Fordred quitte le bain. Il se rapproche sans attendre de Lio, faisant fi de sa nudité... quel besoin...

Mais lorsque ses doigts se redressent pour saisir cette main tendue, l'obscurité l'avale. Son mouvement s'écrase à l'aveugle sur quelque chose de froid et de lisse, semblable à du verre. Une paroi courbe et verticale.
Mais cette cécité ne durera pas... Fordred sera assailli de 'visions', des flashs rapides; comme lors de son précédent voyage.

Il endure une lame fine et froide trancher dans ses chairs sans savoir la localiser, il voit la peau se fendre. Il sent l'os qui se laisse ballotter de droite à gauche, se briser dans un craquement matte, une texture solide et alvéolée. Il goûte ce liquide chaud et sirupeux qui s'écoule et la matière grumeleuse qui se répand tout en essayant de se maintenir...
Soudain. Il se voit. A genoux au sol et entouré de ténèbres chaudes. Ses entrailles s'échappent de son abdomen... Il peut toujours tenter de les remettre en place; elles fondent entre ses doigts et son corps lui donne la sensation de se vider. Une masse lourde qui serpente sans vie hors de lui.
Fordred n'est plus qu'une enveloppe qui se met alors à souffrir. Il a l'impression de percevoir une irritation généralisée, comme s'il avait subit des heures de torture... Même s'il n'en a pas l'expérience, c'est ce qu'il peut s'en laisser dire...

Le voilà debout. Indemne, dans une salle aux contours perdus dans l'ombre et qui se dévoile étroitement à ses yeux... Une vaste chambre rongée par le temps et qui à tout l'air d'être un laboratoire ? Sans s’attarder sur les détails de ce qui la compose, il remarquera plusieurs tables de bois noircis, des seaux, des tablettes... des sortes de grandes tiges de verre, larges et au contenu envahis d'un genre de moisissure verte et sombre. Des formes de boyaux en sortent ou en viennent et il y a la si surprenante odeur piquante d'un mélange d'alcool et d'autres substances irritantes à son nez et à ses yeux.
L'ombre réapparait devant lui, humaine, sans aspérité et sans brume. Lio a bel et bien l'apparence d'un homme mais seulement dans son contour noir. Son cœur se dévoile dans une palpitation ténébreuse, révélée par une clarté jaune qui augmentera les contrastes de sa vision, jusqu'à ce que la salle ne se perdre dans les ténèbres complètes :
Tue. Trouve le moyen. De le stopper.
Zah'a. M'a tué.
Articule la voix à l'oreille de son âme.
Le silence ne les entoure pas. Un bourdonnement constant accompagne Fordred.

La voix de Fordred raisonne et absorbe le bourdonnement incessant. Le silence retombe. Il ne reste que lui et la forme de Lio à quelques pas.
Je ne suis pas sans lui. Il 'est' sans moi.
Tue moi, il vivra. Tue-le, je disparais.

Une vibration vient perturber la lumière légère et palpitante de Lio. Sa forme grésille, elle se fait irrégulière, comme si elle tendait à perdre contenance. Puis elle se rassemble et se met à apparaitre plus vaste, plus gigantesque.
Lio devient une entité cauchemardesque dans un paysage désolé; couvert d'une poussière de sable qui s'étend en nappes déchirées sur un sol de dalles et de dents de pierres. Un temple délabré se tient péniblement, haut, la cime perdue dans une atmosphère couleur sable et tourmentée.
Sa forme n'est plus humaine, elle est massive, brumeuse, à la fois aillée et reptilienne. Ses doigts sont crochus, sa peau est déchirée. Il est gris, noir, il se mêle à la pierre rongée par le temps et qui tente de se maintenir en haute structure. Son échine se termine d'une longue queue nuageuse et son visage... n'est plus qu'un aspect lisse et clair. Il regarde Fordred d'un œil invisible et coulant sa forme entre les colonnes usées, se maintenant de ses griffes au pilier pour se pencher dans sa direction :
Je suis à lui, il est à moi. Zah'a nous a réuni pour mieux nous séparer. Il n'est pas conscient de ma souffrance où il l'ignore en pensant que l'esprit peut oublier la douleur en se tendant indéfiniment vers cette perfection qu'il idolâtre.
Je ne suis qu'un amas de poussières et de ruines depuis des siècles. Je ne supporte plus mon tourment...
Il m'a enfermé dans une cage de brume pour me couper du monde. Il vit isolé pour mieux me conserver à lui.
La voix remplit ce monde fantasmagorique qui se trouble de lignes d'un vent étrange et silencieux, comme une griffe sur une peinture fraîche.

Spoiler:

Le paysage se déchire, ses couleurs se tirent et la réponse de Fordred le fera dégouliner.

Le tableau s'étiole, la forme de Lio et tout ce qui l'entoure ce met à rompre dans une bavure gigantesque. De toute part, le paysage se met à fondre et disparaitre dans l'obscurité, entrainant avec lui Lio et son 'monde'.

Fordred se sent enfin tomber. Le sol se dérobe sous ses pieds, son corps se laisse emporter par une gravité qui le tire vers le bas, fait flotter ses entrailles dans un chatouillement pour le moins désagréable... Et soudain, il se stabilise.

Le mage se réveille en sursaut dans un trouble d'eau. La clarté du soleil qui réchauffe sa peau, la tiédeur du bain, le chant des oiseaux  et les bruissements de la forêt retentissent dans cette salle à nouveau tangible.

Il s'est 'réveillé'. Tout ceci n'était qu'un affreux cauchemar ? Ou était-il réel ? Il n'a pas de blessure à proprement parlr. Il n'a que ses visions encore fraîches et la sensation bien concrète d'être 'seul' dans cette ondée blanchâtre.

Plus haut, dans la salle annexe, la jeune déviant frémit dans un froissement de draps.

Fordred prend un temps pour se rassembler. Son âme a enduré ces visions. Elles lui semblent trop incroyables pour n'avoir été que le fruit de son imagination...
Alors il quittera le bain, s'entourera d'une tenture et ira chercher la jeune femme mise au lit.

D'un tintement de chaîne et d'une pression, il la tire vers lui et accompagne le geste d'un ordre. La déviante ouvre les yeux et s’extirpe de la couverture, des draps, le visage bas et le corps leste... Elle le suivra jusqu'au bassin, jusqu'à cette zone qui ondoie de clarté.
La lumière du soleil poudroie en un halos opaque et, à sa vue, avant même que Fordred ne lui demande l'improbable, elle se replie d'avantage sur elle-même. Ses cheveux, ses bras, tout est bon pour la protéger de cette douleur qui l'assaille soudain. Les reflets de l'eau la frôlent et elle semble disparaitre un instant.
"Non... non, non, non !" s'étouffe sa voix dans une sorte de strangulation d'horreur.

Elle ne tendra pas le bras d'elle même, il faudra que Fordred l'empoigne et la force pour cela... -ce qui n'est pas difficile en l'état-.
En attendant, il semble constater que l'ondulation lumineuse dissipe la chair, dissipe la présence, comme si elle effaçait ce qu'elle touche.
Une fine odeur âcre de chair et de cheveux brulés se fait sentir. Elle est aussi infime que les parfums de l'encens, ceux que le vent chasse de la pièce.
La fille se recouvre de ses maigres vêtements et se roule en boule en tirant au mieux sur ce lien de métal qui lui accable l'esprit.
"Pitié... pitié !" Dira-t-elle en combattant l'ordre qu'on lui donne pour sa survie... sa misérable survie pour une existence d'enfer.
Fordred veut voir ce que ça fait ? Il veut constater l'effet du soleil sur un Nocturne ? Alors qu'il le sait mortel. Quelle lugubre curiosité. Doit-elle lui insuffler une idée, un plan d'action, une révélation ? Par cette fille qui se débat sous ces yeux, confirmant la théorie (en partie).

Les questionnements de Fordred. Ils auraient pourtant du trouver une partie de leur réponse en lisant l'un des livres qu'il avait eu entre les mains. De la peur du soleil ? De la crainte qu'il inspire et de son pouvoir mortel sur les Nocturnes ? Peut-être n'avait-il fait que lire en travers les ouvrages de la bibliothèque. Cette constatation peut expliquer cette expérience qu'il tente de mener avec la déviante... à l'exposer au soleil comme s'il n'en était pas conscient, ou qu'il ne voulait tout simplement pas y croire avant de le 'voir'.

La fille se laisse emmener vers plus d'obscurité, en lieu sûr. Elle restera repliée sur elle-même, assise, bras entourant ses genoux, front bas. Les mots de Fordred ne sont pas pour la tranquilliser. Ils lui rappellent son sort et l’interrogent sur ce réflexe qu'elle a eu face à l'astre.
Est-ce si incompréhensible de voir que la survie parle plus fort que les mots ? Qu'il ne suffit pas d'être mentalement préparé à périr dévoré, mais qu'une fois devant la souffrance, c'est bel et bien le corps qui se met à hurler ?
Cet instinct de répulsion face au soleil est bien nouveau pour la jeune femme... Elle n'avait pas cette peur à combattre avant ce jour.
Que peut-elle répondre, à par réprimer un sanglot et se serrer d'avantage sur elle-même. Car en réalité, Fordred lui crache son fiel sans chercher à connaître le fond de cette expérience. Il a vu une déviante disparaitre en partie par à la réfraction d'un rayon diurne et une odeur de chair brulée. Voilà tout.

Quittant la donzelle dans son silence, il se retournera vers la bibliothèque pour se choisir un autre ouvrage.

Le voilà qui s'excusait après l'avoir brusquée pour une raison qui lui échappait... Il voulait 'comprendre' donc il s'acharnait sur elle, pensa-t-elle, parce qu'elle était seule ici avec lui ?
... et voilà qu'il voulait connaitre son prénom.
Un sentiment de culpabilité se mêle à l'amertume et à l’incompréhension.

Relevant à peine le visage, elle observe l'humain entre ses cheveux défaits, l’œil fixe et triste.
La jeune femme hésite. Mais elle répondra :
"... j'ai eu l'impression de mourir... je ne sais pas ce que ça fait de mourir, mais j'imagine que ça doit ressembler à ça."
Elle renifle et redresse l'un de ses avant bras pour s’accouder à ses genoux et retenir son front d'une main.
Fermant les yeux elle reprend :
"Je me suis sentie tomber avant de voir un ciel de feu, une pluie de sang, des montagnes qui déchirent le ciel et... nos Pères... mon Père... sortir d'un lac d'huile noire.
Après, tout s'est brouillé... Il y avait une forme dans le ciel, quelque chose que j'aurai du mal à décrire. Elle a parlé, elle a dit quelque chose comme... ne pas tourner le dos à l'éternité, être la digne fille de la nuit et combattre ceux qui ne peuvent exister...
Mais le message était comme... brisé. J'ai eu du mal à le comprendre au début... jusqu'à ce que je me réveille avec cette douleur sur tout mon corps.
'Puis j'ai ressenti cette renaissance. Je suis... totalement attirée par mon Père." Sa voix se serre. "Tout cet amour que j'ai soudainement eu pour lui... il l'a piétiné si durement..."
Son front, trop lourd, glisse de sa main pour retomber sur ses genoux.
"... et j'ai tellement faim... j'ai tellement faim..." soupire-t-elle par deux fois avant de se délier sans redresser la nuque, laissant sa tignasse noire couler devant son visage abaissé, avançant ses épaules, puis le buste, jusqu'à ramper sur ses genoux en direction de Fordred :
"... Je... m'offrirai à toi si tu m'en donne un peu... pitié, ça me ronge de l'intérieur, ça me brûle... je ne te ferai pas de mal..."
Elle tend difficilement son bras vers lui, les doigts tremblants.

Si son esprit avait été plus clair, elle se serait attendu à ce qu'il la repousse pour répondre à l'ordre de son 'père'. Mais non... La déviante n'avance plus que par le prisme de la soif. Son corps tout entier réclame cette substance vitale qui doit la maintenir, qui doit apaiser cette brulure qui lui ronge les veines et la peau.
Pourtant, son contacte est glacé, aussi froid que la mort. Elle se laissera presser contre l'humain qui irradie de chaleur, qui pulse d'une attirance plus forte que toute autre chose. Dès lors que la proie ne se débat pas et l'invite à elle, la déviante se laisse transporter par l'effluve d'un désir improbable.

La voix de l'humain, elle l'entend de loin, comme si elle eut été étouffée par une atmosphère épaisse... Car la jeune femme n'est plus de 'ce monde'. Son être tout entier s'est focalisé.
Sa mâchoire se brûle à la tangente de cette gorge humide et elle mord. Un peu maladroitement... On ne devient pas expert comme ça... pas comme Zah'a, par exemple...
Disons que, si un Nocturne veut faire souffrir à la boisson il le fera, tout autant qu'il peut rendre la chose moins brutale avec plus de savoir-faire -Fordred pourra en tirer sa théorie sur le sujet... puisqu'il semble épris de ce genre d'étude-. Elle, c'est la nouvelle née... Elle balbutie et trébuche. Alors ses crocs traversent la chair avec lourdise et dureté. Sa bouche se serre, se desserre puis se resserre... Elle tâtonne alors qu'elle sent cette artère qui pulse là, juste en dessous. Elle enserre sa proie des bras, d'une jambe, s'accrochera à elle comme à un rocher suintant de miel...

Lorsque le sang coule enfin, sa première gorgée est une extase pure. Mais elle ne peut pas démordre, elle doit boire encore.
Alors elle agrippe plus fort.
Une main se glissera à la racine des cheveux de l'humain pour lui tordre la nuque et se pencher sur lui, s'appuyer plus encore jusqu'à le faire chuter s'il le faut ! Ses mâchoires laboureront sa chair... le sang bave. Elle ne prend pas le temps ou la conscience de le lécher, se nourrissant à la source seulement...
La mage peut bien se débattre, elle tiendra tête jusqu'à en finir.

Et lorsqu'elle se détache, une jambe maintenue autour du bassin de Fordred, elle laissera son buste partir en arrière, ses bras accompagnant sa lente descente jusqu'à se retrouver dos au sol...
Sa peau n'est plus glacée, elle est tiède. Tiède du sang de Fordred.

Fordred. Il avait cru faire face à la faim affaiblie, à la voracité humble et subtile du pécheur ?
Pensant pouvoir maîtriser la bête de vice, la créature nocturne sans la connaitre, l'humain se laisse surprendre et 'humilier' parce ce contrôle qui fuite brusquement entre ses doigts. La fille s'est fondue sur lui malgré ses chaines, s'est accrochée à son corps comme le ferait un serpent et à bu son sang jusqu'au débordement. Si Fordred devait insister pour la détacher, il sentirait l'accroche de sa mâchoire lui arracher la gorge...
Et il ne veut pas 'mourir'.

Rassasiée, la déviante s'est allongée sur le dos. Le crochet de sa jambe sera violemment repoussé par le mage qui fulmine de rage.
Le regard de la jeune fille se rouvre soudain, fixe sur le plafond lorsqu'elle l'entend vociférer. Mais il y pire encore... elle se semble se réveiller de son acte. Elle dévisagera l'humain d'un œil terrifié tandis qu'il la tire par le collier. Dans un réflexe, les doigts de l'une de ses mains s'attachent aux maillons tendus, puis il la repousse dans un claquement de chaine qui la jette en arrière.
La déviant se ramassera sur le flanc avant de se trainer dans un coin d'obscurité proche et de s'y terrer... comme une bête étanchée, mais blessée.

Le mage profitera de sa couche, espérant ne plus être dérangé par qui que ce soit ! Cette journée a été très... très chargée. Et il aura subi de nombreux désagréments -la plupart dus à ses choix et ses actes-.
Ainsi... le jour s'achève et la nuit s'amène.

Lorsque la lune pointe par le puits de lumière, que les flammes d'huile s'étirent dans l'obscurité pour donner à la chambre une atmosphère plus intimiste, la porte s'ouvrira dans un léger raclement de gonds.

Zah'a se tient sur le pallier et, avant de le franchir, lèchera le salon du regard, comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un... voire qu'il découvrait les lieux pour la première fois ? -peu probable... sauf si l'on en croit sa mémoire défaillante-.
D'un pas calme, il passera le seuil.
Un bruit de chaîne attirera son attention et la fille se resserre dans un coin en le suivant passer sans l'approcher... comme si elle devait le craindre ou ne plus savoir comment agir.

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Si Fordred ne s'est pas réveillé au grincement de métal et à la légère secousse de chaine... Se sera par la main de Zah'a qu'il émergera.

Ainsi entouré dans ses draps comme un nouveau né, le mage -s'il dort toujours- recevra une caresse glacée, donnée du bout des doigts par le Sang-pur contre son front. Zah'a est penché sur lui comme le ferait un père auprès de son enfant endormit...
"Fordred..." soufflerait-il alors en se courbe un peu plus vers son oreille. Fermant ses paupières en révulsant ses yeux dans une inspiration profonde.

Le mage s'extirpe de sa torpeur et se redresse; de sorte que Zah'a en fasse de même pour éviter la bousculade, achevant son mouvement dans un tintement plus apaisé de ses parures.
Un sourire vient fendre ses lèvres et plisser en demi-lune ce regard qu'il tient abaissé contre l'humain assit plus bas.
La nuit ? Tombée ?
Cette demande lui fera prestement détourner le visage dans de nouveaux cliquetis métalliques. Il semble chercher une vision de la clarté lunaire... elle apparait à quelques pas en contre bas, vers le bassin et entre les colonnes qui barricadent les espaces.
"Il semblerait bien..."
Comme s'il n'en était pas certain ! Pourtant, c'est bien parce que la lune s'est levée et que le soleil s'est couché qu'il est venu chercher le mage... Pour quoi d'autre se serait-il déplacé ? On peut imaginer diverses raisons, mais à l'instant, aucune d'entre elles ne répondra à l'imagination.

"J'ai fais un rêve..." commence-t-il en ignorant Fordred, prenant un faux air sérieux tout en prenant place assise sur le rebord du lit :
"J'ai vu Lio dans sa tourmente. Il venait à moi, il me regardait, me frôlait... me buvait. Et d'un seul coup..." Son visage se redresse pour fixer un point invisible au plafond, papillonnant brièvement : "il s'est détourné de moi..."
Sa voix se fait plus lente et désincarnée, son œil retombe sur le mage à son flanc. Les lèvres ouvertes sur son dernier mot, il fini par sourire une fois encore et ajoutera :
"As-tu connu l'amour, Fordred ? Le véritable Amour... Celui qui t'enchaine et te brise, celui qui te fait souffrir tout en stimulant ton appétit, qui prend ton énergie alors que tu lui donne déjà tout..."

Ha ! Mais on ne parle pas de n'importe quel Amour... Il n'est pas question dans les mots de Zah'a de réciprocité, de langueur et de chanterelle en fleur......
Fordred répondra 'non'. Bien sûr qu'il répond 'non'. N'importe qui d'un tant soit peu équilibré répondrait que : l''Amour' ce n'est pas 'ça'. Ce n'est pas ce que Zah'a décrit. Et le Nocturne s'attend évidemment à ce que l'humain ne se range pas à son expérience. Même s'il lui répond froidement, le Premier-Né reste dans sa lancée... inarrêtable ou inconscient de la méprise.
L'air presque rêveur, le Premier-né reprend : "Oui... Bien entendu. Et c'est parce que tu ne le sais pas..." Il laisse son soupire trainer un peu puis se penche vers le mage "... que je t’interdis de le toucher."
Son œil se refroidit, emportant son rictus sur une face plus longue et figée.
"Ça et parce que ça te tuerais, probablement." Lance-t-il soudain d'un air plus guilleret, quittant le lit pour se redresser.
Sans regarder Fordred, il réajuste une boucle à son oreille :
"Tu as parlé avec Lio... Je le sais... Il t'a téléporté. Il a très bien pu entrer en contacte avec toi et recommencer."
Ses iris argentées coulent avec dédain sur le corps de l'humain, laissant ses lèvres déliées et ses crocs négligemment dévoilés.
"Lio te tueras si tu me touches. Si c'est toi qui le touche et qu'il ne te transforme pas en cadavre, c'est moi qui m'en chargerai."

Si le mage ne le retient pas d'un mot ou d'un argument, le Premier-Né se retirera en disant de loin : "Prend la fille et suis-moi. Nous avons de la route..."

Un contact non désiré ? Des menaces ?
Tandis qu'il se détourne, Zah'a se fait retenir par le poignet. Les doigts du mage se referment sur ses étoles, le préservant d'une nouvelle emprunte glacée. Le Premier-Né se retournera sans surprise et transpercera Fordred d'un œil acerbe. Le mage le lâche ? Il retirera son bras et l’encerclera de sa main libre comme si une souillure l'avait pincée.

"De la rancœur..." Le Sang-Pur souffle un rire léger en dévisageant l'humain. "J'ai brisé son corps, je l'ai vidé, je l'ai transformé. J'ai fais de lui un être supérieur. Il ne me fera pas de mal parce que nous sommes liés... et je compte bien le terminer.

Lio croit pouvoir se détourner de moi parce qu'il t'a parlé, il croit qu'un autre monde existe en dehors du nôtre... mais ce n'est pas le cas.




Je me souviens, maintenant. Je sais pourquoi j'ai fais de lui ce qu'il est et 'ça' tu ne le comprendras jamais."
Se repositionnant face au mage dans un silence léger, il ajoute : "Parce que tu n'as aucune idée de ce que nous sommes l'un pour l'autre."
Puis il se détournera et quittera la pièce, en disant de loin : "Prend la fille et suis-moi. Nous avons de la route..."