Les Havres. Cette cité, bâtie au pied de la plate-forme littorale, s'étire et s'étend sur plusieurs kilomètres. Son air marin est revigorant, ses embruns salés parfument chaque saison et agrémentent les senteurs des pins, des roches et de l'eau, tel un condiment qui s'adapte à tous les repas. Il ne faut pas craindre l'indigestion d'une telle couleur de vie !
Ici, l'humanité est en paix...
Enfin, c'est la surface. Probablement la peinture encroutée de l’œil émerveillé d'un voyageur lointain ? Enthousiasmé par la cote sauvage, les flots et ses immenses bâtiments tout de voiles parés, les couleurs chatoyantes de ses façades et de ses habitations ? La misère 'touchante' de certain quartiers, l'amabilité de TOUS les commerçants ! Et cette très, trop, franche camaraderie qui semble réunir tout le monde... même les étrangers.

Les Havres sont la place forte et tournante des marchés fluviaux. Son port est connu de par le monde, il brasse énormément.
La ville est un mélange hétéroclite et ethnique plutôt intéressant... En se promenant dans les rues on y voit facilement des nains, des elfes d'Amethy, des hybrides... Et par dessous l'on peut s'attendre à y trouver des espèces aux rapports moins amicaux comme les drows, les déviants... quelques peaux vertes dotées de raison...

La demi saison est surement le plus agréable pour y vivre. En été, les odeurs de poissons sont parfois difficiles à supporter... tout comme la population qui s'ensuque et peine dans les montées des ruelles étroites, escarpées et abimées par le sel.
L'hiver ? L'hiver... C'est encore une autre affaire.
Et ce matin est assez particulier.

Il fait froid. C'est vraiment peu de le dire.
Prenons pour exemple le port. La plupart des quilles d’amarrages gèlent avec leurs cordes. Certaines chaines doivent être frappées à grands coups de masses pour être dégelées et libérer leur vaisseau... La pêche est plus rude... Le pavé glissant dévient un véritable mouroir.
On déserte les zones escarpées dès lors que les vitres se font opaques avec la gelée. Les habitants contournent sur plusieurs pâtés de maisons afin de rejoindre leur commerce, faire leur course... Et, même si le soleil embellie cette nouvelle journée, d'une clarté d'or blanc et brumeux, qu'il semble que les toitures gouttes de la gelée matinale... Respirer l'air n'en est pas moins douloureux.
Il fait si froid, que les narines se saisissent à la moindre inspiration... Le vent abaisse les silhouettes et recroqueville les vieillards qui se cherche leur propre chaleur...

Mais de quoi se plaint-on, en fait... Il fait beau ! Non ? Se pourrait être bien pire, vu les tempêtes de grêles qui se sont abattues sur les terres du Nord ! Il n'y a finalement bien qu'un citoyen pour se plaindre... ce lamenter de ce tableau, de ce temps, de cette ambiance qu'il connait pourtant.
Anselme est un homme des Havres. Peut-être voit-il sa ville comme aux premiers jours de sa vie ? Qu'il ne s'en lasse pas... qu'il y vit paisiblement comme un sage en harmonie avec lui-même et son entourage ?

Anselme doit pourtant la quitter cette ville. Les Lions Rouges l'ont missionné. Il a en main un contrat assez mal rédigé, peut-être... Qui évoque une mission de repérage au Sud-Est de la ville. 'Il devrait passer les rempares pour marcher sur plusieurs kilomètres, suivant les pistes pour vérifier qu'une cargaison d'armes ne se serait pas perdue ?'
Roh elle a pas l'air super chiante cette mission ?! Puff puff...
Il faut bien le faire pourtant ! Qui se lancerait dans le mercenariat, persuadé de n'être assigné qu'aux taches les plus glorieuses... Ha... Ha ! Et qui donc serait assez courageux pour arpenter la ville, passer sa muraille et zoner sur les chemins infestés de toute la vermine rodant sur cette terre ???
Oui, oui... la belle affaire. D'autant qu'Anselme ne sera pas seul. Le contrat stipule également la présence d'un coéquipier. Le rendez-vous est donné devant l'auberge Chevauche-écume **, un établissement situé sur les hauteurs de la cité.
Il se présentera... et attendra un peu.

Une auberge mentionnée, un mur...
Voilà de quoi patienter.
Anselme prend le temps de penser à sa mission floue. Même s'il s'agit de vérifier où en est le convoi d'arme promis aux Lion Rouge, il ne sait pas qui sera son partenaire et où il doit concrètement se rendre... Ni même quel paiement il percevra pour donner des nouvelles -quelles qu'elles soient.-.
Le froid mordant s'accompagne d'une aube claire et blanche. Le gèle sur les pavés s'évapore doucement en une sorte de brume verticale, qui se chahute aux passages des chalands et des carrioles.
Il attendra là... adossé au flanc de l'auberge, qu'une âme lui fasse signe où qu'un visage familier ne l'interpelle. Bénéficiant d'un rayon doré, il peut sentir sur sa peau les bienfaits d'un soleil timide mais reposant.

Au bout de quelques minutes, bercé par les bruits de la cité, la porte d'entrée s'ouvre à son côté. Il en sort une femme, vêtue d'une cape de fourrure noire, entichée d'une veste de cuir et d'une paire de jambières. Arme au fourreau, sac sur le dos, elle le dépasse sans le voir et se tient à quelques pas du pallier, s'étirant rapidement en observant devant elle.

Ce n'est que lorsque son attention l'amènera à étendre ses observations sur son hors champs, qu'elle se fixera sur lui et demandera :
"Le voilà... J'espère que j't'ai pas trop fait attendre. T'es prêt ou t'as b'soin de passer en boutique ? Parce que c'est pas qu'on est pressé mais faut y'aller.
Au fait, j'appelle Alrun. Et toi ?"
Sa voix est assez autoritaire et note d'un certain caractère, bien tranché pour une femme liée aux Lions Rouges. Son visage, il le connait... de loin... Elle n'est probablement pas nouvelle mais pas aussi ancienne que certains membres du clan.
Si la réponse du mercenaire confirme le départ, le duo remontra les ruelles pavées de la Cité pour rejoindre la porte Sud.

Il faudra traverser la zone vaste et plus chaotique des quartiers pauvres.
Au bout d'un moment, après avoir quitté la zone de l'auberge, les pavés se transforment en chemin de terre et artère de boue glacée. Les maisons sont bien plus modestes et dépassent rarement un étage. Faites pour certaine de bric et de broc, bois flottés ou rongés par le sel, blanchis par le soleil, de fenêtres sans vitres et occultées d'un linge, elles abritent une population de pêcheurs, d'artisans, d'éleveurs et de quelques petits commerçants. Des odeurs plus corsées viennent au nez. Entre saleté humaine, poisson, atelier de venaison, sang séché et manufacture du teinture, de transformation de graisse de baleine... Le duo mettra un moment à rejoindre les hauteurs et le rempare des Havres.
La ceinture de protection s'élève sur le plateau affaissé de la falaise qui longe la cotte. La roche blanche est aménagée pour accueillir des habitants. Des maisons sur pilotis ou coincées dans le calcaire creusé, se mêlent aux nids des colonies de goélands qui braillent ici à longueur de journée.

La porte est un lieu de passage fréquent. Marchand en carriole, aventuriers, étrangers de presque toutes les races... Du monde traverse à cette heure. Et le duo passera la herse levée en sillonnant entre les convois stoppés par la garde... entre ceux qui se renseignent sur les nouvelles arrivées et les commerçants en attentent d'informations.

De l'autre côté de ce haut mur gardé, les sons de la cité son étouffés. Le vent rabat les oreilles et une vaste plaine de végétation rase et grasse s'étend.
Le sol est assez pauvre en terre. Il est majoritairement fait de cette roche calcaire usées par les éléments et les passages de nombreux convois. Des pins tordus se rassemblent en forêt, comptant assez peu d'individus, présentant des bois clairsemés au pied couvert d'aiguillons et de pommes de pins squelettiques.
La route avance vers le Sud-Est et s'appauvrira bientôt de ces grands passages qui rejoignent la Capitale.
"T'es du coin ? Parce que moi j'viens de la Cité Impériale. Ça fait cinq ans que je travaille pour les Lions Rouges. J'pensais pas être encore relayée à ce genre de mission... J'm'attendais à quelque chose d'un peu plus risqué... M'enfin faut savoir que cette marchandise aurait du arriver y'a trois jours... y'a de quoi se poser des questions. Tu connais un peu les alentours ?"

La jeune femme devient soudain plus bavarde, dans le silence retombé, ponctué des cris d'oiseaux de la cotte et du vent qui souffle vers le Nord.

compétences:

Elle le tutoie, il la vouvoie... Si Alrun tique d'un rapide haussement de sourcil, elle ne fera aucune remarque sur la distance que l'échange marque involontairement entre eux ? Un échange qui ne répond pas à son niveau de langage. Quoi... Un foutu bourgeois ? Un foutu respectueux de la gente féminine sous tout rapport ? Un gars qui la prend pour sa supérieure ? Quitte à se mettre des barrières orales alors qu'elle venait de les exploser dans son introduction ?
Alrun se sentirait presque remise à sa place.

Le début de la route sera donc silencieux entre eux. Ce n'est pas révélateur d'une tension, mais il n'y a aucun besoin de parler pour relier le point A au point B ?

Lorsque le vent froid balaie le paysage aride entourant les Havres, sur le plateau en front des falaises, Alrun retente un échange. Il est alors question de quelques bavardages qui l'introduiront d'avantage auprès de son compagnon.
Visiblement, le Lion s'entête à y mettre la bienséance. La jeune femme inspirera un peu nerveusement en reniflant, levant le menton droit devant elle. Un léger flottement lui fait pincer puis papillonner le regard, fixant l'horizon libre avant de répondre :
"J'étais soldat à la Cité Impériale. J'ai l'habitude de faire de la veille aux frontières. J'pense qu'on m'a choisi parce que j'ai l'habitude du territoire sauvage.
Enfin... t'figure pas sur le flou de cette mission, les mandateurs sont débordés. Pis c'est pas compliqué, on sait qu'on doit remonter vers le sud et chopper le convoi qu'on attend depuis trois jours. Advienne que pourra.
Et-heum."
Elle ralenti soudain le pas, se tournant en partie vers lui tout en baissant le regard pour l'éviter :
"Arrête de me vouvoyer." Ses yeux remontent alors dans les siens pour les transpercer, ponctuant cet 'ordre' d'un échange oculaire fort :
"C'est vraiment malaisant. J'suis pas une princesse. On est du même clan j'te rappelle alors évitons les barrières sociales du langage. J'te demande pas de te foutre à poils mais de m'considérer comme ton égal, j'suis pas ton supérieur, j'suis rien de moins qu'un troufion mercenaire comme toi."
Appuyant cet entendu d'un levé de sourcils appuyé, elle cillera plus mollement et reprendra la route d'un rythme plus normé.
"Si t'es accord avec ça, commençons pas observer c'qui nous entoure. On est hors des remparts, ici on peut croiser tout et n'importe quoi qui cherche à nous bouffer ou à nous dépouiller."

Compétences:

Spoiler:

La plaine côtière se transforme. Le sol calcaire pauvre en terre s'enfonce peu à peu dans la boue gelée des champs fertiles. Le chemin caillouteux se creuse des sillons de charriots et de convois, d'empreintes de pas et de fers.

Les deux comparses avancent ensemble, attentifs au mieux à leur environnement. La piste que suit Alrun est perdue dans les codes du sol. Impossible d'y trouver la moindre trace appartenant plus sérieusement au convoi recherché... n'importe quelle rainure pourrait être celle qui les intéresse.
"Il me faut des repères qui nous sortent de la voie. 'Y sont rares les chariots qui s'éloignent des routes. Et certaines traces donnent des indices sur la façon dont la sortie s'est faite.
Tu vois celle là ?"
Dit-elle en pointant du doigt deux glissières de terre plongeant dans le hors piste : "Ce convoi est venu du Nord pour rejoindre la route des Havres. Il a du prendre un raccourci. La façon dont il a tourné, dont les empruntes de chevaux sont espacées, révèlent que ce n'est pas une piste exploitable pour nous.
Si je tombe sur une trace plus accidentée et pressée, alors nous remonteront voir ce qu'il en est."
Explique-t-elle à son compagnon qu'elle sent assez peu à l'aise en observation environnementale.

Le silence entour le groupe depuis plusieurs minutes. Rien devant, rien derrière. Mais au détour d'une bute, des voix étouffées s'élèvent. L'on comprend avant même de le voir, qu'un convoi a déchaussé l'une de ses roues et qu'une femme, en présence d'un homme, est en train de s'atteler à la tache de remettre la charrette en route.

Compétences:

Spoiler:

Les voix font légèrement ralentir l'allure d'Alrun. L’œil fixe sur cette butte, qui lui cache encore les deux présences supposées, elle sursaute légèrement à l'idée de son compagnon.
"On d'vrait peut-être..." soufflera-t-elle à voix basse, tandis qu'il s'approche des étrangers sans l'entendre.
La jeune femme pressera le pas sans trop savoir quoi faire ou quoi dire de plus, elle ne sait qu'émettre un doute à cet instant.

La scène qui se dévoile est prise entre deux monticules de terre, deux tertres naturels au milieu desquels passe la voie. La vue est bouchée de toute part.
Là, sur le bas côté, une carriole a été enfoncée dans un nid de poule pour permettre de la basculer et de relever facilement le bras de ses roues arrière... afin de facilité la réparation du mal provoqué par les aléas de la piste.
Il n'y a pas de chevaux, juste une femme, un homme... et la donzelle est préoccupée par la façon dont l'axe doit réceptionner la roue.

"Mais tu vois bien que tu ne peux pas le faire seule !" Rouspète l'homme à son côté, mains sur les hanches, expression froissée par la situation et probablement par cette compagne qui veut s'occuper du problème sans son aide.
"Rah ne dis pas n'importe quoi ! C'est pas parce que j'ai pas tes bras que j'suis plus idiote qu'un autre-hein !"

Les deux sont vêtus d'étoffes bariolées, de couleurs assez chatoyantes comme le seraient certains gens du voyage, certains itinérants sachant chanter et manier les instruments.
Le chariot est en lui-même assez simple. La bicoque en bois se surmonte d'une sorte de 'maison'. Un simple rectangle de planches au plafond arqué et fenêtres de percées. L'extérieur de la charrette est ancienne, piqué par les éléments, blanchi par le soleil, abimé. Il n'y a pas de tenture pour la protéger. En bref... ce chariot fait assez pitié.

Les deux étrangers se redresseront naturellement à la voix qui les interpelle, tandis qu'Alrun est restée en arrière, dans l'ombre, pour se tenir prête en cas de problème ?
La femme soupir en relâchant la roue détachée contre l'axe. Elle aussi, elle cale ses poings sur ses hanches et jugera l'homme qui se présente d'un œil blasé :
"Ho bravo, un Lion Rouge, nous sommes sauvé !" Dira-t-elle en balayant l'air au dessus de sa tête, comme si elle avait chassé ces mots comme une mouche gênante.

"Pardonnez-là elle est à cran..."

"J'vais m'en sortir seule, messieurs !" Rétorquera-t-elle en étirant son dos vers l'arrière avant de se replonger en avant.

"Que fait un Lion Rouge dans le coin ?"

Anselme peut sentir que ces deux là ont l'air sincère dans leur approche à la sienne.

Compétences:

Spoiler:

Le Lion s'explique sur sa présence solitaire et les deux étrangers redressent l’échine devant lui. La rousse se frotte les mains d'un claquement après avoir laisser retomber la roue contre l'axe -chahutant légèrement la carriole sous ce poids soudain-. Un peu en arrière d'elle, l'homme croise les bras et affiche un regard stupéfait :
"Ho. Ça te dis quelque chose ?" Demanda-t-il en biaisant le regard sur la jeune femme.
Elle-même tirera ses lèvres vers le bas dans un bref haussement d'épaules :
"J'crois bien me souvenir qu'on a croisé quelque chose à peu d'ici, en remontant vers le Nord. J'saurais plus dire ou ni c'que c'était parce que j'conduisais la carriole pendant qu'lui dormait dans l'fond...
Voyons..." Levant les yeux au ciel dans une intense réflexion, elle frottera le bas de son visage en l'entourant d'une paume.
"Faudrait nous suivre pour ça. T'façon, j'remettrais pas cette roue tout de suite. Autant laisser ça là et vous accompagner, ce s'ra plus sûr et ça m'changera les idée."
"Faisons ça." Propose l'homme en appuyant la proposition de la femme.

Compétences:

Spoiler:

"Oh y'a pas d'quoi..." Répond la jeune femme lorsque le Lion la remercie pour l'aide qu'ils lui proposent.

Alrun est restée en arrière, hors de vue. Elle écoute attentivement et mettra un moment avant de se présenter au groupe.
Les deux voyageurs se laissent alors surprendre par cette nouvelle entrée. Ils la détaillent... elle les détaille... et l'homme se met à sourire de ses dents jaunies.
"Hé bien voilà un second Lionceau ?"
"Parions plutôt sur la Lionne qui protège ses intérêts."
L'homme glissera le regard vers Anselme qui s'est bien tenu de parler de sa comparse ou même de s'étonner de son absence. Il a approché ces deux là d'une façon très naturelle, comme un solitaire égaré ?
"Bien alors partons."
Alrun pincera le regard. Elle gardera ses distances et le silence. Anselme avance avec les deux étrangers et les collines s'éloignent dans leurs dos, révélant à nouveau le paysage et son sentier dégagé.

"Nous sommes nés sur la route.
Tous les deux." Répondra l'homme en deux temps, rectifiant pour inclure sa comparse dans sa présentation.
"C'est un travail difficile. Il faut se nourrir, se protéger et gagner au mieux sa vie pour les besoins que la nature produit difficilement seule."

"Mais nous sommes libre et nous ne devons rien à la société. Nous dépendons très peu d'elle, seulement pour ce que nous ne savons pas faire par nous-même..."

La route avance sous les pas. La terre gelée craquèle et le soleil se voile derrière une brume haute dans le ciel. Les traces jusque là sans 'bavures' deviennent soudain plus chaotique et quitte la route. La terre a été en partie arrachée par une déviation surprenante et continue dans la plaine, jusqu'à se perdre derrière une butte à plusieurs centaines de mètres.
Le temps s’épaissit.

Compétences:

Anselme se répand en banalités, pleines de bonnes pensées.
"C'est sûr que si on n'fait rien..." Soupire l'homme sans le regarder, fixant l'attention sur cette route. Il ne sait pas quoi répondre de mieux à la 'vérité' et la 'logique implacable' du mercenaire.
En arrière, Alrun reste silencieuse et sur ses gardes, fixant tour à tour les dos qui avancent devant elle.

Lorsqu'une piste se présente, Anselme se tourne vers sa partenaire. Ayant rejoint son flanc, elle s'accroupit et soupire en suivant les lignes de terres arrachées fonçant droit dans la plaine givrée.
"... Ça m'semble être assez parlant, oui. Quelque chose a quitté la route depuis le sud et s'est encastrée je n'sais où dans cette direction..." Dira-t-elle avant de se redresser.
"J'crois qu'on a pas d'autre choix que d'aller voir. Merci pour votre aide."  Conclut-elle auprès des deux étrangers sans les regarder :
"Ho non. On va vous suivre !"
La garde les observe alors d'un œil perplexe, ses lèvres se tordent d'une grimace :
"Vous croyez qu'on fait du tourisme ?"
"Non. Mais je suis vraiment intriguée par le bout de cette piste. On vous accompagne." Lance-t-elle en soulevant un pan de cape, dévoilant une dague :
"Vous inquiétez pas, on vit sur la route, on sait s'défendre vous savez... On vous n'mettras pas de bâtons dans les roues."
"Humf." Moufte mauvaisement Alrun en prenant les devants.
Si Anselme suit le mouvement, le groupe marchera plusieurs minutes en hors sentier. L'herbe jaune et rase crisse sous leurs poids et le vent gelé change de direction...
Quelques flocons volètent autour d'eux.

"Ou sont vos ch'vaux..."
"Nos ?"
"Vos chevaux... Votre carriole là, elle avait pas de montures..."
"... Ils se sont enfuis."
"... vraiment..."
Le regard d'Alrun vire lourdement sur l'homme avant d'être attirée par ce qui se présente au bout de la piste.

Devant le groupe, la butte retombe en pente. A quelques mètres d'une descente naturelle et douce, deux carrioles à la toile percée se présentent. Au sol, gisent les cadavres éventrés et en partie dévorées de quatre chevaux. Ils ont été détachés puis tirés aux quatre coins d'une maison...

Le convoi a été arrêté et retourné au pied d'une cabane en bois. L'aspect de la maisonnette est rudimentaire. En arrière on y trouve un jardin abandonné, rongé par la mauvaise herbe et saccagé.
La maison ne possède un étage. Elle est de faible surface, sans aucune aucune fenêtre et son toit de chaume est couverts d'une sorte de mousse noirâtre.

Alrun descendra la première en suivant la piste.
Au pied des charriots, le sol a été labouré de nombreuses traces de pas. Il y a des trainées lourdes et la mercenaire commentera :
"On s'est battu ici..." Ses yeux suivent les lignes d'une histoire chaotique menant vers la maison. Des traces d'éclaboussures noires se répandent sur le perron en planche usée, jusqu'à la porte en bois, martelée de mains.
L'entrée est close. Il n'y a pas de verrou ou de chaine.

Compétences:

Spoiler:

Ce qu'Anselme perçoit des états d'esprits, c'est que les deux étrangers se laissent surprendre par la remarque de la Mercenaire -ce fait qu'il n'y ait pas de chevaux d'attelés à leur carriole-... et que l'excuse donnée n'était probablement pas la plus juste ?
Est-ce important de savoir où sont passés les bêtes de somme qui tiraient leur carriole ? Il n'y a qu'Alrun pour relever ce détail finalement... Seul Anselme, au regard de ces réactions, y accordera ou non son crédit.
Enfin, les deux ambulants n'ont pas l'air de mal prendre la remarque. Tout au plus, ils paraissent indécis dans leur justification... La Lionne, elle, est fermée, méfiante... Ces émotions transpirent dans sa stature qu'elle garde droite, le front bas et très 'trop' concentrée sur ces traces.

Mais voilà un spectacle assez particulier pour couper court au fil de ses pensées.
Quatre chevaux ont été détachés des charriots renversés et abimés. Les bêtes ont été éventrées et leur sang noircit la terre alentours. On ne saurait dire à première vue ce qui est responsable d'un tel carnage. Animaux ou êtres dotés d'un tout autre type d'intelligence ?
Anselme n'a d'yeux que pour la maison. Alrun le suit d'un regard stupéfait et fera signe aux deux étrangers de rester vers les carrioles. Les deux Lions Rouges se rapprochent discrètement. Anselme ouvre la porte. Il tire le battant vers lui, aspirant l'atmosphère de la pièce vers l'extérieur.

Le Mercenaire se fera souiller d'une atmosphère moite et chargée d'une odeur pestilentielle. Un parfum de mort et de putréfaction que la clarté extérieure peine à éclairer.
Sur un rectangle flou de lumière blanche projetée au le sol, il devine un parquet entre des traces sombres ; éclaboussées, tirées, jonchées d'éléments non identifiés.

Alrun a pour réflexe de tirer l'épée et de rabattre son nez derrière son coude.
Un gémissement humain se laisse entendre dans le fond de la pièce non éclairée.
Il n'y a aucune fenêtre.

Compétences:

''il se disait qu'il était probable que la personne se trouvant ici ne soit pas indemne par rapport à ce qui a pu avoir lieu dehors...'
... un esprit fort perspicace. Et qui ne se perd pas dans la facilité de penser qu'un gémissement ne peut résulter que d'une copulation lascive ! Mais bien d'un agonisant ?
Sans parler des chevaux éventrés à l'extérieur, l'odeur même de cette pièce aurait du l'alerter sur ce qui s'y trouve... Alrun elle-même a hésité, s'est couverte le nez et a resserrée la poigne sur son épée.
Pour le moment Anselme ne prête pas vraiment d'attention à sa coéquipière. S'en fait-il l'image d'une femme froide et bourrue, trop sur la défensive ? Mais au nez si fragile ? Peut-être que c'est ce qu'elle est...

La lanterne d'Anselme révèlera toute l'horreur des entrailles de la cabane.
Sa clarté accroche des formes suspendues, luisantes de sang et de gel, des membres humains, des bras, des jambes... des troncs. S'il veut les compter il notera deux hommes et une femme ? La chair est martelée, grise et violacée, mordue, tranché, arrachée...

La pièce n'est pas grande mais elle est en partie coupée d'un pan de mur en bois, ce qui ne lui permet pas de voir l'état de celui qui gémit d'un souffle mourant... d'ailleurs le silence retombe lourdement lorsqu'il se rapproche de la source, de cette séparation visuelle entre lui et l'étranger.
Anselme devra contourner une table clouée d'un tranchoir et d'une dague sanglante. Pas plus de détails pour le moment, Anselme ne fait ni l'étude ni la fouille de cette pièce.

Alrun suivra son acolyte dans la maison d'un pas tout d'abord hésitant.
"Seri nous protège... ce sont nos frères et sœur..." Souffle-t-elle en se penchant vers la tunique méconnaissable d'un Lion Rouge, arrachée et baignée de sang.

Anselme va-t-il jusqu'au mur pour aller voir ce qu'il s'y passe ? Si l'homme est toujours en vie ? Le gémissant n'a pas su répondre à sa question... l'a-t-il vraiment entendu... a-t-il conscience que la cavalerie est arrivée...

Spoiler:

Alrun suivra la lumière portée par Anselme. Sans elle, elle craignait l'obscurité cachant cette horreur... bien plus que de la voir. Derrière le pan de mur, un homme gravement blessé gît, inconscient dans son propre sang.
L'étude des plaies ne sera pas trop compliquée, le mercenaire est dévêtu, dans une marre de sang gluante et noire. Nul ne sait depuis combien de temps il est là, mais on saurait le deviner en creusant un peu...

Lorsque la Lionne abaisse le regard sur l'étranger au sol, le coude qui couvrait son nez viendra descendre sa main sur ses lèvres, bloquant un hoquet de stupeur :
"... Il est en vie..."

CLAC ! Scriiiiiiiiiiichlchlchl

La porte de l'entrée vient de se fermer brutalement, avant qu'un bruit de chaîne ne soit tirée contre elle, raclant et teintant sur le bois.
En arrière, une femme hurle de rire :
"Hahahahaha !!!"

Alrun sursautera probablement en même temps que son compagnon, mais dans un élan de colère elle vocifère :
"Les saltimbanques...
Bande d'enfoirés !! Ouvrez la porte !!!"
Faisant fi des ténèbres, elle déambule dans la pièce encombrée, se cognant le flanc contre la table avant de tambouriner à la porte...
Le battant reste bloqué -Il s'ouvre vers l'extérieur et le nœud de chaine empêche toute échappatoire-.

"C'est un coup des Dévoreurs, j'en suis sûre maintenant !!" Sa voix s'éraille, prise entre la peur et la haine.

Anselme a le choix... Soigner le pauvre malheureux en privilégiant quelques soins localisés, tenter de le réveiller ou s'essayer à briser la porte* ?... Peut-être imaginera-t-il une autre solution ?

Table points de vie:

Spoiler: