus elle pouvait sentir cette tension devenir plus grande. Un conflit menaçait d'éclater entre les deux groupes. Le détail sur les cryptes et les monts verts n'importait pas à l'instant, ce qui préoccupait plutôt la mage, c'était ces deux types en face qui ne leur rendraient pas la tâche plus facile.

Nephinae fut d'ailleurs bouche-bée lorsqu'ils déballèrent concernant leur requête en échange de leur déviant-guide. Cet égocentrisme ridicule la fit tressaillir d'agacement, et pendant que Sylas s'énervait de son côté, un gloussement nerveux fit secouer les épaules de la demoiselle.

"C'est hors de question. Vous devrez trouver autre chose, parce que ça ne fonctionnera pas avec nous."

Puis, se libérant d'une longue expiration, Nephinae posa la main sur le bras de Sylas, en tentant bien sûr de calmer son compagnon et d'éviter, pour le moment, un éventuel combat. La farce de la poudre était passée, la colère descendait tranquillement et elle réalisa que la menace était bien réelle, qu'il fallait peut-être rester tranquille pour mettre toutes les chances de leur côté. Sans leur manquer de respect, cette fois. Les deux êtres masqués avaient été courtois, malgré leur évidente arrogance. S'ils ne pouvaient l'être de leur côté, ils donnaient raison aux déviants de croire moindre en l'humanité.

"Pas... La peine de s'énerver, nous pourrions simplement passer notre chemin."

Compétence:

Après sa rectification, Farken recule d'un pas... Et son visage se biaisera vers Nephinae lorsqu'elle chuchotera dans sa direction... Levant sur la mage un regard hésitant, qu'il abaissera dès qu'il croise le sien, l'assassin fronce les sourcils et pince ses lèvres en se repositionnant face aux Masques.

Herken suit les échanges d'une façon peu participative. Il écoute, sans briser cette glace qui lui sculpte la face.

Sylas précise que si aucun accord raisonnable ne peut avoir lieu, alors chacun pourra se séparer sans plus de conflit. Ce qu'il murmure ensuite auprès de ses compagnons marque une surprise au visage de Farken.
Se tenir prêt ? Mais à quoi... Fuir ? Attaquer ?
Son regard transitant du Demi-elfe aux Nocturnes, il sent que la situation est bouchée et exécute un pas de côté vers son frère.
"T'avais pas un genre de plan à la base ?"

L'estimation de Sylas lui murmure que tout va bien. Il pourrait fuir où attaquer, ils ne sont que deux devant lui... et visiblement mal armé. Il aperçoit le public de sa vision nocturne et son sens auditif ne révèle que de 'lointains' mouvements.

"J'ai travaillé pour Lion-Leos."
Les Masques, qui n'ont pas vraiment réagit face aux réponses du sang mêlé et de la jeune femme, biaisent leur visage dans la direction du guerrier.
"Un esclave parmi tant d'autres... échappé ou relâché ?"

"Personne ne s'échappe de Bassmor-fort.
Je sais votre réputation dans les Domaines du Nord et je sais votre relation avec le Grand Seigneur Lovyr. Si vous nous guidez, je reprendrais contacte avec quelqu'un qui pourra vous aider dans votre plan."
"Mensonge."
"Tu bluff. Nous connaissons tout le monde..."
"Pas elle."
Un silence semble étudier la question et les murmures s'élèvent à nouveau dans la salle.
"Elle ?" Souffle Farken d'un air désabusé.

"Alors s'est entendu... A la nuit tombée, nous vous aurons choisi un guide et nous vous ouvrirons un passage ici.

Vous pouvez vous installer dans le salon en retraversant la cheminée, nous viendrons à vous." Disent-ils, prêts à reculer dans les ombres si personne n'avait rien à ajouter ?

Une observation rapide de la salle indiqua au demi-elfe que le public n'était composé que de pantins de paille. Ensuite, il essaya d'estimer la dangerosité des Masqués. Ils semblaient être des proies faciles. Un éventuel combat serait en leur faveur. Dans le cas où un combat éclatait, la chance tournerait en leur faveur. Sylas ne réfléchissait pas sainement. Il était prêt à emmener ses camarades dans une bataille inutile et risquée, car il haïssait les nocturnes depuis toujours.

Ses compagnons ne pouvaient pas savoir que sa vie était consacrée à leur extermination. Son instinct lui disait de se jeter sur ses ennemis, de les anéantir à ce moment-là puisqu'ils s'étaient montrés à lui. Il n'arrivait pas à reprendre le contrôle de ses émotions avant que Nephinae ne pose sa main contre son bras. Ce geste si simple le ramena à la réalité de la situation. L'humanité avait besoin de ce groupe pour le sauver, de gens déterminés et capables de garder la tête froide, peu importe ce qui leur arrivait.

Sa colère retombée, l'épéiste se sentit honteux. Il avait failli embarquer l'équipe dans un affrontement qui n'était pas le leur. Il n'y avait que lui qui détestait les nocturnes au point d'abandonner famille et amis pour les chasser. Nephinae, Farken et Herken ne voulaient sûrement pas avoir pour ennemis les Nocturnes, contrairement à lui. De plus, l'ancien combattant de Lion-Leos était parvenu à conclure un accord avec les créatures de la nuit.

Sylas soupira, remit son épée dans son fourreau puis fit brusquement volte-face pour quitter ce foutu endroit. Collaborer avec les Masques ne l'enchantait pas, mais pour le bien des vivants, il allait faire des concessions.

Pas de réactions pour animer le minois de la mage. Elle observe à tour de rôle les masques, Herken, Farken et Sylas. Son attention sera particulièrement posée sur le guerrier lorsqu'il évoquera sur son passé d'esclave, puis lorsqu'il mentionnera une 'dame'. Sans le moindre détail. La conversation aboutie finalement sur un accord, et le groupe se joindra à un guide une fois la nuit venue. Nephinae remerciait d'ailleurs intérieurement Herken. Sans lui, ils en seraient encore au premier stade de leur discussion antérieure.

Néanmoins, le visage de Nephinae se décomposa à la vision de Sylas, qui déguerpissait pour remonter jusqu'au salon. N'attendant pas pour le suivre, elle murmura un froid "salutations" envers les masques puis alla rejoindre son compagnon elfique à petits pas rapides.

"Sylas, attend !"

Manquant de trébucher sur un cailloux en emboîtant le pas au sang-mêlé, la maladroite fouetta le vide de la main dans une tentative de trouver un point d'appui, puis reprit contenance tandis qu'elle marchait aux flancs du demi-elfe. Son visage se scinda d'une grimace qui trahissait un certain malaise concernant leur situation.

"Je ne suis pas, moi non plus, ravie à propos de ça, mais... Bientôt, tu auras ce que tu veux." Murmura-t-elle en cherchant les yeux de son camarade, tout en fleurissant ses lèvres d'un sourire timide.

Insinuait-elle qu'ils iraient tuer les masques ? Visait-elle tous les nocturnes en général ? Seri le savait.

La cheminée n'était pas bien loin, et ils avaient un peu moins qu'une journée entière de temps libre, avant la nuit. Pas question de moisir dans ce salon. Là était peut-être une bonne occasion d'aller faire les boutiques.

"Merci à Herken, pour ça... Heh, dis-moi, aimerais-tu me joindre pour parcourir la cité ? La nuit n'est pas prête d'arriver et je connais bien la ville. Ça te changerait les idées."

La rencontre avec les Masques était un succès, car le groupe était parvenu à obtenir un guide. Ce Nocturne leur ferait gagner un temps précieux dans les souterrains. Le quatuor n'aurait pas pu espérer mieux. Pourtant, le demi-elfe ne ressentait que de la frustration. Il approuvait l'accord, mais son cœur était encore habité de sentiments violents. Il se massa les tempes. Il avait le besoin urgent de retrouver le salon pour calmer ses nerfs.

La voix de Nephinae qui l'invitait à attendre ne l'arrêta pas dans sa marche. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille jusqu'à la tombée de la nuit. Cependant, la témérité et les paroles suivantes de la jeune femme l'obligèrent finalement à ralentir le pas. Une expression de surprise mêlée de méfiance apparut sur le visage de Sylas. En savait-elle plus sur lui qu'il ne le pensait ? Pensait-elle connaître ses objectifs ? Elle n'avait vraiment pas froid aux yeux.

Le sang-mêlé préféra garder le silence, bien qu'il fut tenté de demander à la demoiselle de s'occuper de ses affaires. Il ne voulait plus entendre parler de la Nuit avant ce soir. Si la Nephinae avait persisté à lui parler des Nocturnes ou de l'arrangement, Sylas aurait coupé court à la conversation. Toutefois, la mage changea vite de sujet et fit une proposition plutôt intéressante.

"Pourquoi pas... Faisons ça." dit-il avec peu d'entrain. "Ce n'est pas une mauvaise idée, j'ai quelques achats à faire."

Voyant clairement que Sylas n'avait pas l'air plus motivé que ça, Nephinae perdit sa bonne humeur faciale et échappa un petit soupire lasse. La journée serait longue, elle pouvait le sentir.

Si la jeune mage ne connaissait pas les vraies intentions du chasseur de nocturnes, elle avait constaté sa haine - flagrante - envers ceux-ci, par rapport à son comportement vis-à-vis des masques, mais aussi en relevant de sa mémoire l'intention première du sang-mêlé, à leur rencontre. Il avait fait mention d'un sang-pur, se proclamant être à sa recherche. Puis si au départ elle ne savait pas pourquoi, Nephinae pouvait désormais deviner que ça ne serait pas pour papoter autour d'un vin aux épices...

Malgré-tout, peu lui importait réellement. Sylas n'était pas suffisamment proche d'elle pour qu'elle s"en soucie longtemps, s'il avait des choses à cacher et des histoires à régler de son côté, ça n'était pas à elle de le découvrir.

Puis, alors qu'ils évoluaient jusqu'à la cheminée, la brunette se retourna finalement vers les deux mercenaires, l'air gêné. Elle n'avait pas réellement osé reprendre la conversation avec eux depuis la petite dispute avec Farken. Il faudrait qu'elle s'excuse, lorsqu'ils seront sortis de là.

"Vous... Vous voulez venir avec nous ?"

Les yeux de Nephinae croiseront ceux des deux hommes, mais elle ne tiendra pas le regard bien longtemps et se retournera pour continuer son chemin.

Le groupe remonte le boyaux carré, l'escalier en colimaçon obscur et le reste du chemin allant jusqu'à l'âtre ouvert. Une fois dans le salon, Farken sautille rapidement sur place et tape ses armures de cuirs, sa chemise, ses avant-bras.
Un léger nuage blanc volète autour de lui, sous le regard lourd de Herken, qui restera blanchi.

A l'invitation de Nephinae, Farken figera sa main dans ses cheveux. Il la dévisage une seconde, déviera son attention vers le demi-elfe et répondra en secouant ses cheveux :
"Nan... J'vais rester là avec mon frangin, on s'est pas vu depuis des lustres on a tellement à s'dire."
Dit-il d'une voix rapeuse et monocorde avant de reprendre sa place devant l'âtre.
Le guerrier lui, hoche une sorte de remerciement à la jeune femme et ajoute :
"Je n'ai besoin de rien. Les Masques n'aiment pas attendre. Je reste ici pour veiller à ce que tout se passe bien.

Allez-y."

Sylas nettoya immédiatement ses vêtements en les secouant et en les tapant lorsqu'il arriva enfin dans le salon. Les Masques s'étaient bien moqués d'eux. Mais à peine cette pensée s'était-elle immiscée dans son esprit qu'il la chassa. Il avait tourné la page sur cet épisode et il portait désormais son regard vers l'avenir. Les événements de la matinée lui avaient appris que la maturité lui faisait défaut, car son manque d'objectivité et son absence de calme avaient failli nuir à son groupe et lui.

A partir de ce moment-là, le demi-elfe comptait faire des efforts dans la maîtrise de ses émotions. Cette tâche ne serait pas facile, car il avait toujours eu l'habitude de laisser ses instincts le guider. Cependant, dans ses combats futurs contre les Nocturnes, il devait apprendre à se servir de sa tête aussi bien que son épée.

"Laisse-moi deux secondes, Nephinae."

Avant de partir, Sylas cherchera rapidement si la pièce ne cachait pas des secrets ou des objets qui pourraient lui servir plus tard.

Compétences utilisées:

Franchissant la cheminée pour retrouver le salon du manoir, Nephinae scruta le petit groupe silencieusement. Elle observa d'abord Farken, parce que son agitation subite attira la première son attention. Ses yeux se posèrent par la suite sur son frère, qui ne bougeait pas plus qu'il ne fallait, avant de terminer leur trajectoire vers Sylas, qui, lui, fit de même que le plus petit des deux mercenaires.

"Pas de problème, nous nous retrouverons ici, dans ce cas." Souffla-t-elle à l'intention des frères, vers lesquels elle ramènera son attention.

Durant ce moment de tranquillité, malgré les événements, un sentiment de tristesse vint noircir le cœur de la jeune femme. Elle médita sur son ressenti concernant le petit groupe, persuadée d'y reconnaître une certaine tension depuis le début du voyage. Si la mage avait envie de corriger ses erreurs et de repartir à zéro, Nephinae sentait pourtant son courage s'évaporer lorsqu'il s'agissait d'aller présenter ses excuses à Farken. Peut-être par peur de réjection. Parce que contrairement à ce qu'elle avait pu faire comprendre à l'assassin et les deux autres, Nephinae s'était rapidement attachée à ces trois individus. Elle appréciait les petites parcelles de caractère chez chacun d'eux et savait au fond qu'ils pouvaient mourir d'une journée à l'autre. Comment se sentirait-elle, s'ils venaient à mourir ce soir ? Sans qu'elle n'ait prit le temps de mettre les points sur les 'i' ? La culpabilité était un maux bien plus pesant que la rancune.

Plongée dans ses réflexions, Nephinae s'était mouvée machinalement vers la porte, avant d'être arrachée de ses rêvasseries par les paroles du demi-elfe. Était-il en train de fouiller à la recherche de trésors ? Car ce n'était vraiment pas une mauvaise idée. Nephinae se ferait bien une joie de le faire également, mais elle préféra garder ça pour une autre pièce, où Sylas ne fouillera pas.

"Je t'attends à l'extérieur, je ne serai pas loin."

Puis, attrapant la poignée d'une ferme poigne. La guérisseuse jettera un dernier regard en biais - et nerveux - vers les deux frères, avant de se presser pour quitter la vaste maison.

Il est l'heure pour la troupe de se séparer en deux groupes de deux ; l'un restant sur place pendant que l'autre sortait s'équiper.

Avant de quitter les lieux, Sylas décide de faire une fouille. Dans cette vaste salle de repas, investie d'une longue table de bois sombre et verni -démunie de tout ustensile de cuisine et vaisselier-, cette pièce habitée par de nombreuses chaises, fauteuils et guéridons... le demi-elfe ne trouve pas grand chose. Hormis ces trois chandeliers en argent qui trônent entre les tapisseries, la salle ne recèle aucun objet de valeur facilement accessible. D'ailleurs, même s'il lui venait l'idée de prendre l'une de ces girandoles, Sylas serait probablement stoppé par un détail.
Derrière les longs tapis verticaux, qui recouvrent les murs de pierres glacées, se trouve des perforations servant à l'observation... Elles sont à hauteur d'homme et sont stratégiquement placées derrière des représentations tressées de visages humains... de manière à les rendre inaperçues.
Un très mince filet d'air circule en arrière des tentures.
Sylas se souviendra probablement qu'il a entendu des murmures lors de l'activation du mécanisme de la cheminée...
Peut-être le groupe est-il observé en permanence depuis son arrivée ?

A l'extérieur de la maison, le soleil va atteindre son zénith. Sa ligne reste basse et timide en ce milieu de saison hivernale. Le froid est moins rude.
Après avoir remonté le petit chemin ponctué d'arbre, puis le portail tenu par des gardes, le duo descendra la grande rue et repassera devant Qaïn au moment de traverser la seconde enceinte. Nephinae a décidé de mener Sylas à l'échoppe de Jack. Cette boutique se trouve dans la première enceinte, dans des quartiers plus 'populaires'.

Après quelques carrefours et ruelles -qui les éloigneront de l'artère principale-, l'échoppe se dévoile. D'apparence soignée, assez étriquée mais bien tenue, le bâtiment se dresse devant eux sur deux étages.
L'enseigne en bois fait apparaître le dessin creusé d'un arbre curieusement exécuté... assez maladroit, en réalité. En dessous, quelques mots le soulignent 'Le chêne pointu', mais ils sont raturés à l'aide d'une lame... très grossièrement.
Dans les vitrines on peut apercevoir des articles en bois principalement. Pas ou peu de métal.
Jack est un marchand d'objets 'Courant' et 'Très Courant'. Artisan du bois, il vend d'autres éléments qui attireront l'Aventurier et le chaland, mais ce n'est pas sa principale activité.

A l'intérieur, un plancher de pins s'étend dans une boutique assez sombre. Un comptoir, au fond, se tient devant un rideau obscure cachant une échelle menant à l'étage.
Le gérant se trouve là, sur un établi monté sous une fenêtre. L'homme est occupé à sculpter, tandis que dans le reste de la salle, s'exposent ses objets mis à la vente.

Que cherchent Nephinae et Sylas ?

La pièce ne contenait aucun objet de valeur, mais une fouille minutieuse révéla que les murs possédaient des yeux et des oreilles. Cette découverte n’étonna pas le demi-elfe. Personne ne laissait dans sa demeure des étrangers sans surveillance. De plus, les passages secrets ne devaient pas manquer dans ce manoir. Finalement, ce fut un Sylas déçu et bredouille qui rejoignit la jeune femme qui attendait dans le froid.

« Je n’ai rien trouvé d’intéressant. » affirma-t-il. Il ne s’était pas abaissé à piquer les chandeliers en argent. Il n'était pas un vulgaire voleur. « Nous pouvons y aller. »

Le sang-mêlé profita de la marche pour contempler le paysage urbain, le ciel vaste et bleu, et le soleil resplendissant. Ces heures pourraient être ses dernières sur terre. Peut-être que la mort le frapperait demain, par surprise, et que son corps se relèverait pour servir le Nécromant contre son gré. Il grimaça à cette pensée négative. Il fallait rester qu’il reste optimiste et déterminé. Tout était une question de volonté. Ceux qui se battaient jusqu’au bout voyaient toujours leurs efforts récompensés à la fin.

Une fois à destination, Sylas trouva rapidement ce dont il avait besoin. La marche entre le manoir et la boutique lui avait offert tout le temps nécessaire pour réfléchir au matériel qu’il emporterait dans les souterrains. Sur les différentes étagères, il récupéra un pied-de-biche, une outre de cuir, un grappin, une gamelle, des couverts en bois et une ration. Il déposa ensuite le tout sur le comptoir. L'équipe ferait face à toute sorte d'obstacles dans les souterrains. Mieux valait être bien préparé à toute éventualité.

« Bonjour. Ça fera combien ? J'aimerais ne pas dépasser les dix pièces d'or. » demanda-t-il avant de chercher sa compagne de voyage. « Nephinae ? Est-ce que tu as déjà des torches ou une lanterne sur toi ? »

Se présentant devant le panneau de bois, Nephinae passa la porte du commerce sans trop remarquer ses gravures imparfaites. À l'intérieur, elle balaya rapidement la sombre salle des yeux, satisfaite des apparences plutôt rustiques avec son bois travaillé. Rêvant même d'une maison avec un allure similaire.

Rapidement, elle suivit l'action de son partenaire de route et fouilla du regard les étagères. Il lui fallut une courte réflexion et un coup d’œil jeté dans son sac pour comparer et trouver ce qu'il lui manquait.

"J'ai une lanterne, oui." Répondit la jeune fille en tapotant de sa main libre la lanterne accrochée à sa ceinture, un sourire en coin lui pinçant les lèvres.

Après avoir refait de l'ordre dans ses affaires, la demoiselle revint avec le matériel (arc court en bois, 1L d'huile, un gilet et un petit sac de cuir.) en mains et déposa le tout - à côté des achats de Sylas - sur le comptoir. Elle leva les yeux vers le marchand et attendit qu'il vienne les voir pour étirer un sourire poli sur son faciès dégagé de la poudre, qu'elle avait au préalable nettoyé durant leur chemin jusque là.

"Bien le bonjour, monsieur. Pourriez-vous, quand vous aurez terminé avec lui, me donner les prix séparés ? Je ferai le calcul, merci. Et si possible... Je n'ai pas trouvé de carquois ni de flèches. Si vous avez une minute pour me guider." Tinta la mage à la suite du demi-elfe.