Anselme termine son repas, sa bière et accepte l'avance supplémentaire de sa collègue pour un bain -rapide, mais efficace-.
En se rendant au comptoir, il pourra faire signe au gérant qui appellera à son aide une de serveuse disponible.

Le mercenaire sera conduit à l'étage par un escalier en bois et arpentera un long couloir derrière la jeune femme. Elle lui indiquera une salle d'eau comprenant deux bacs libres et secs. Dans cette pièce perpendiculaire au corridor, des paravents séparent les bains montés de grands demi-tonneaux et tapissés d'un tissu couleur crème.
Au fond de cette salle, un âtre haut et large diffuse lumière et aura épaisse de chaleur. Il s'y tient une crémaillère et une vaste marmite que la jeune femme s'empressera d'abaisser pour en récupérer deux seaux d'eau.
Après quelques allé-retour de la serveuse, le bain d'Anselme, bien fumant et savonneux, sera disponible à son gré.

De quoi se laver, de quoi se sécher et l'homme pourra se revêtir de son vieux cocon odorant, mais propre à l'intérieur. Il pourra toujours profiter de l'eau opaque de son bain, pour frotter quelques taches sur cuir et tissu... mais le sang restera encore un moment et puis... il ne veut pas trop faire attendre Alrun, si ?

En bas, la mercenaire patiente en écoutant le ménestrel jouer quelques musiques tranquilles. Lorsqu'elle voit Anselme redescendre, elle se redresse bien droite et le rejoint en sillonnant entre tables et clients.
"C'est qu'il est propre comme un sous neuf pour récupérer sa solde !" Commente-t-elle lourdement, alors qu'elle reste 'sale' de sa journée, poisseuse de sa transpiration et des émanations de la cabane 'maudite'.

A l'extérieur, la neige a cessé de tomber et le brouillard se dore d'une clarté chaude sur un air gelé. Le soleil perce assez difficilement ce nuage qui s'échoue et se déchire contre le port. Il rend l'ambiance floue et diffuse de ses rayons, annonçant le retour du beau temps, une fois la brume dissipée.

Si le duo est prêt, alors il pourra rejoindre la caserne des Lions Rouges. Le bâtiment n'est pas bien loin. Il trône assez fièrement sur l'une des plus grandes places de la cité.
Le temple qu'il habite, est partagé entre les quartiers mercenaires et la zone réservée au Conseil des Marchands.

En passant la grande porte à double battant de cet ancien lieu de culte, le groupe remontera une longue allée de colonnes avant de bifurquer naturellement vers la gauche. Il passera enfin une voie sous arches, encadrant un petit jardin, pour de passer dans la zone réservée aux Lions.
Des tentures rouges au symbole du clan se suspendent aux murs de pierre froide et monotone, encadrés par les hautes et étroites fenêtres barrées de fers et d'anciens vitraux colorés. Une suite de salles fermées, un grande place réservée à l'entrainement, un long dortoir... et après quelques minutes à marcher entre ces étages et leurs collègues, les deux habitués des lieux sauront frapper à la porte de leur supérieur direct.
Il ne s'agit pas du chef de ce groupe, mais d'un ancien général de guerre, rôdé par des batailles et du vent viscérale des plaines mortelles.

Il suffit de frapper à la porte, d'attendre un signe de vie et une autorisation, pour passer dans une pièce rectangulaire disposant d'un bureau, d'une bibliothèque et d'une partie réservée au logement, étendue au delà d'un long paravent.
Derrière son pupitre, un homme qui se tient assit. Deux fenêtres éclairent la salle et plonge en partie le visage du 'général' dans l'ombre.

"Ha... Voilà le retour des héros." Dit-il d'un ton pris entre l'enthousiasme et la banalité. L’œil accroché à ce qu'il écrit, il ponctue une ligne et redresse enfin l'attention sur les deux guerriers.

Alrun restera au flanc de son compagnon. Dans le bureau de leur supérieur, elle dévisage l'homme assit face à eux et garde le silence pour laisser Anselme exposer l'état des faits.
Le résumé est dense un peu alambiqué, mais finalement clair sur la situation.
L’œil fixe, le visage aggravé, le général pince le regard avant d'appuyer son front contre l'une de ses paumes.
"Les Dévoreurs..." répète-t-il comme si on venait de lui évoquer une légende ou du prédiction maudite.
"Bon !" Soupire l'homme en reprenant contenance "Nous enverrons une unité sur place afin de récupérer les corps... du moins ce qu'il en reste" son attention remonte sur Alrun, qui se tend d'un coup "Je peux vous indiquer le lieu sur une carte." "Très bien.
J'aurai espérer que l'un de nos frères soit encore en vie ou en partie, que la cargaison est pu être récupérée dans son ensemble... c'est pas comme si on avait pas besoin de ses armes."
Se penchant sur le côté, il ouvre un tiroir et en sort deux bourses.
"Voilà votre solde pour cette mission."
Dans chaque bourse se trouve dix pièces d'or.

"Une battue ?" Répète le général en levant les yeux sur Anselme. Un léger silence ponctue cette question, amenant Alrun à biaiser le regard vers le mercenaire, l'air alerte.
"Vous croyez que j'vais envoyer des Lions affublés de bâtons pour faire sortir les Dévoreurs planqués dans des fourrés ? Si encore c'n'étaient que de foutus loups... mais c'est pas le cas !"
Son agacement, il le chasse d'un soupire bref et baissera les yeux sur sa paperasse en pagaille.

"Je comptais vous proposer une autre mission, mais si vous voulez faire partie d'une équipe pour retrouver ces cannibales, ça se réfléchi. Les Dévoreurs sont clairement pas la priorité en ce moment... On a des chats biens plus gros à fouetter avec l'arrivée de l'armée."
Son regard se fronce d'une mine mauvaise et inquiète.

"En serez-vous, Alrun ?"
La mercenaire réajuste sa posture pour se donner une seconde de réflexion supplémentaire. Elle humecte ses lèvres et dira d'un hochement de tête : "Ça n'me ferait pas plus plaisir que de traquer ces sanguinaires, mais si vous avez une autre mission..." Elle hésite une seconde avant de dire "Je laisse Anselme en décider."

"Bien... L'autre mission concerne une demande de la famille des Helosor."
"Les Helosor ?" Appuie Alrun d'un air surprit "La prestigieuse famille ?"
"Celle-là même." La jeune femme souffle un rire bref et nerveux, ne pouvant empêcher un rictus en coin "J'pensais qu'ils avaient leurs propre Garde, quel est le problème..."
"Je vous en dirai plus quand vous m'aurez fait un choix. Traquer les Dévoreurs ou enquêter."

L'homme assit au bureau écarte quelques papiers pour s’intéresser à une simple prise de note. Il se penche sur ses propres pattes de mouche et dit :
"Hm... Une histoire de vol qu'ils n'arrivent pas à régler, apparemment. Un commerçant de la ville, qui ne travaille pas pour eux, a dérobé un objet leur appartenant... une alliance de, je cite : 'une grande valeur sentimentale'.
Ils ne veulent pas avoir à faire avec l'autorité des Havres... et comme il semblerait que leur propre Garde soit débordée par les prochains évènements annoncés, ils se sont tournés vers nous.
Enfin si ça vous intéresse, vous saurez les trouver dans ce bâtiment, dans l'aile d'en face..."
Relevant un regard vers Alrun et Anselme il termine :
"Faites quand même attention à ce que vous allez accepter. Vous êtes des Lions Rouges, pas des mercenaires sans bannière. Rappelez-vous vos principes et ce vers quoi tend votre loyauté.

Vous pouvez y aller."

Alrun penchera le visage en avant, à la façon d'un soldat, pour noter toute sa compréhension du sujet...
Si Anselme n'a rien à ajouter elle tournera les talons, quittera le bureau pour réinvestir les couloirs appartenant aux Lions Rouges et rejoindre le cœur principal de l'ancien temple pour gagner l'aile opposée... réservée aux Conseils Marchands de la cité.

Si Alrun n'a pas l'air de sortir d'un 'massacre' elle porte l'odeur et la peinture de la réalité de son métier : débusquer, traquer, endurer. C'est 'sa vision', pas forcément celle de la majorité de ses collègues. Le mercenariat est souvent confondu avec la chasse à la primes; comme s'il n'intéressait que des guerriers sanguinaires et prêt à tout pour une solde...
Quoi qu'il en soit, la jeune femme ne pense pas plus à aller se laver qu'à l'instant précédent. Voir des marchands pour parler de leur quête ? Si on lui avait dit : "tu comptes y aller 'comme ça' ?", elle aurait haussé les épaules en avouant qu'un cul parfumé ne se vend qu'en auberge privée. Elle, c'est sur le terrain quelle compte prouver son efficacité. Et si ses 'apparences douteuses' doivent jouer contre elle, c'est que son client n'est qu'un abruti.
Peut-être que ces marchands seront des abrutis... et qu'Anselme avait bien eu raison de se faire propret.

Pour se rembourser de sa dette auprès d'Alrun, il devra se séparer de cinq pièces d'argent. Et la jeune femme acceptera l'échange comme si ça lui était passé au-dessus. Elle remerciera néanmoins son coéquipier d'un sourire amusé.

Le duo repassera les couloirs et les salles des Lions Rouges, avant de rejoindre l'axe principal de l'ancien Temple de Seri. Traversant l'allée pour gagner l'aile opposée, les deux mercenaires évolueront sous l’œil de quelques gardes. Alrun justifiera même "On a demandé les Services des Lions Rouges, menez-nous à ceux qui nous attendent...".
Ainsi guidés par un homme armé, les deux mercenaires pourront s'engager dans un escalier, puis un couloir sous voûtes, à balustrades, donnant sur la baie et le port. Le 'garde' frappera à une porte et laissera passer le duo dans une salle vaste.

La pièce est lumineuse et profite d'un rayon doré qui réchauffe l'âme plutôt que le corps. Il fait assez froid et les hommes présents ici sont tous sous fourrure malgré l'âtre qui brule derrière eux.

Une table rectangulaire accueille six marchands, quatre hommes et deux femmes, tous d'âges assez mûrs et bien habillés ; portant un symbole cousu de fil d'or et représentant une bourse dorée sur cercle vert foncé.
Visiblement, Anselme et Alrun ont interrompu une réunion.

"Ha ! Enfin !" Grommèle le plus vieux et le plus bedonnant d'entre tous.
"Les Lions quittent leur tanière pour aider les Marchands..."
"Les Marchands ne sont pas plus prioritaires que les autres, excusez du peu. Les Lions Rouges répondent à l'appel. Qu'attendez-vous de nous ?"
Alrun se fait sévèrement juger par l'assemblée qui la détaille de bas en haut.
"Pfffrlrlr !" Soupire d'agacement le gros marchand, qui croisera ses mains sur sa panse molle et s'enfoncera dans son large siège.
"L'effronterie d'une femme en armes, ce clan est décadent." Dira-t-il pour lui mais de façon audible à tous. Il vire l'attention vers l'homme à son flanc et ajoute :
"Vous, vous avez l'air d'être un brave homme, alors je vais vous dire ce dont nous avons besoin..."
Alrun se tend soudain, le rouge lui montant aux joues.
"Nous nous sommes fait voler par un commerçant de cette ville. Cet homme refuse de nous rendre notre bien alors allez le chercher et ramenez-le nous... Pas d'histoire, pas de chialeriez ou autre mensonge, cette bague est à nous, elle porte notre symbole et l'héritage de notre famille.
Vous acceptez d'aller la chercher ?"

Spoiler:

Anselme répond au marchand de manière détachée et concernée par le sujet. Ne pas exposer son avis contre l'outrage que sa comparse vient de subir lui permettra de décrocher ce 'contrat' ? En tout cas, il s'exprime pour lui seul et non pour 'eux'.

L'être insultant et bedonnant fixe toute son attention sur le guerrier. Il ignore parfaitement Alrun, en même temps que ses confrères et consœurs. La mercenaire n'existe plus à leurs yeux.
"Des possibles raisons ? Il faudrait qu'on ai à justifier à la place du voleur l'origine de son acte ?" Grogne-t-il d'un tremblement flasque.
"Cet bague appartient à notre Famille. C'est un symbole qui nous est cher et notre... fils..." Le rythme de son propos de fixe soudain sur un mot avant de reprendre "... a cru bon de faire don de ce bijoux à un homme.
Il ne lui appartenait pas d'offrir ce symbole au premier venu, quel qu'en fut la raison ! Nous souhaitons récupérer ce bien qui appartient à la Famille et non un seul. Vous n'avez pas à en savoir d'avantage ce n'est pas une enquête que nous demandons !"
Insiste-t-il d'un ton tranchant.
"Le marchand vit sur les quais, dans une boutique appelée "L'algue marine". C'est un apothicaire d'un certain âge et portant le nom de Malor.
Rapportez-nous la bague. C'est un anneau d'or gravé du nom des 'Helosor' et serti d'une pierre verte.
Nous vous offrons vingt pièces d'or, l'autre moitié ira aux Lions Rouges."
Ponctue le marchand, désagréable.

Il se disait que ça ne devait pas être le genre de marchands à parler directement à leurs « clients », car visiblement leur amabilité cédait bien vite lorsqu’on ne cédait pas à toutes leurs exigences.
En réalité il s'agit d'une situation inverse. Ces hommes et femmes, assis autour d'une table, sont bel et bien des prospects en recherche d'un prestataire. Leur exigence est égale à celle de certain de leur propre clients lorsqu'ils sont en demande d’excellence et font preuve d'un zèle grinçant... Sauf qu'en l'état, les Marchands fixe eux-même le budget... Ce qui les rends assez méprisable en plus de la façon dont il traite ces deux Lion-Rouge.

"Votre collègue ?" Grimace le ventru, monopolisant le temps de parole pour sa table. Son regard s’écœure et glisse sur Alrun :
"Non... Elle n'est pas à la hauteur, vous ferez seul l'affaire ! Et vous gagnerez vos vingt pièces d'or sans partage."
"Laisse tomber Anselme, j'me vends pas à c'genre de grossier. Profite de ton contrat, j'vais me trouver quelque chose de plus adapté." glissera-t-elle entre ses dents, prête à se détourner. "On s'retrouvera à la caserne tôt ou tard..."

"Bon ! Rendez-vous dans l'immédiat sur le port et récupérez cette bague coûte que coûte !" Impose le commerçant imposant en balayant son 'engagé' d'un coup de poignet, comme si l'affaire le préoccupait sans trop l'intéresser, ou que la longueur de l'échange devenait gênante dans l'organisation de sa journée...

Anselme prendra donc congé. L'heure des bavardages doit cesser, ses clients -surtout le ventripotent- à plusieurs fois manifesté son agacement. Il fait donc bien de s'éclipser, laissant les Marchands à leur 'occupations' et leur journée.
Allons bon, le voici à nouveau dehors.

L'air frais de la cité lui fouette à nouveau le visage... Non pas que le grand bâtiment soit chauffé mais au moins, l'air n'y est pas piquant !
Sous un soleil plus radieux, effacé par le souffle éternel qui siffle aux arêtes des maisons, le jeune mercenaire se met en quête de l'objectif.
Il descendra donc les veines de la mégapole, claquant ses bottes contre les pavés encore glacés, y croisant plus de monde qu'en milieu de mâtiné. Les odeurs de sel et d'iode se fixent dans l'atmosphère qui lui gèle le nez. Les Hommes sont emmitouflés, parfois voûtés, occupés aux marchés ou à rejoindre leurs affaires, plus ou moins pressés. Le brouhaha de la cité varie d'un carrefour à l'autre, d'une ruelle déserte à une artère bouchée.
Au bout d'un long moment, après que les vastes et hautes maisons colorées se soient finalement tassées, pour n'être plus que des bicoques de bois blancs et argentés, le voici arrivé aux quais.
Le long des lignes de maisons serrées, il remarque une boutique coincée. "L'algue marine" qu'on lui a dit ? Son nom pend mollement et nerveusement au bout d'une chaîne rouillée, grinçante dans le vent, menaçant de décrocher.
La vitrine principale est embuée, cerclée de cristaux de sel et de froid. S'il se penche vers elle il n'y verra que du noir, que des ombres sans flamme ni lueur. S'il frappe à la porte ? Personne ne répondra. Mais le chambranle craquera et les gonds grinceront vers l'intérieur... Le porte s'ouvre presque d'elle-même, dans l'élan de sa frappe ou de sa tentative d'y pénétrer. Rien ne lui résiste, le voilà dans la boutique ?

La maison n'a pas d'étage. Elle est montée de planches mais son sol est de pierre en dalles. Il y a des tables avec des affaires... mais le commerce est vide.
En connait-on beaucoup ? Des marchands qui s'absentent en laissant la porte 'ouverte' ? Serait-ce pas l’œuvre d'un vieux fou qui s’oublie...
Dans son dos, les cloches du docs teintent, les voiles claquent, les flots battent. L'océan n'est qu'à une rue de là, en arrière, et le quais s'étend en une longue ligne droite, arpentée de marins, de débardeurs, de marchands et d'hommes en uniformes.
Les maisons autour de ce commerce sont des entrepôts privés. La plupart ont l'air fermés.

Spoiler:

A première vue, personne ne voit Anselme pénétrer la boutique. Lorsqu'il regarde autour de lui, rapidement, il constate que personne ne marche dans la ruelle proche.

La porte entrouverte le laisse pénétrer dans la très modeste boutique. Étriquée, elle émane le parfum froid de feu de cheminée, la poussière, le vieux cuir et le bois.
Les dalles au sol sont poussiéreuses, crottées sur le pallier. A sa gauche, se présente un petit comptoir surmonté d'une lampe à huile presque vide et éteinte. Il y trouvera également un petit livre de compte dont la dernière transaction date de plusieurs jours.
Malachies Rubis 123 -Esther Rael- Pillon/Mortier, 5 Datura, 2 Attèles, 10 fil et aiguille, 10 cataplasme / livraison Jadies quartier Ouest.

Face à l'entrée, quelques étales disposent d'objets très courants qui n'ont été pas bougés depuis longtemps. Il y a le long des murs des étagères supportant des bocaux remplis de feuilles séchées, de quelques liquides étranges et qui ne portent pas d’étiquettes...

Sur le mur du fond se tient une cheminée, froide, pleine de toiles d'insectes. Contre la tablette au dessus de l'âtre, une médaille couverte de poussière se confond avec la pierre. Si Anselme ouvre le pendentif ovale, il verra à l'intérieur le minuscule portrait d'une jeune fille blonde et souriante.
Aucune trace d'un bijoux ressemblant à l'anneau qu'il recherche.

Spoiler:

Le mercenaire ne trouve rien de concret dans la boutique. Il amasse quelques informations mais ne sait pas quoi en faire, ni si elles lui seraient d'une quelconque utilité.

C'est par dépit qu'il quitte l'échoppe déserte et se rend sur le 'trottoir' à l'affût d'un passant, d'un habitué du quartier, qui saurait le renseigner sur le propriétaire absent ?
Ceux qui rencontrent... pour la plupart... lui feront un signe de négation sans s'arrêter, l'observant parfois de travers ou fuyant la conversation. Mais il y a bien un débardeur qui se grattera la tête, l'air de réfléchir à sa question.
L'homme est un vieux marin. Il a le visage buriné par les embruns, la peau épaissie par le froid et le vent, les cheveux salés, décolorés, l'échine tassée mais renforcée par l'âge et le temps passé à porter des caisses. Arrêté une seconde plus tôt à la porte close d'un entrepôt, il se frotte la tempe et baisse le regard avant de dire :
"L'Algue marine ?... Ça fait un moment que j'n'y ai pas vu d'lumière ou déposé quoi qu'ce soit. Pas depuis Malachies du mois dernier, j'dirais.
J'peux vous indiquer une boutique dans l'coin qui vende c'que vous chercher. Y vous faut quoi exactement ?" Demande-t-il finalement en le détaillant de la tête aux pieds.

A la réponse d'Anselme, le marin flanque ses mains calleuses sur ses hanches et fronce le regard d'un air 'faussement intéressé'.
"Un membre éloigné-ha ? Je savais pas qu'il avait encore de la famille à par sa fille... D'ailleurs ça fait un moment qu'on l'a pas vue non plus celle-là..." La porte de l’entrepôt s'ouvre sur un homme, coupant l'échange et attirant le regard du vieux marin :
"Ha quand même !"
Sans en dire d'avantage, à moins qu'on ne le retienne, il se penchera vers sa caisse, la soulèvera de terre et entrera dans le bâtiment pour y faire sa livraison.

Le mercenaire se retrouve donc seul avec ses informations et ses 'indices'. Il décide donc de tenter de rendre visite à la seule personne ayant été en contacte avec le commerçant avant sa 'disparition'.
Anselme quitte le port et ses docks, remontant les ruelles, serpentant entre les maisons, traversant les carrefours et cherchant des yeux une indication qui lui permettrait de trouver ce 'fameux' Rael Esther.
A part sa connaissance de la commande passée chez l'Algue Marine, il n'a aucune idée de ce sur quoi ou qui il va tomber.

Au bout d'un moment, et tandis que le soleil commence à tomber vers l'horizon, le Lion Rouge se fait guider vers une maison haute. Juchée sur une 'dent perdue' de la falaise, qui surélève l'habitation de deux mètres et dans laquelle une série de marches a été creusée, il découvre le nom de celui qu'il cherche gravé en lettre curviligne sur l'arque d'une porte d'entrée.
La bâtisse est de très bonne facture et se dresse de trois étages. La face un peu austère avec ses fenêtres vitrées, serrées et alignées, elle ressemble à une auberge mais en réalité, il s'agit d'une maison de soin. L'une des rares dans son genre.
Si Anselme frappe à la porte, il sera accueillit par une jeune femme vêtue d'une robe de lin, de sabots et d'un long tablier blanc cassé. Ses cheveux sont tirés en chignon et cachés par une charlotte de couleur claire. D'âge moyen, petite, le visage rond et l'air aimable malgré une fatigue visible, elle le réceptionnera et le fera entrer sans poser de question, afin de ne pas laisser le froid passer et l'homme attendre sur le pallier.

Anselme pénètrera dans un petit 'hall' rectangulaire au plafond lardé de poutres et au sol dallé de pierre. Sur les contours de cette place de dix mètres carrées, ne comportant que deux portes ; l'entrée et la pièce suivante, se trouve des banquettes en bois.
"Si vous avez rendez-vous, veuillez attendre ici." Dira-t-elle naturellement en se détournant, prête à quitter le hall pour l'y laisser seul, comme n'importe 'quel client'.
Anselme se retrouvera seul s'il laisse la jeune femme quitter le hall.

La jeune femme tiendra son attention un instant... le temps pour elle d'écouter l'étranger qui semblait enrober sa demande de beaucoup de précaution et de bienséance.
Inclinant la tête en signe de compréhension et de salut, elle quitta la pièce et laissa l'homme seul... dans le silence.

Anselme attendra un moment ici. Et comme il n'y a rien à faire d'autre qu'attendre, le temps paraitra long et acide.
Vingt pièces d'or pour récupérer une vulgaire bague 'volée'. Un marchand disparu avec sa fille depuis un moment, une boutique laissée vide et ouverte...
Il ressassera probablement ces informations qui tournoieront dans son esprit jusqu'à l'assoupir s'il le faut.

Enfin, le claquement métallique et lourd d'un loquet retenti. La porte qui le sépare du reste de la maison se met à vibrer sur ses gonds.

C'est un homme qui apparait, plutôt 'âgé', revêtu d'un tablier sur lequel il s’essuie à nouveau les mains, tachant un peu plus son lin d'un enduit brunâtre et rouge.

Jugeant l'étranger qui se tient là, l'homme reste sur le pallier, à faible distance, demandant enfin :
"Qu'est-ce que je peux faire pour vous, si vous n'êtes ni malade ni saoul.
Vous êtes dans une maison de soin pour une enquête... J'espère que l'un de mes patients n'est pas votre cible, je suis en plein travail."
Soupire-t-il un peu nerveusement.
"Qui vous envoie ?"
Termine l'homme sans le regarder, observant ses doigts emballés dans son linge pour en inspecter la relative propreté.

Spoiler:

L'homme restera sur le pallier, entre le petit hall d'attente et la salle suivante. Écoutant d'une oreille l'étranger qui lui fait face, il s'occupera à nouveau de ses mains qu'il débarrasse distraitement de quelques taches récalcitrantes... -Le geste semble hasardeux mais Anselme sent surtout que l'homme fuit volontairement son regard et la discussion-.
Il faut cependant noter, qu'à l'évocation du nom de ses commanditaires, l'homme tressaute et fixe momentanément ses yeux dans les siens.
Les Helosor, un ami ? Semble-t-il se répéter à lui-même en silence, au fond de ce regard fixe et rond, qu'il ravise tout aussi tôt, se rendant probablement compte de cette 'erreur' à s'attarder sur la chose :
"... non je ne vois pas de qui vous voulez parler. Enfin si, je connais ce commerçant mais... je ne sais pas où il a pu aller. Probablement fuit-il la guerre à venir.

Enfin excusez-moi mais j'ai des patients qui m'attendent."
Sa voix s'empresse, son ton tremblotte légèrement, et il se débarrasse de ce tissu qu'il entortille alors des doigts d'un geste plus sec.

Clairement, le médecin ne souhaite pas en dire d'avantage, qu'aurait à ajouter le jeune Lion Rouge ? Va-t-il le laisser partir et s'en retourner, tenter une autre piste ?...