Anselme a beau frapper sur cette porte, ni les gonds ni le bois ne cèdent. La chaîne claque en arrière et Alrun commence à trouver le temps long autant qu’oppressant.
L'odeur de pourriture qui règne dans cet endroit elle ne la supporte plus... C'est le parfum de la chair humaine, de ses membres suspendus, de ce cadavre coupé en deux à leurs pieds... Des effluves de merdes, de sangs, de biles, des fluides corporelles en putréfactions.

"Pousse-toi !" Lui dira-t-elle dans un élan soudain, l’œil fixe sur la porte. Elle s'humecte nerveusement les lèvres et s'élance à son tour.

Au premier coup d'épaule, les lattes de bois explosent. La jeune femme passe au travers de la porte, si bien qu'elle trébuchera en arrière tout en se retenant au contour du chambranle.
A l'extérieur il neige à gros flocons et les cadavres des quatre chevaux éventrés se sont blanchis.
Deux silhouettes les observent entre les chariots renversés. Les 'voyageurs' ont le sourire aux lèvres, un rictus qui leur déchire la face et leur donne regard fou.
Sauf qu'ils ne sont pas seuls. En arrière de la colline qui fait face à la maison, un groupe se détache du ciel opaque et gris.
"Merde... Ils sont là... Merde Anselme, qu'est-ce qu'on fait !"
Elle passera le trou de la porte et se tiendra debout sur le perron, l’œil accroché à cette assistance cannibale qui les détaille comme deux brebis blessées.

Spoiler:

Courir... Oui, il n'y avait surement que ça à faire. Alors Alrun prendra la suite du mercenaire et s'élancera dans les plaines gelées et blanchies par la neige. Tous deux battent les champs de leurs bottes, sentant sur leurs talons les Dévoreurs et leur cris de guerre.

Alrun distancera les quatre plus éloignés, mais restera à vue des itinérants qui les avaient accompagnés jusqu'ici... Anselme, lui, n'est pas libéré de leurs emprises. Tandis qu'il courre à perdre haleine, les deux groupes le poursuivent.

Les valons sauvages se changent en sentier. Très vite, le duo regagnera la route et passera entre les collines qui tiennent cette carriole sans monture, celle qu'ils avaient aperçu plus tôt... celle devant laquelle un homme et une femme s'échinaient à replacer une roue probablement volontairement désaxée. Peut-être même que ce chariot n'était qu'un cadavre de plus, un appât qu'ils avaient mis là pour attirer la brebis égarée... l'âme charitable sur laquelle ils pourraient refermer leurs mâchoires affamées...

Le terrain devient plus accidenté, moins pratique. Il faudrait faire preuve d'équilibre pour se maintenir, espérer gagner du temps... et sortir de cette épreuve.

Spoiler:

Anselme court, Anselme saute,... Il n'emprunte pas tout à fait le même itinéraire que sa comparse mais il sait la voir entre deux rochers, entre deux creux de terres. Profitant de son agilité sur terrain accidenté, il sème ses adversaires... tout autant que la Lionne s'échappe à leur vue et finira par retrouver le guerrier au pied d'un sentier.

Le souffle rude, s'appuyant contre ses genoux pour faciliter l'expulsion de ses vapeurs rauques entre ses lèvres, la jeune femme articule péniblement :
"On... les a semé... Il faut rentrer aux Havres... Vite..."
Sans lancer un coup d’œil à Anselme, le front perlant d'une sueur glacée, le visage fouetté par des flocons plus lourds et plus épais, elle reprend la route d'une démarche plus molle... seulement muée par le but qu'elle se fixe : retrouver la sécurité des murs du port.

"C'est un putain d'échec..." souffle-t-elle à bout.

Spoiler:

Comment peut-on en arriver là ? Le regard d'Alrun reste fixe sur la route. Sa gorge s'est asséchée, elle brûle d'irritation... Alors elle se saisira de sa gourde et en prendra une bonne lampée pour s'alourdir l'estomac, espérant le laver de cette légèreté qui lui aurait fait rendre son déjeuner - à force de spectacle morbide et de course effrénée.
Essuyant ses lèvres d'un geste plus mou, elle reprend sa respiration et répondra :
"Tu causes comme un gars des villes qu'a jamais connu la violence des terres sauvages... J'dis pas que c'qu'on vient d'voir est 'normal', mais ici, sur ces terres exemptes des lois qui régissent la civilisation et retiennent certains criminels, tout est permis.
Les Dévoreurs sont d'la pire espèce dans ces champs... Hormis les peaux vertes, se sont ceux qui massacrent le plus de voyageurs et d'marchands...
En général on s'prépare à rencontrer des bandits quand on prend la route... Mais si c'est le clan tout entier qui vous tombe dessus c'est carrément avec l'armée qu'il faudrait partir.


Y'a une époque où elle s'est occupée de leur cas, d'ailleurs..." Son souffle vaporeux se relâche. "L'armée avait éradiqué le chef après que tout Rudeterre se soit fait empalé sur des pieux, mis au gibet à leurs corbeaux quand Ils n'avaient plus faim de leurs restes... Mais ils se sont reformés. C'est pas bien difficile de les r'joindre quand on est fous et avides de sang."

Devant eux, les rempares du port se dessinent en ligne irrégulière, au dessus de la haute falaise blanche. Les embruns collants de l'océan se mêlent à la neige qui recouvre le paysage de quelques centimètres.
"Avant d'rentrer à la caserne faut que j'me rince le gosier pour reprendre un peu de contenance." se confie-t-elle en baissant le front, tenant l’œil fixe sur la route. "Sauf si ça t'dérange alors j'irai seule."

Spoiler:

Anselme partage ses questionnements sur ce qui pousse des individus 'intelligents' à commettre de telles atrocités, comme si par ce moyen, la solution se dévoilerait d'elle-même pour l'endiguer ? Ou qu'elle permettrait de contenir l'impensable dans l'esprit du citadin moyen pour mieux l'éviter ? La 'Lionne' est comme beaucoup d'autres de ses congénères. Elle ne veut pas 'comprendre' ce qui a poussé un étranger à massacrer son prochain, elle souhaite la justice en bonne et due forme, celle qui régit les lois et apporte protection en enfermant les criminels... pas en taillant le bout de gras sur ses motivations et ses traumas éventuels.
Alrun se contentera de biaiser un regard, grimaçante à l'idée de ce qui le 'pousse', lui, à vouloir comprendre de tels êtres. Pour certain, se serait penser comme eux, se mettre à leur place ? Mais pour quoi faire...
La psychologie, sur le monde de Galgals, n'est pas aussi poussée qu'on pourrait le croire. Les faits sont des 'faits', les actes ont des conséquences et les soins apportés à des comportements déviants hors des sociétés et des cultures qui font les citoyens derrière leurs rempares, n'est pas même esquissée. Ici, quand un 'Homme' commet un crime on le juge pour ce qu'il a fait, pas pour ce qu'il est en 'essayant' de le comprendre pour mieux anticiper d'autres crimes de ce genre.
Le mercenaire évoque la possibilité qu'un être naît pur et qu'il y a forcément une raison pour qu'il devienne 'monstrueux' -selon ses propres principes culturel et sociétal-.
Alors oui. Derrière ce coup d'oeil presque méprisant de la jeune femme il y a la réponse : 'oue... tu t'poses trop de questions...'.

Le mercenaire en viendra à partager son idée de l'accompagner en auberge. Malgré leur dortoir chez les Lions Rouges, il semble essentiel de se reprendre en main avant de faire tout rapport au supérieur. Boire un coup... prendre un bain ?
En voilà un homme bizarre, pensera la jeune femme, qui en revient à penser que ce gars là a du sortir du moule d'un cercle de aisé de citoyens. La façon dont il parle, dont il semble prendre soin de son apparence...
Enfin elle se met à le juger parce que, elle, sort d'un milieu plus modeste et qu'elle a l'habitude d'être envoyé sur un terrain boueux et sauvage... Son odeur, elle l'a sent. C'est celle du sang et des tripes, de la peur, de la sueur. Mais quoi de mieux qu'un grand bol d'air pour chasser tout ça ? Un bon godet d'alcool pour se réveiller et une nouvelle mission pour se changer les idées. Prendre un bain... mais pour quoi faire... maintenant ?!
"Pffrlrlr" Souffle-t-elle entre ses lèvres molles, un demi sourire en coin.

Mais voilà qu'il s'étend sur les évènements évoqués. L'histoire parle des Dévoreurs et de leurs chasses. Il y a deux ans, oui.
"J'ai pas vécu 'ça'. Mon père était assez proche d'un soldat qui a participé à la traque des Dévoreurs.
Il n'en est pas moins qu'après avoir frappé dans la fourmilière, les soldats n'ont pas su tous les rattraper. Et quand bien même... les Dévoreurs ne sont qu'un groupe réuni sous un 'nom'. Il y en a d'autres qui agissent seuls ou en communautés restreintes, comme eux... mais ceux là ne s'targuent pas d'un symbole et d'un foutu nom.
Y sont pas nombreux les Dévoreurs. Probablement moitié moins qu'au raid de Rudeterre... mais y'a personne pour les recenser. Le dernier gars qu'a été relâché par eux, pour diffuser sa peur et raconter leurs 'hauts-faits', c'est un type des Havres. Un vieux croulant dev'nu impotent, qui bégaye et qui s'pisse dessus quand 'y parle de ça..."

Les murailles de la Cité des Havres sont à nouveau face à eux et les dominent de toutes leurs hauteurs. Très vite, le sentier se pave. Leurs semelles ne font plus que grincer sur la neige, ils claquent contre la pierre. Passant sous la haute porte et au travers de l'épais rempart, les deux mercenaires croiseront enfin du monde. Des marchands, des chalands, des gardes et des soldats... des citoyens lambdas.
Les ruelles s'enfoncent le long de la falaise. L'océan n'est plus qu'une vaste flaque opaque et sombre, effacée par la neige qui tombe et qui se chahute dans le vent glacé.
Alrun dirige, elle sait quelle auberge elle veut. Alors si Anselme ne l'arrête pas, il se retrouvera à ses côtés, face au bâtiment du 'Comptoir et la Mouette******'

Cette auberge a l'air plus que confortable. Levée sur trois étages, elle offre une vue imprenable sur la baie, le port et l'océan.
Outre le magnifique panorama qu'elle propose par temps clair à ses quinze chambres, spacieuses et meublées, la taverne dispose de différentes prestations :
- Chambres, 15 pièces spacieuses avec baignoire
- Barbier
- Soigneur
- Écurie
- Ménestrel/Conteur
- Petit commerce - très courant

La salle principale peut contenir jusqu'à cinquante personnes. Dallée de pierres, vaste de cent mètres carrés, elle s'accommode d'un âtre circulaire et centrale, s'entourant de tables rondes, carrées et rectangulaires. Au plafond, des boules de verres vertes se suspendent à d'anciens filets de pêche, diffusant la clarté de flammes baignant dans un bain d'huile.
La pièce est à moitié pleine à cette heure. On trouve des marchands en repos, des aventuriers, quelques groupes d'amis, habitants et étrangers. Quelques races différentes se mêlent à la population. Des elfes, des hybrides surement et d'autres créatures plus discrètes.
Dans le fond, face à l'entrée, une scène rectangulaire se fait remarquer. Longue de quatre mètres et profonde de deux, elle vient de dévoiler la présence d'un ménestrel conteur. L'homme prend place sur un petit tabouret et accorde son instrument sans se presser.
L'ambiance est joyeuse, mais ce n'est pas ce brouhaha informe et désagréable que certaines tavernes savent entretenir à force d'alcool et de mauvaises compagnies.

En pénétrant la salle Anselme pourra sentir l'odeur agréable de la pomme de terre au beurre et du pavé de bœuf, qui grille dans les cuisines ouvertes à la gauche. Proche de cette percée, le comptoir du gérant se déploie sur tout le mur. Des serveurs, des serveuses, une panoplie d'alcools et de tonneaux qui se présentent sous un long escalier... et des murs couverts de chaux claire.
Le duo aura le choix des places ! Une table pour être seul ? Accompagnés ? Plutôt proche du bar ? De l'âtre flambant ? De la scène qui va bientôt s'animer du chant ou du conte d'un ménestrel professionnel ?...
Ils pourraient aller directement au comptoir ou attendre qu'une serveuse vienne à leur rencontre.
Alrun semble laisser le choix à son coéquipier.

Spoiler:

Alrun haussera les épaules en levant les yeux sur son acolyte.
"Oui bien sûr... C'est pas comme si on allait jamais c'revoir et pas toucher quoi qu'ce soit en ayant 'accompli' cette mission de recherche..."
Elle s'offrira en retour de lui tapoter l'épaule pour lui 'redonner contenance' ou le 'rassurer' sur cette demande qui restait gênante. Mais elle ne s'en figure pas. Suivant l'homme jusqu’à une table, ils s'installeront seuls en face à face.


L'âtre diffuse une douce chaleur qui enveloppe l'atmosphère à ses abords. Plutôt près de la petite scène, Anselme pourra entendre le chant du ménestrel qui achève de retendre ses cordes.
Les clients alentours s’intéressent à plus de calme. Entendre ces quelques pincements d'ajustements annonce quelques divertissement.
Dans le fond et le reste de la salle, les bavardages ne sont qu'une soupe légère qui ne perturbera pas trop ce spectacle à venir.

Avant même que le ménestrel ne commence son récit, une serveuse se montre au côté de Alrun, face à Anselme. Elle dépose devant chacun un bol en bois, contenant quelques pommes de terres en robe et luisantes de beurre, ainsi qu'une belle pièce de viande grillée aux herbes marines.
"Ha !" S'exclame Alrun, surprise. "C'est déjà l'heure du repas... Allons bon, tu as faim ?" Demandera-t-elle au mercenaire en sortant sa bourse.
"Vous nous mettrez deux pintes avec ça."
"Bien. Bon appétit !" ponctuera-t-elle d'un sourire avant de s'éloigner chercher les boissons et si rien ne la retenait.

Sur la petite scène, une douce musique s'élève enfin et le ménestrel prend sa respiration.
"Laissez-moi vous compter, en ces temps troubles, l'histoire de la jeune fille abusée par les Ombres..." Il ponctue sa phrase d'un petit accord avant de commencer d'un ton légèrement chantant et appuyé :

"Cette histoire se déroule non loin d'ici,
Sur cette terre que l'Ombre a noirci.
Sachez mes damoiselles, que rien n'est au hasard
et que votre candeur en serait troublée par Son Art !

Le Seigneur des Ténèbres-heu, celui qui créât la nuit...
Celui-là même qui la fit grandir-heu, la pire des ignominies...
Chantez avec moi cet hommage
A la pureté du plus jeune âge!
Victime de son amour à la beauté sauvage
Si trompeuse et qui la brisa sans ménage !

Car c'est au creux de ces Monts Verts
Qu'une liane d'Ombre exposa son lierre !
Encerclée de ses barreaux dorés
L'Ombre ne pu espérer liberté!
Des siècles durant, elle fut prisonnière
Concentrant sa malveillance, et tout son fiel !

Devenu l'abri de l'un de ces grands esprits,
Cette liane charma la plus frêle des brebis...
En cette douce et jeune damoiselle
qui en l'approchant fit preuve de zèle !
Elle fut charmée par ses ronces passionnelles
Approchant sa main pour y goûter le miel !

Enfer ! La pauvrette tomba de fièvre
Libérant l'Âme qui s'en trouva bien fière !
Aucune médecine, aucune bénédiction
Ne su libérer la pauvrette de son affliction!
Elle succomba à une grande folie
Libérant le Démon et ses envies !

On dit qu'il se nomme 'Abaoth, Seigneur du désir',
Et qu'il fera de vous tous ses pantins et ses martyrs.
Car ses enfants sont les démons de la Passion,

Qui hantent vos cauchemars et dénaturent vos actions !
Ne vous laissez pas séduire par ces êtres !
Prenez garde à celui que votre lit pénètre.
Ils n'auront aucune pitié pour votre âme
Et feront de vous leurs amants, avant le drame !"

Le ménestrel achève son histoire par quelques mélodies plus sombres et mélancoliques, jouant de ses doigts agiles contre l'instrument qui se tue lentement.
Il se leva alors sous quelques applaudissements. On lui donna quelques pièces d'or et il se courba devant son public. Peut-être pourrait-il profiter d'une table pour boire une pinte de bière et arroser son gosier asséché.
En parlant de breuvage, voilà que l'on sert les deux comparses revenus de leur 'guerre'. Une bière dorée à la mousse épaisse se tient là, elle a le léger goût du sel et le piquant des algues. Une bière surprenante s'il en est, brassée aux havres.

Spoiler:

La fin de la prestation du ménestrel fera se retourner Alrun droite sur son siège, agrémentant ses impressions sur l'histoire d'un haussement de sourcil, l’œil brièvement arrondi :
"Hé bah... Charmante cette histoire... Le conte d'une pauv' fille naïve qui s'fait avoir par un truc qui brille, bravo..." Soupire-t-elle enfin.
Chacun son interprétation, puisqu'Anselme en a une toute autre vision pour lui.

Le mercenaire boit sa bière, Alrun le fera avec plus de parcimonie. Elle en prend malgré tout une bonne moitié avant de goutter à son plat. Penchée vers son assiette, un bras en travers, elle aspire sa nourriture brulante et répond la bouche à pleine -ignorant son comparse du regard-.
"Mouais... Mon père était soldat." Levant enfin son attention sur lui, débarrassant ses lèvres d'une dégoulinure grasse elle reprend d'une voix plus claire :
"Mais j'ai quitté l'armée parce que j'en avais raz l'cul de rel'ver mes collègues à la frontière Ouest. Mercenaire ça m'botte plus... et... même si on a les Boucliers noirs à la Cité Impériale, j'ai voulu changer d'décors. J'l'aime bien c'port, alors autant y vivre quelques années... Autant qu'on peut.
Et toi ?"

Une discussion banale semble s'installer entre ces deux là, tandis que la salle reprend son ambiance de discussion, de beuverie calme et de dégustation.
Le ménestrel a rejoint la table d'à côté, laissant son instrument pour tailler le bout de gras avec quelques clients enjoués.

Spoiler:

Alrun reprendra le repas en écoutant l'histoire de son compagnon. Elle lèvera parfois un coup d’œil, souriant en coin à ce côté 'naïf' qu'il décrivait lui-même.
"Hmf... Sans idéal on irait pas bien loin, en même temps."
Soupire-t-elle en se redressant bien assise, le ventre plein, empoignant sa choppe pour se donner le temps de dire :"Y'a encore du travail à faire au Nord, c'est sûr, mais on peut s'dire qu'on est sur la bonne voie; les privilèges n'appartiennent plus qu'à ces incompétents au cul brodés d'or poussiéreux, qui ne savent qu'aligner des courbettes et d'jolis mots vides de sens."
Haussant brièvement les sourcils d'un air écœuré, elle s'enfila le reste de sa choppe et garda un instant la bière dans ses joues en claquant le cul du bock vide contre la table.

Le Sud... et son armée.
Déglutissant enfin, comme si sa pensée fut enfin formée, elle répondit, l’œil fixe sur la table :
"Bah ça c'est une bonne question. On est tous sur le pied d'guerre sans trop savoir quoi faire. Préparer la défense de la cité, oui, c'est certain... Mais j'ai entendu dire qu'on avait des négociateurs sur le coup...

L'armée du Sud va attaquer sur deux fronts. Y'a plusieurs généraux, plusieurs factions et tout c'beau monde va frapper les Havres et la Cité Impériale. J'sais pas si l'empereur du Sud a bien compris les enjeux d'cette guerre et pourquoi il le fait vraiment...
Haha ! " Un rire, pris entre nervosité et ironie lui échappe : "Les gars nous ont passé en jugement, rien que ça... On nous a accusé d'être responsable de la colère de Seri et qu'le poids d'nos pêchés ont précipité l'humanité vers la déchéance.
En gros c'est d'not' faute si l'Premier Nécromant est rev'nus... Pour eux ça sonne comme une apocalypse dont on s'rait responsable. La seule réponse qu'ils ont trouvé à ça c'est d'nous flanquer une raclée. Un coup si définitif qu'ils ont vidés leurs forces dans ce combat.
Le Sud est vulnérable aux Morts maint'nant. Et quand on s'sera tous entretués... 'y restera plus qu'Eux.
Les Négociateurs ont en partie à charge de rapporter cette 'idée' là... Mais j'pense pas l'empereur du Sud si con... J'crois bien qu'il s'est laissé dépasser à un moment et qu'il peut pas rev'nir sur cette décision sans passer pour un idiot."
Son nez se fronce d'un rictus amusé. Puis elle reprend d'un air sérieux, une expression soudaine lui laissant alors dire :
"Hey mais tu voulais pas t'débarbouiller toi ?"
Claquant une pièce d'argent sur la table vers lui, elle ajouta :
"Va donc voir le gérant, il te f'ra préparer ton bain... Avec ça, t'auras même droit à du pétale de rose et du parfum. Comme ça tu s'ras tout beau tout frais pour ton supérieur... pour sûr qu'ça risque d'lui plaire... hahaha"