La première arène

Le jour ce lève sur la cité des sables... un jour comme un autre depuis que les morts se redressent, depuis l'embrasement des quartiers, le soulèvement de la Rébellion et la contre-attaque 'efficace' de l'Inquisition.
Il se dit que l'armée de la ville a quitté ses rangs depuis un moment, pour rejoindre celle d'Earon et se diriger au Nord des territoires Humains.

La ville se reconstruit depuis plus d'un mois, la vie reprendre son cours, si ce n'est que la menace des Morts plane toujours.
Les buchers funéraires ont remplacé les autres rites sépulcrales et, dans les arènes de combat, la mort est donnée par décapitation pure et simple de l'esclave vaincu.

Ce jour qui se dresse est particulier pour la jeune Ro. Depuis qu'elle a été vendue, qu'elle a été rompue au combat chaque matin, elle n'a pas encore vraiment connue l’arène... et ce soir, sera son tout premier combat à mort.
La jeune Ro se réveille dans sa cellule, celle qu'elle partage avec d'autres combattants dans l'aile réservée de la vaste demeure de sa maîtresse. Derrière les habitations de la Dame Mahren, s'étend un jardin privé, encadré, agrémenté de fontaines et d'oiseaux rares, d'animaux de compagnies...
Au delà de ce havre de paix, d'une haute palissade en bois, se tient le quartier des esclaves destinés au combat. Les cellules et les salles encerclent une zone poussiéreuse destinée aux entrainements.

Mahren est un nom réputé dans ce quartier riche de la ville. Tous les matins elle se rend aux marcher d'esclaves pour s'enticher d'une femme ou d'un homme de compagnie, d'un nouvel animal.
Mahren rend visite à ses gladiateurs une fois de temps en temps... Elle les observe sous toutes les coutures, comme de vulgaires bouts de viandes, soulignent les muscles et les défauts du bout de sa baguette et n'hésite pas à réprimander le responsable des entrainements, dans le cas où ce qu'elle voit ne soit pas satisfaisant.
Aujourd'hui elle viendra. Justement parce que ce soir, elle les envoi dans l'arène.

Ro se réveillera dans la clarté dorée et poussiéreuse de sa cellule, vaste d'une vingtaine de mètres carrés et qu'elle partage avec cinq autres gladiateurs. Elle couche sur une paillasse et dispose d'un petit coffre de rangement.
La jeune femme ouvre les yeux quelques secondes avant que le responsable de la troupe ne vienne frapper les barreaux de son bâton, comme tous les matins, en hurlant de sa voix rocailleuse :
"Debout là-d'dans ! Aujourd'hui c'est le jour de votre mort alors c'est pas l'heure de s'reposer !"

Tous les combattants se précipiteront en dehors de leur case, attendant à l'ombre qu'on leur donne le droit de manger.
Lorsque le chef a vérifié que tout le monde se soit bien aligné, il fouettera l'air de sa canne en direction des cuisines de l’arène d'entrainement.

Dans le fond de la cours, une fenêtre transperce un petit bâtiment. Ici, l'on distribue au fond d'un bol une pâte de semoule et de lait qui tapisse l'estomac. Les combattants s’assoient où ils peuvent et profitent de leur 'repas' sans broncher.
Chacun sait que suite à ce 'rituel' matinal, il sera temps de se changer pour s'entrainer...

Ro commença son repas seule, sous l'ombre qu'avait à offrir l'étage des quartiers de ses maîtres au combat. Moribonde et constatant que le silence s'installait aussi dans la bouche de ses frères et sœurs d'armes, elle se rapprocha d'un compagnon.

L'homme vers lequel elle prend place mange goulûment sa ration de semoule sans saveur. Il se tient assis dans la poussière, coudes sur les genoux, arcbouté vers son bol duquel il ne se détachera pas.
"Humf !" Sourit-il en libérant sa joue d'une rondeur molle.
"Estime-toi heureuse de manger." Il reprend une lampée du bout des doigts et reprend :
"Y'a une époque où elle affamait ceux contre lesquels elle pariait... Maint'nant c'est interdit. Mettre un esclave mal nourrit dans la terre et le sang, c'est l'expulsion du Cercle."

Détachant enfin son regard du récipient vide, il redresse légèrement la nuque pour observer Ro. D'un mouvement de langue il libère un interstice entre ses dents avant de s'aider d'un ongle.
"J'ai entendu dire que le combat se ferait en groupe de deux par deux ce soir." Jugeant de la zone vide et dédiée aux entrainements, au centre du bâtiment encadré par les cellules et les salles de stockages il reprend :
"Ce matin, Mahren va venir voir l'entrainement. Elle jugera des duos, fonctions des faiblesses et des atouts.

Gros enjeu, tu vois ?"
Dit-il sur le ton de la fausse confession en se penchant vers elle, jusqu'à bousculer volontairement son épaule de la sienne.
"J'espère que tu n'finiras pas avec un d'ceux là..."
D'un bref mouvement du menton détaché du regard, il désigne un trio de nouveaux esclaves, agglutiné dans un coin, totalement désemparé et mal entrainé.
"... et moi non plus.
Pour sûr, les plus forts finiront enchainés à eux. Et crois bien que Marhen connait nos capacités, elle verra si on s'donne pas à fond."

Compétence utilisée :

Si son collègue de cellule retient son rire derrière ses lèvres, il ne répondra pas à la pique de la jeune femme et laissera son regard quitter les trois nouveaux pour détailler chaque visage présent dans l'arène d'entrainement...

Ro se lève et se déplace jusqu'aux étrangers. Lorsqu'elle s'approche assez, les trois paires d'yeux la détaillent de façon très personnelle.
Parmi eux, il y a une jeune fille au visage marqué de légères cicatrices, les cheveux épais et noués en tresse. L’œil sévère elle ne fait qu'observer rapidement la demoiselle avant de rebaisser les yeux d'un air renfrogné.
Le second, au centre, est un homme d'un certain âge, la peau flétrie par les éléments et le labeur en extérieur... il posera plus longtemps ses yeux verts sur ceux de Ro, laissant son expression tirée vers le bas.
Quant à la dernière, une femme entre deux âges, la peau de ses joues a été lardée d'anciennes blessures profondes. C'est un œil triste mais combattif qu'elle renvoi à la gladiateur.


"Je m'appelle Isath." Dira la fille à la tresse sans lever les yeux. "Je ne sais pas me battre avec mes poings... mais j'ai appris à me servir d'un baton... Enfin je... je crois." Sa voix s'étouffe dans un murmure.

L'homme biaise l'attention sur celle qui parle avant de répondre :
"Mon nom est Ortas. J'étais fermier dans le Nord, avant d'être vendu... Je sais manier la pelle et la fourche. Si je me suis un jour battu, c'était dans mes jeunes années." Dit-il d'un ton à la fois sec et résigné.

De son côté, la femme au visage profondément rayé baissera le regard sur la poussière de l'arène avant de dire :
"J'ai pas d'nom... et j'en veux pas même après ma mort. T'as pas besoin de savoir si je sais m'battre ou non." Se ferme-t-elle en ramenant ses genoux sur sa poitrine.

Ro sent que ces trois là sont de vrais novices... sauf peut-être pour la troisième qui garde son mystère avec ses larges lézardes. La plus téméraire reste la jeune fille à la tresse et le plus faible... l'homme au visage parcheminé.
Quoi qu'il en soit, rien ne dit que l'un d'eux n'aurait pas l'avantage sur elle si le destin le voulait...

"Allé bande de feignasses ! Fini d'ripailler c'est l'heure de l'entrain'ment. On s'tient bien droits et on s'met en rang ! Hop ! Hop ! Hop ! Hop ! Hop !" Déblatère le maître d'arme sans marquer une seule pause et rythmant ses mots de claquements secs entre ses paumes fraîchement recouvertes de poudre blanche.

"On ferme bien sa gueule, comme d'habitude.
Pas de remarque, pas de regard de traviole quand la Maîtresse arrive !
On reste droit et on rechigne pas... Sinon ce s'ra le fouet bande de larves !"

Traversant l'arène de long en large en donnant ses indications, il attend que ses rangs soient formés.
La maîtresse ne tardera pas à se montrer.

Les gladiateurs sont en place, bien alignés sous le soleil qui rempli la cours poussiéreuse, attendant dans le plus grand silence que la Maîtresse veuille bien se présenter.
Les secondes se transforment en minutes et certains esclaves commencent à transpirer ; autant d'impatience que de crainte... que de chaleur.

Enfin, une porte annexe à celle qui distribue les repas s'ouvre dans un raclement. Mahren apparait sur une chaise de transport à bras, portée par deux hommes. Un voile se dresse au dessus de sa tête et projette une ombre légère contre son visage ; il est maintenu par deux montants de bois dressés dans son dos. L'esclavagiste s'évente d'un fouet de paille, qu'elle lance parfois devant elle d'un geste agacé pour chasser une mouche.
Marchant à ses côtés, Ravron tient à la main un plateau argenté rehaussé d'une tellière et d'une tasse. L'homme garde les yeux accrochés au sol.

La Maîtresse se fait installer devant la zone de distribution de nourriture et ses deux porteurs se placeront derrière elle, droits comme des piquets. Ravron s'agenouille pour ne pas dépasser Marhen, verse du thé sans qu'elle n'ait eu besoin de le demander.
Lorsqu'il s'arrête et s’assoit sur ses talons, il lève le regard sur l'arène et détail sa fille d'un œil qui trahit une émotion contenue de tristesse.
D'un mouvement sec du poignet, la femme claque sa mouche tout en donnant un ordre silencieux au maître d'arme.

"Chacun prend son arme de bois au râtelier !" Lance-t-il en baissant le visage avant d'inspirer profondément.
Les gladiateurs savent ce qu'ils ont à faire.
Dans les zones de stocks se tiennent toutes les sortes d'éléments destinés aux entrainements en corps à corps... mais aucune lame véritable. On y trouve des bâtons, des boucliers, des 'épées', filets, fouets,... Chacun y prendra ce qu'il veut pour se préparer au combat.

Lorsque les gladiateurs reviennent, parés de ce qui donnera leur meilleur chance de vaincre, le maitre d'arme formera des duos en nommant chaque esclave.
Ro est enfin interpellée, cette dernière est mise à l'épreuve avec son collègue de cellule.

Le gladiateur semble un peu surprit mais se positionnera devant sa coéquipière, armée d'une épée de bois.
"Ne m'en veut pas si je ne te ménage pas." Murmurera-t-il en passant à son flanc pour se positionner.

Dès que les installations sont faites, le maître ajoute :
"Pas d’abandon tant que vous tenez debout ! Celui qui ne peut plus se battre s'écartera de la zone pour aller à gauche du terrain. Le vainqueur ira à droite !
Allez !"
Dira-t-il en donnant le départ. Il s’écarte pour rejoindre le flanc libre de Marhen.

Ro à l’initiative de l'attaque.

Compétences utilisées :

Ro suit la 'compagnie' jusqu'aux râteliers et se prend un bouclier de bois. Mais la jeune femme devra rapidement se résigner à l'utilisation de ce moyen défensif, puisqu'elle choisi de n'utiliser que la force de ses poings.
Augmentant sa force d'un gantelet, elle espère mettre à terre son ennemi sans trop se faire amocher.

Positionnée devant son adversaire, elle attaquera la première sous le regard de son 'père' et de sa Maitresse... qui observe la scène grouillante des conflits d'un œil encore peu intéressé.

Ro envoi un premier coup de poing bien senti sur le bras gauche de son adversaire. Le coéquipier encaisse ce coup dur et contre-attaque.

Visiblement déstabilisé, le guerrier rate sa première tentative dans un mouvement peu gracieux de son bras armé... heureusement qu'il en a la maîtrise, sinon le résultat aurait été plus catastrophique encore.
Dans un second temps, l'adversaire de Ro vient frapper du plat de la lame de bois le flanc de sa jambe droite.

Compétences utilisées :

Son adversaire est coriace.... En deux coups elle l'a presque mis à plat. La nouvelle offensive lui éclate la jambe et lui arrache un grognement agacé. D'autant plus mauvais perdant face à cette exclamation moqueuse qu'elle lui lance... comme si tout ceci n'était qu'un jeu... sans enjeux.

Ratant une nouvelle fois très maladroitement son premier coup, le gladiateur renchérit et frappe la jambe droite de sa partenaire.
Ses coups sont moins puissants que les siens... La jeune fille s'en sort bien mieux que lui... et cette idée à l'air de le rendre assez nerveux ?

Ce dernier coup porté met son adversaire à terre.

Le gladiateur s'impose un genoux dans la poussière, visiblement à court de souffle et souffrant d'hématomes au bras gauche et aux jambes.
Le regard embué de sueur il maintient les yeux au sol avant de les fermer, s'avouant vaincu... presque honteux de sa prestation. Sa nuque se relâche puis il se redresse, prenant la direction de la zone des perdants au combat.

Quant à elle, la jeune femme pourra se positionner là où vont les vainqueurs. Si elle lance un œil en direction de sa Maîtresse elle croisera son regard, visiblement intéressé mais non moins sévère et acide. Son père adoptif lui ose une attention rassurée et même fière. Sa peur s'allège quant au destin de cette soirée qui s'annonce, craignant moins que sa 'fille' ne se fasse charcuter dans l'arène...

Le temps que les combats cessent, Ro restera debout et alignée avec les autres. Dès lors que le maître d'arme stoppe les conflits, chacun peut se 'détendre'... mais pas trop... jusqu'à ce que la Maîtresse se redresse en fouettant l'air de son éventail de paille.

"Bravo..." tonne sa voix éraillée par trop de silence imposé sur sa journée.
"... Chacun des vainqueurs et des vaincus se verra attribuer une couleur puis un allié pour le combat de ce soir. Un gaucher avec un droitier. Vous serez menottés l'un à l'autre et serez engagés dans un combat contre de nombreux adversaires.

Je compte sur votre réussite pour ne pas entacher ma Maison... Ma réputation est plus importante que vos misérables vies.
Si vous mourrez, faites-le avec panache."
Conclut-elle s'en attendre une seule réponse de la part de ses esclaves. Chacun sait qu'il n'a, en aucun cas, le droit à la parole spontanée.

La femme se détournera de son assemblée et reprendra place sur sa chaise à bras. D'un geste elle commande à ses porteurs de la ramener chez elle, accompagnée de son serviteur qui se saisit du plateau à thé et égare une dernière attention pour sa fille, l'encourageant d'un hochement silencieux de la tête.

Si Ro cherche des yeux les trois esclaves auxquelles elle a précédemment parlé, elle ne verra que la jeune fille à la natte du côté des vainqueurs... les deux autres ayant été écrasés par leurs adversaires.

L'heure est à la 'détente' et au repos, jusqu'à ce que l'horizon commence à rougeoyer...

Le gladiateur n'avait pas répondu à Ro - tout au plus lui aura-t-il rendu un regard sans haine mais trahissant sa déception intime. Lorsqu'il se sépara d'elle, il alla rejoindre la ligne des perdants et fixa le sol d'un air grave.

Dans son rang, Ro observe les dix combattants vainqueurs et remarque la présence de l'une des nouveaux esclaves. Se rapprochant d'elle une fois le 'calme' retombé, elle lui avoua sa surprise...
La jeune fille à la tresse tient en mains un bâton d'entrainement. Elle lève les yeux sur la femme qui lui adresse la parole et esquisse un bref sourire en coin... tout en baissant les yeux.

"Oui... Mon adversaire s'est laisser surprendre, lui aussi." Dira-t-elle avant de replacer une mèche de cheveux crépu derrière son oreille. "Mais j'ai pris quelques mauvais coups à la tête et au thorax... J'espère que le niveau ne sera pas pire, ce soir... je ne comptais pas mourir aujourd'hui.
Et toi ? Tu t'es battue contre un homme... Il n'a pas l'air bien souple." Termine la jeune fille dans un bref rire.

Chacun des combattants sillonne désormais sur l'arène. Certain parlent, d'autres se donnent des conseils en adoptant quelques postures de défense ou d'attaque, d'autres encore prennent place assise dans la poussière, rejoignent leur cellule...
Le maître d'arme discute avec des gardiens, donnant des directives quant à la préparation de l'évènement du soir.
Au bout d'un moment, il s'adressera à ses esclaves :

"On me forme deux belles lignes bien droite !"
Attirant l'attention en claquant deux fois dans ses mains, il détend les bras devant lui et impose un axe double de ses index :
"... Les combattants ayant remportés leur duel se positionnent là ! Les combattants ayant perdus leur duel se placent ici !"

Isath s'exécutera et restera proche de Ro. Sa présence semble la 'rassurer', elle qui ne connait encore personne et ne peut qu'observer ses deux autres acolytes dans la ligne voisine.
Au bout de chaque rang, un tonneau de pigment liquide a été placé. Un rouge et un jaune. Les esclaves vainqueurs recevront un coup de teinture sur le poitrail. Contre chaque vêtement ou chaque torse présenté, un 'plumeau' de crinière vient marquer les désignés. Ro et Isath, comme tous ceux de leur file, reçoivent le pigment rouge tour à tour...

"... Votre boulet ou votre rédempteur de ce soir, vous sera adressé dans la journée. Vos chaines seront scellées dans l'hypogée de la grande arène des Sables."
Précise-t-il d'un ton moins autoritaire, mais non plus sympathique.

"D'où tu viens, toi..." Demandera Isath tandis que le Maître d'arme s'éloigne et qu'elle quitte la colonne humaine.

La jeune fille se mit en garde et écouta les conseils de sa camarade... tout en pensant que -enchainée à un autre gladiateur, une arme deux mains ne lui serait d'aucune utilité.

Lorsque sa comparse lui parla de ses 'origines', la jeune fille se permis de baisser les yeux vers le sol et de répondre enfin :
"Nous venons tous de la poussière et nous y retournons... Ce qui compte, c'est peut-être la manière dont nous aurons su nous démontrer dans la vie..."
Dans un élan 'philosophique' la jeune fille finit par se racler la gorge. Elle inspira profondément en perdant son regard sur l'horizon de l’arène d'entrainement et dirigea enfin son attention sur Ro.
"J'espère que l'aube se lèvera encore pour nous demain."

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Rien d'autre ne viendrait animer la vie des gladiateurs avant la fin de journée et le soleil engagera sa course vers les couleurs sanglantes d'une soirée lourde et attendue.

Le maître d'arme et ses sbires virent encadrer les combattants pour les ferrer chacun séparément et les guider vers la sortie du domaine. Personne ne croisera Marhen qui fera son voyage à part.
On fait donc traverser les jardins de la Maîtresse, puis le patio de sa maison avant de faire monter tout ce beau monde dans différents chariot-prison.
Ro se retrouvera assise à même le plancher des carrioles, probablement adossée au barreaux de fers croisés qui encadrent les esclaves.

La cité des Sables s'ouvre à eux, élargissant leurs horizons habitués aux cellules et à l’arène d'entrainement. L'air circule plus librement et l'on y rencontre des citoyens, des enfants... Des curieux finiront par suivre le cortège qui se dirige vers l'arène.

Au bout de plusieurs traversées de ruelles, carrefours et artères, les cortèges se présenteront devant le lieu tant attendu.
Devant eux, un bâtiment de pierre couleur sable se surélève de cinq mètres seulement...
Les esclaves Combattants seront sortis sous bonne garde et ils feront peu de mètres à pied avant d'atteindre la prison qui les reçoit.

Le sol poussiéreux s'étend jusque sous la 'battisse' qui se construit en cercle et l'on fera passer les intéressés par plusieurs marches creusées dans la roche et soutenu d'un tunnel voûté.
Une odeur âcre de sang ancien, de transpiration de peur et de vieille cave remonte des tréfonds.
Au bout de plusieurs mètres descendus, les Combattants pourront se réunir dans une salle étroite disposant de bancs à ses flancs, de tables en long et percée au plafond par quelques lucarnes inaccessibles.

Pour l’instant, aucune foule ne scande son impatience, aucun combat n'est encore annoncé, mais chacun ne tardera pas à s'installer. Lorsque le soleil sera couché, les clartés de l'extérieur seront remplacées par les lueurs des flammes... et les Combattants pour se laisser ferrer les uns aux autres, choisir leur arme à une main... et entrer dans le vif du sujet.

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L'arrêne est donc creusée dans le sol. Son mur extérieur s'élève de cinq mètres mais ses gradins s'enfoncent dans la terre sur plusieurs estrades de pierre taillées. Il y a des loges particulières dans les hauteurs, ouvertes par des piliers de bois, couvertes de toiles rouges et ocres. Ces lieux sont réservés aux chefs de la cité, à la noblesse et aux maîtres esclaves.

Le cercle de poussière, que Ro découvrira en temps et en heure, fait vingt mètres de diamètre. Des sortes d'obélisques se dressent aux points cardinaux et des trappes ensevelies se cachent sous le sable - donnant sur les geôles des Combattants.

Il n'y a plus qu'à patienter encore un peu... et Ro peut largement sentir le stresse gagner les plus faibles -et même quelques esprits pourtant forts au combat-. Une odeur aigre s'ajoute au parfum déjà lourd.

Isath a pris place à son flanc. Elle ne semble plus vouloir la quitter depuis qu'ils sont sortis de leurs combats respectifs.

Ce n'est pas de la chance qui aurait pu réunir Ro et Isath en partenaire pour le combat, mais une grossière erreur. Toutes les deux ont la même couleur peinte sur le buste ; ce qui les place en position de 'combattant vainqueur'. La règle du jeu est d'enchainer un vainqueur et un perdant face aux ennemis de la soirée.

Le sous-sol qui accueillent les gladiateurs est une salle longue et étroite. La lumière passe par quelques lampes à huile en terre, suspendues, et de petites percées le long du plafond voûté. Les bancs de bois usés, disposés au flanc des murs, permettent aux gladiateurs de se faire face en deux équipes. Isath est assise au flanc de Ro, sur la ligne des combattants 'vainqueurs'.

Le conseil que la gladiatrice donne à cette jeune fille, qui semble s'accrocher à elle comme une moule à son rocher, lui fait tout simplement baisser les yeux. Elle acquiescera d'un hochement timide et silencieux...

Au dessus de leurs têtes, dans l'arène, la foule commence à s’amasser. On entend un bourdonnement de voix, des claquements, et une cacophonie qui scande l'arrivée d'une personnalité.
Une voix portée entame un discours, mais les mots ricochent dans le sous-sol et se déforment jusqu'à devenir incompréhensibles pour tous les esclaves.

C'est à cet instant que le Maître d'arme fait son apparition.

"Il y en a parmi vous qui ne savent pas se battre. Il y en a parmi vous, qui disent qu'ils ne pourront pas se battre."
Sans quitter des yeux l'assemblée des esclaves qui s'étendent en rangs à sa droite et à sa gauche, il lève le bras en direction de l'arène au dessus de leur tête et ajoute :
"... Mais quand vous serez dans l'arène, vous n'aurez pas le choix."

Un tonnerre d'applaudissements et de martèlements gronde soudain.
"... entendez la foule...
Ils sont tous là pour ça ! Pour que vous donniez la mort !
Vous êtes des esclaves, des criminels, des parjures de la Mère... Si votre vie prend fin ce soir, faites-le pour qu'on se souvienne de vous ! Allez à la rencontre de votre mort comme des Hommes !

Levez-vous !"
Termine-t-il d'un geste des bras au niveau de ses hanches pour traduire la parole en mouvement.

Les deux lignes de combattants se lèveront. Ceux qui refusent seront incités par quelques gros bras destinés à faire respecter l'ordre en présence du Maître d'arme.
On dirigera les deux lignes d'Hommes vers le fond du couloir. Devant une grille, un forgeron fera en sorte de sceller deux prisonniers l'un à l'autre.
La foule, qui scande et s'impatiente, émet un brouhaha rythmé. Et ce chant de guerre sera agrémenté des coups de marteau qui claquent les fers sur une enclume, attachant les gladiateurs réduits aux couleurs des vainqueurs et des perdants.

Ro ne sera pas ferrée à Isath.
Elle sera bientôt face à l'enclume avec un homme à son flanc... un étranger qu'elle connait pourtant mais dont elle a probablement oublié le nom.
Cet esclave là, est dans l'arène de Marhen depuis quelques semaines... Il était charbonnier dans les grands bains de la Cité. C'est ce qu'elle a entendu dire en tout cas.

Si Ro doit faire une esclandre parce qu'elle n'a pas le partenaire de son choix, c'est maintenant.
Sinon, elle suivra les autres menottés en traversant la grille de la geôle pour se retrouver dans une salle d'armes...
Ici, l'on ne trouve que des armes à une main. Épée, rapière, gantelet... bouclier.

Tous les esclaves ont une main prise. Lorsque Ro se battra, elle n'aura pas autant de chance que seule.*

Compétence utilisée :