Bâtie au pied de la plate-forme littorale, la cité des Havres s'étend sur plusieurs kilomètres ; elle ouvre son œil sur l'océan et sur l'ensemble du trafic fluvial dont elle est le centre mondial. Son air vivifiant charrie les embruns salés qui parfument les saisons et agrémentent les senteurs des pins, accrochés à la roche calcaire et à la terre sableuse.
Les âmes sont généralement enthousiasmées par la cote sauvage, les flots et ces immenses bâtiments tout de voiles parés, les couleurs chatoyantes de ses façades et de ses habitations qui affichent à la fois richesse et misère 'touchante'. L'amabilité de TOUS les commerçants est assez singulière ; pour certains étrangers elle est très -trop- franche pour être honnête... mais le voyageur garde généralement un bon souvenir de son passage aux Havres.

Ici, l'humanité est en 'paix'...
Les Havres dépendent de la Capitale Impériale, mais la Cité possède son propre Pouvoir ; elle est dirigée par un Conseil régulièrement renouvelé et monté de ses plus prestigieux marchands et artisans.

Les Havres sont la place forte et tournante des marchés fluviaux. Son port est connu dans le monde, il est l'un des plus grands.
La ville est un mélange ethnique plutôt intéressant... En se promenant dans les rues on y voit facilement des Nains, des Elfes d'Amethy, des Hybrides... Et par-dessous l'on peut s'attendre à y trouver des peuples aux rapports moins amicaux comme les Drows, les Déviants... quelques rares Peaux-vertes dotées de raison...
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La demi saison est surement le plus agréable pour y vivre. En été, les odeurs de poissons sont parfois difficiles à supporter... tout comme la population qui s'ensuque et peine dans les ruelles étroites et escarpées, usées par le sel.
L'hiver ? L'hiver... c'est encore une autre affaire. Mais ce matin est assez clément. Si le froid fait blanchir les toits et les ombres persistantes, le soleil qui se lève dissipe rapidement la brume givrée et baigne la cité dans une ambiance dorée.
Sur le port, le gèle recouvre les quilles d’amarrages, les chaînes et les cordes. Les vaisseaux sont dentelés de stalactites scintillantes mais il n'y a pas de plaque verglacée à fendre ce matin.
Le pavé, légèrement glissant, redeviendra rapidement praticable dès les premiers rayons.
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Hors ce tableau -changeant au gré des saisons mais persistant dans ses activités et l'esprit qui l'habite-, il y a une tension particulière qui règne dans la Cité.
Chacun sait mais personne n'en parle : l’armée du Sud est en marche vers le port. On dit que l'attaque est reportée, que les soldats campent à moins d'une journée... Depuis le jour où le Sud a déclaré la guerre au Nord pour hérésie majeure, les combats auraient déjà du commencer, non ? Le Conseil prépare ses forces armées, fait un recrutement massif et renouvelle les défenses de la ville... Le temps s'est suspendu, mais il n'est pas mort.
Il y a cependant un second problème, devenu presque invisible... secondaire même, dans l'attente de cette armée qui campe à proximité... Ce problème s'est relevé il y a plusieurs mois ; il a terrorisé la population, il a scindé les familles -jeunes et anciens- il a baigné l'humanité dans la terreur avant que le protocole mis en place ne devienne plus qu'une habitude et finisse par presque faire oublier la menace mortelle qui étend pourtant son ombre sur l'Humanité.
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Brûler les morts sur des bûchers funéraires, plutôt qu'à les enterrer, semble être redevenu une tradition. Veiller sur les anciens, sur chaque malade... développer les sanatoriums... Plutôt que la peur de l'autre, les Humains ont franchi une frontière pour enlacer celui qui pourrait devenir l'origine d'une détresse dans le voisinage.
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Ce matin, un fils des Havres s'est levé pour s'engager dans l'armée ? Quelque soit le combat dans lequel il devra se projeter, le garçon semble animé d'une certaine ténacité ? Motivée à faire reculer la dictature, qui se cherche une excuse pour mettre la main sur le Nord ? Poussé par ce que tous semblent décidés d'occulter -à savoir la Mort qui frappera bientôt... sans qu'aucun ne sache 'quand' ni 'comment' ?- Fondamentalement orienté vers la résolution des petites et grandes injustices dont il a été témoin -et qui rappellent les temps sombres du grand Soulèvement de l'an 12 ? Celui-là même qui a fait tomber les têtes de l'aristocratie oisive et ventripotente, qui a griffé le visage de la religion Serienne ; reléguant la Mère a un mensonge et une machination pour dominer le Peuples, au même titre que son voisin du Sud ?

Zev quitte sa modeste maison pour trouver la caserne la plus proche.
Sur une place marchande, ronde et cerclée d'étroites maisons aux faces bigarrées de rouge et d'ocre blanchis par le froid, se tient un ancien temple de la Mère.
Parmi les bâtiments religieux, rares sont ceux qui ont gardés leur fonction première... Les autres sont devenus des administrations, des collectifs de combattants, et même des bastions... Ce temple, là, est assez grand pour avoir été réquisitionné afin d'y développer une nouvelle faction de l'armée.

Le bâtiment est vaste, rectangulaire, haut, surélevé d'une vingtaine de marches toutes aussi blanche que son front. Sa double porte et ses colonnes de façade sont protégées par une grille ouverte en journée... Ceux qui montent et qui descendent sont de fiers et neufs soldats... tout comme Zev semble être engagé à le devenir ? Il pourrait encore reculer et se poser quelques réflexions qui le remettraient fondamentalement en question...

S'il est résolu, il pourra s'engager dans un long hall au plafond sous coupoles et arcs croisés, déligné d'une forêt de colonnes et de hauts murs qui augmentent la résonance autrefois religieuse des lieux.
Au bout de cette allée dallée, plutôt vide à cette heure, se tient le bureau des enregistrements... et Zev y sera accueilli par un homme d'âge moyen. Il lèvera simplement le regard sur le sien, en attente d'une introduction ?

S'engager dans l'armée ce n'est pas une décision légère... Plus qu'une mission de Mercenaire, on y vendrait presque son âme pour une durée plus où moins déterminée par contrat -ou compétence au combat-. On ne déserte pas l'armée... encore moins en ces temps compliqués !
C'est la tête pleine de son ambition et de sa 'peur' que le jeune fils des Havres se présente au bureau du gratte-papier.
L'homme assit devant lui détache ses yeux de ses parchemins, levant un œil brun vers les siens, le visage taillé par une certaine forme d'austérité - à croire que, quelque soit son affectation, un soldat à la gueule et la stature du guerrier. Même le gratte papier. -

"Bienvenue, Zev Mersur." Dira-t-il en se fendant d'un sourire accueillant, chassant sa mine froide et concentrée pour s’adosser à sa chaise.
Abaissant le regard sur son bureau il ouvrira un tiroir et tirera un parchemin pré-rempli pour le placer devant lui.
"Tu t'engages pour six mois et ce sera renouvelable à la fin si tu le souhaites.

Tu bénéficies d'un lit dans le dortoir et tu commences l'entrainement dès que tu signes. La solde est d'une pièce d'argent par jour, mais si tu es un bon soldat volontaire, tu auras des primes dont le montant varie en fonction des honneurs qui te seront rendus.
Dans la caserne, les repas se prennent en salle commune et pas ailleurs. Ils sont à heures fixes et c'est toi qui te le fournis.
Un quartier libre est possible une fois la nuit tombée, mais attention... on est pas une auberge. Si tu dépasses la moitié de la nuit tu devras te trouver un lit ailleurs. Ici, ce sera fermé.
On s'entraine aux aurores alors pas de retard si tu couches dehors.
Des questions ?"
Prévient-il en glissant le papier plus loin devant lui du bout des doigts.
"Tu signes ton nom ou une croix si tu ne sais pas écrire..."
Une plume encrée lui sera donnée depuis l'autre main.
Si Zev s'engage, il fera sa petite croix, comme beaucoup d'autres qui n'ont pas bénéficié de l'apprentissage efficace de l'écriture et de la lecture...

"Quand tu auras signé tu feras un tour des lieux, on t'attribuera ton couchage et ton uniforme. Le Général te sera présenté un peu plus tard... en attendant tu t'entraineras avec un autre gradé." Répondra-t-il avant de l'observer signer.
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Récupérant le contrat, l'homme observera la conformité de la 'signature' et froncera brièvement les sourcils en voyant le symbole 'proposé'. La plupart de ceux qui ne savent pas écrire efficacement signe avec une simple croix. Zev vient de faire une cible barrée d'un X.
Bloquant une seconde sur cette 'fioriture' il finira par sourire simplement et se lèvera, afin d'interpeller un homme passant dans une salle adjacente.
"Soldat Reguys !"
La silhouette fait volte face, se présente dans l'encadrement d'une porte ouverte et se rapproche du duo dans la pièce principale.
"La nouvelle recrue Mersur a besoin de faire le tour du propriétaire et d'aller à la rencontre de l'instructeur Ydus Halus pour l'évaluation de compétences."
Le soldat Reguys opine du chef d'un geste très officiel, puis biaisera l'attention vers Zev pour lui proposer de le suivre.
"Suis-moi."

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Si Zev n'a pas de remarque ou de question, il pourra emboiter le pas de son guide et se rendre à gauche par une porte simple, ouvrant sur la salle des repas. Plusieurs tables sont agencées dans cette place, entourées de bancs et chauffée par un âtre dans lequel se suspend une marmite vide aux crochets de crémaillères.
"Le repas est pris à heure fixe le soir. Quand la cloche sonne, tout le monde s'installe ici." Dira-t-il avant de désigner une porte close à gauche :
"Là-bas c'est le stock de la caserne, on va t'y trouver une couverture et un uniforme."
Se rendant dans la direction pointée du regard, le soldat tire un jeu de clés de sa poche et déverrouille le loquet pour passer le pallier d'une pièce noire. Il trouvera facilement ce qu'il cherche sans le voir, puis il ressortira avant de verrouiller et de tendre à Zev une fourrure pour la nuit -ainsi qu'un uniforme ressemblant à celui de la Garde des Havres... mais plus spécifique à l'armée-.
"Si ton uniforme abîmé, il faut le déposer à l'entrée pour qu'on te le fasse changer. Tu es chargé de tenir ta tenue en état, pour ce qui est du reste.

On porte l'uniforme dès le levé. Je vais te mener au dortoir pour que tu puisses te changer."
Prenant la suite de la visite, le soldat traverse la salle du repas pour gagner une autre longue pièce s’étendant sur toute la largeur du temple -ou presque-.
Des lits en bois sont alignés et superposés, disposant chacun d'un double coffre.
"Il y a une place ici... Tu pourras entreposer ton sac dans ce coffre si tu le souhaites." Se tournant simplement pour laisser à Zev le temps de se changer, le soldat patientera avant de lui désigner une salle allant dans la continuité du dortoir.
"Ici : salle d'eau et latrines..."
La pièce dispose d'un long banc de pierre, avec perces côte à côte, chacune couverte d'une simple chape de bois avec poignée. A l'opposé, plusieurs paravent simples divisent des demi-tonneaux drapés de blanc, eux-même fermés d'un couvercle en résineux.
La salle dispose d'un puits à même la dalle du sol, également occulté. Il y a des seaux et un âtre encore chaud de braises disposant d'une marmite déjà pleine.
"Le bain, c'est le soir au besoin... Sinon, tu as des vasques et du savon à disposition derrière le paravent du fond."
Ouvrant une porte amenant sur un extérieur, d'où proviennent des bruits étouffés de combat, le soldat ajoutera :
"Ici c'est l'entrainement extérieur. Il y a une pièce pour les combats en intérieur avec les râteliers d'armes à disposition et l'appartement du général. Je vais immédiatement te présenter à l'instructeur qui se chargera de ton évaluation.
Des questions ?"
Marquant une pause sur le pallier, le soldat hausse un sourcil et se tourne vers la nouvelle recrue.

Zev est officiellement engagé ; on ne le laissera pas oisif dans la salle des repas ou profiter d'une sieste dans le dortoir. Son évaluation est immédiate afin de lui donner son affectation, sa spécialité dans laquelle il pourra se démontrer et participer durant la guerre... et la guerre, malgré son attente, est aux portes.
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Les soldats qu'ils croisent sont rares, la grande majorité est à l'entrainement.
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Par la salle d'eau ouverte, Zev jette son regard sur la cour qui se dévoile à ses pieds. Pavée, cerclée d'un haut mur, elle dispose de zone dédiée au tir, à l'entrainement sur mannequins et en cercle lors de confrontation directe. Ceux qui se battent ne le font pas tous sous l’œil d'un 'supérieur'. Les groupes se gèrent selon les ordres donnés et circulent d'atelier en atelier quand il le faut.
Sur cette place, Zev peut compter une trentaine d'éléments actifs ; hommes et femmes confondus.
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Reguys passera le pallier, puisque Zev n'a ni remarque ni question. Traversant la place il se dirige vers un homme posté dans un coin, droit, observant d'un œil à la fois global et précis les échanges qui se font devant lui. Parfois il lance un appel personnalisé et reprend le soldat fauteur ou l'encourage en mots courts et impactant.
Lorsque Reguys s'approche assez de sa zone, il biaise l’œil puis se tourne face au duo.

"Instructeur Halus." Il s'incline légèrement, poing sur le cœur et ajoute : "Nous avons une nouvelle recrue, le Soldat Mersur."
"De la chair fraîche-hein ?" Sourit-il en coin avant d'incliner légèrement le front :
"Un élan de loyauté qui doit être salué en ces temps, soldat Mersur. Les Havres et le Nord ont besoin d'Hommes comme vous.

Vous pouvez disposez, Reguys."
Le soldat s'exécute, s'incline à nouveau d'un mouvement sec et saluera silencieusement Zev avant de le contourner pour rejoindre une salle intérieure.

"Alors, soldat... Tu sais te battre ? Tu as appris à manier une épée ou l'arc ? La dague ?... J'aimerai voir de quoi tu es capable à froid, dis moi quelle est ta zone de confort si tu en as une."

"Instructeur Halus." Le reprend sans être trop tranchant le supérieur qui lui fait face, laissant le soldat continuer sa présentation sans plus le couper.
"Un vrai fils du port." sourit-il en concluant la description orale des compétences de cette jeune recrue. "Le combat à main nue est un bon début... Sur le champ de bataille, si tu perds ton arme ou ton bouclier tu es un homme mort. Mais si tu sais jouer d'une main ou même des deux alors peut-être que tu t'en sortiras.

Je veux voir ce que tu vaux en combat à distance avant de te tester au corps à corps." Il recule d'un pas sans tourner le dos à Zev et empoigne un arc court et quelques flèches sur un râtelier.
"Prends ça et va te placer devant cette cible, au niveau de la limite"
Désignant une zone de tir, dont la distance est marquée d'une ligne de planches, l'instructeur Halus croise les bras et observe avec attention.
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Les cibles sont des bottes de pailles peintes, cintrées à l'aide de cordes et de bois ; elles sont largement à portée de l'arc court depuis la limite désignée.

L'instructeur observera attentivement la jeune recrue se positionner, encocher, bander son arc et tirer. Contrairement à ce qu'il croit, Zev ne touche pas deux fois sa cible*; seul le premier trait traverse le bas gauche de la paille -le second frôle le centre, mais se perdra vers le mur qui clôture la zone de combat à ciel ouvert-.
"Ce n'est pas si mal, mais la puissance de tes tirs ne doit pas primer sur la justesse. Un ennemi éraflé vaut plus qu'un coup puissant raté... Tu as l'air d'assez bien manier l’outil pour t'éviter de toucher un allié, mais pour ça... il ne faut pas être blessé. Si tu encaisses une blessure à l'un de tes bras, plus de tir... et tu peux être amené à perdre de ta maîtrise.

Tu dis que tu sais te bagarrer alors voyons ça."
D'un sifflement, Habrus attire l’œil d'un soldat à l'arrêt ; assis a attendre son tour dans un cercle de combat au corps à corps.
"Soldat Ellis, approche."
La femme se lève prestement et va en ligne droite sur l'Instructeur.
"Nous avons une nouvelle recrue. Donne-lui l'initiative et réplique."
"Soldat Zev, tu attaques et tu anticipes l'offensive. Voyons ce que donne ta défense..."
La jeune femme hoche sans un mot et biaise le visage vers Zev afin  de le repérer et de se rapprocher de lui. S'arrêtant à quelques mètres, hors de la zone de tir, elle se place en position et attend que ce dernier s'engage.

"Retiens pas tes coups." lui dit-elle en pinçant plus sérieusement le regard.

Sous l'oeil de l'instructeur, Zev perd l'équilibre et doit se ressaisir avant d'espérer tenir sa défense face à son adversaire d'entrainement. Sa posture n'est pas très bonne et ne lui permettra pas d'esquiver ou d'encaisser la première attaque de la jeune femme qui lui fait fasse.
Poings serrés, la guerrière tente son tour contre lui, biaisant d'abord un oeil vers l'instructeur qui fera un signe de la main.
"Pas de pression, on y va tranquille."

Le premier coup de poing s'écrase contre le ventre de Zev. Le coup n'est pas fais pour blesser, mais il sentira la masse serrée qui vient appuyer sur son abdomen. 
Le second coup transperce un vide au flanc de son bras, avant que la jeune femme ne dise :
"Allé, deuxième chance, montre lui que tu sais viser."
Zev est repositionné, il peut retenter ses attaques et espérer mieux préparer sa défense.