Spoiler:

L'absence de réaction de Fordred étonna Ysmène. Il ne comptait pas s'expliquer pour son regard insistant. Confuse par le comportement du balafré, la paladin ne chercha pas à perdre plus d'énergie et de temps avec lui, car cette nourriture abondante et alléchante, qui leur était offerte, attisait terriblement sa faim. Ysmène n'eut pas les yeux plus gros que le ventre et forma dans une assiette un repas équilibré à base de légumes, viandes et fruits en quantité modérée.

Les pensées de la protectrice du Sang étaient dirigées vers le futur. La combattante ne savait plus quelle était sa place dans ce monde. Elle était passée de la protection d'un Fils de Nitil au sauvetage de l'humanité d'un nécromant et de la protection d'une future Sang Noir. Ses parents ne l'avaient jamais préparé à ce qui l'attendait dans les jours à venir. À ce moment-là, elle avait besoin de la sagesse de son père. Il semblait souvent avoir la réponse à n'importe quelle question.

Malheureusement, il n'était pas là pour réconforter sa fille comme il le faisait lorsqu'elle n'était qu'une jeune apprentie paladin. Nitil était le seul vers qui elle pouvait se tourner actuellement. Elle n'avait pas d'autres choix que d'effectuer ce voyage en direction du Nord. Ce ne sera qu'après l'avoir effectué qu'elle obtiendra sa réponse concernant sa place dans Galgals.

Ysmène avait écouté d'une oreille distraite la discussion entre Klotar et Fordred. La prononciation de son prénom par ce dernier l'avait tiré de ses quelques secondes de réflexions. Elle n'avait pas encore touché à son assiette. Un imposteur ? Un espion ? Qui ? Klotar ? Si les dires de Fordred étaient vrais, ce Klotar pouvait être un Rakshasa.

"Les Rakshasas sont des maîtres de l'imitation. Des télépathes et changeformes. Il suffit qu'il lise ou voit dans ton esprit le visage de ton ami pour qu'il prenne son apparence. J'ai appris qu'il y avait un moyen pour en reconnaître un. Par l'odeur. Un Rakshasa garde toujours son odeur." affirma-t-elle avant de croquer dans un fruit. "Et un humain qui n'a pas encore fini dans l'assiette du seigneur Yotl, j'ai dû mal à y croire. Les Rakshasas raffolent de la viande humaine."

Compétences:

Klotar restera silencieux. Il écoute Fordred parler avec un léger sourire en coin, se perdant parfois dans sa coupe, s'enfonçant contre le dossier de sa chaise richement orné. Devenu spectateur des échanges entre Fordred et Ysmène, l'homme se braque finalement.
Le mercenaire froncera les sourcils en inspirant par les lèvres, se penchant vers la table, puis en direction de Fordred en rebondissant sur les mots de la Paladin :
"Et mon odeur... tu t'en souviens, Fordred ?

Il sentait quoi 'ton' Klotar... L'amertume d'un gars qui se cache derrière un humour graveleux ou l'acide de la peur ?"
L’œil planté dans le sien, il finit par biaiser l'attention sur la paladin.
Après un court instant il ajoute.

"Les Rakshasas mangent les humains mais pas seulement. C'est une viande délicate qui met du temps à s'affiner... bien plus qu'elle n'en met à se détériorer. Il faut en prendre soin, les nourrir, les rassurer... Mais tous les Hommes ne finissent pas entre leurs crocs. Il en est certain s qui réussissent à devenir serviteur... comme vous deux." Ponctue-t-il d'un rictus.

"Peut-être que je n'ai pas choisi la meilleure forme."
Battant des cils avec lenteur, l'homme tire un pan de sa cape à son flanc et le rabat devant son visage avant de lancer un :
"Bouh !"
Si ce n'est le timbre féminin qui surprend, ce sera la nouvelle apparence de l'étranger. Il a l'allure d'une grande blonde platine, cheveux raides, yeux verts, lèvres pulpeuses... Elle dévisage Fordred et cache enfin le sien de ses mains en sanglotant :
"Tu m'as laissée mourir..."

Spoiler:

"Hahahaha !" S'exclame-t-elle enfin en reprenant son calice de vin.

"Et quoi... Je suis un Rakshasa. Mon Seigneur m'a envoyé suivre Zah'a pour veiller à ses intérêts et Zah'a le sait bien. J'ai pris cette apparence pour m'amuser un peu...
Les Sang-purs sont ennuyant. Surtout Zah'a. Il ne sait pas s'amuser... toujours trop sérieux avec son ombre torturée -soupir-..."

Ysmène avait accordé le bénéfice du doute à l'accusé en conservant une forme de neutralité dans le conflit, mais les soupçons de Fordred s'avérèrent vrais. L'usurpateur fit tomber le masque. Son discours sur la délicatesse de la viande humaine déplut énormément à la paladin. Elle arborait désormais une expression sévère et dégoûtée. Les ombres la répugnaient. Ces créatures étaient maléfiques et indignes de confiance. L'humain ne se sentait pas à l'aise en sa compagnie.

Le Rakshasa semblait s'amuser en jouant davantage avec les émotions du balafré. Il prit l'apparence d'une femme, cette fois-là, dont le visage ne disait rien à la servante de Zah'a, mais qui sembla troubler fortement Fordred. Ysmène l'observa quitter l'étage avec pitié. Une colère profonde contre l'homme-ou-femme-chat la surprit. Elle ne cautionnait pas les usurpations d'identité. Cette facilité qu'avaient ces foutus démons à lire dans les pensées humaines l'agaçait.

La protectrice du Sang se leva à son tour, décidée à ne pas devenir un nouveau jouet potentiel pour cet Ombre. Elle ne lui donnerait pas le temps de démarrer une conversation ou de pénétrer son esprit. Son assiette dans une main, une fourchette dans l'autre, elle quitta la salle sans se retourner pour rejoindre le rez-de-chaussée comme Fordred. Cet endroit était vaste, mais elle avait l'espoir de trouver une chambre dans la tour en cherchant un peu, ou quelque part où elle pourrait être seule et tranquille pour le reste de la soirée.

Compétences:

Les deux humains quittent la salle du 'repas', sans que l'Ombre ne les retiennent... tout au plus conservera-t-il son sourire amusé, continuant de manger seul, à sa faim.

Fordred et Ysmène erreront dans la Tour, à la recherche de solitude et d'un endroit où dormir. Au rez-de-chaussé, le silence et le calme sont de mises. En l'état, il n'y a pas grand chose à faire et la fatigue de cette journée, de cette nuit très avancée, pèsera en plus de leur digestion...
Il 'faut' dormir.

En montant les escaliers, ils passeront devant quelques portes verrouillées puis trouveront -chacun en séparé- une zone de dortoir avec plusieurs chambres vides... des lits poussiéreux, anciens mais confortables -très confortables-.
Il y a aussi un pallier réservé à l'étude d'ouvrages. Une bibliothèque, une grande pièce, haute de plusieurs mètres, montée d'étagères et d'échelles, blindées de livres dont certains se détachent en poussière et d'autres resteront intactes à la lecture.
Si l'un préférera s'endormir sur des textes, il le pourra.
Sinon, les chambres sont disponibles.

[mp des listes de livres à ceux qui vont en bibliothèque]

Ysmène n'était pas du genre curieuse. Au contraire, elle avait pour habitude de se mêler de ses affaires, mais le passé de Fordred avait éveillé sa curiosité. Que lui était-il arrivé pour qu'il paraisse autant touché et perturbé ? Est-ce que la perte de ses camarades avait un lien avec le retour de Sirgull ? Cependant, au vu de sa fatigue, la paladin était davantage préoccupée par l'idée de trouver un lit que de fouiller dans les secrets de son compagne de voyage.

Ysmène tomba sur la bibliothèque et fut presque tentée d'y pénétrer. Les livres étaient ses meilleurs amis. Ils n'y avaient pas mieux qu'eux pour passer le temps. Mais ses paupières se faisaient lourdes. La bibliothèque ne disparaîtrait pas du jour au lendemain. Elle pourrait toujours y retourner à son réveil. Elle se dirigea donc vers la zone de dortoir, puis trouva une chambre plutôt convenable. Elle dépoussiéra rapidement son lit en secouant les draps, puis elle déposa son plastron, son épée à deux mains et ses affaires au pied de son lit avant de se laisser tomber de fatigue sur son matelas.