L'âge de raison

C'est une épaisse brume glacée qui enferme Fiertertre ce matin. L'hiver est installé depuis longtemps et les plaines mordorées ont déjà plusieurs fois blanchies sous le gel.
Les toits des maisons se perdent dans le brouillard qui étouffe les bruits et fige le temps. A l'aube, le soleil teinte l'ambiance d'une clarté grise et morose. Les fumerolles des cheminées retombent sur les sentiers de terre et chargent l'air de leur parfum âcre et piquant dans le froid.

Xackoz a depuis quelque temps le projet de quitter son foyer. Serait-ce le bon moment ? Laisser maison et parents pour assouvir ses besoins et nouveaux désirs ?
Ses maigres possessions, celles qu'il peut rassembler, ne sont pas suffisantes pour imaginer errer sur les routes et hors sentiers. Il fait trop froid et il devra pallier à un manque de nourriture avant d'en crever.
Si le Métamorphe veut quitter le village, il devra croiser la route d'un marchand ou s'alimenter dans l'une des boutiques qu'il connait déjà.

----
Le village de Fiertertre est petit. Ses maisons, montées sur pilotis, ont une architecture droite, parfois grossière, hérissées de décorations sculptées en représentations de têtes de loups, de chiens, de hyènes... un art stylisé et propre aux Hybrides qui annonce souvent l'espèce qui y habite; parfois son rang dans la meute.

Étant une société ouverte, Fiertertre est une terre d’accueil aux Hommes et nouveaux Hybrides que le Monde n’accepte pas toujours. Ici, on sait combien il peut être difficile de gérer ses pulsions animales, d'évoluer avec et de faire face sans cesse à cette puissance bestiale qui en veut toujours et encore plus, malgré la maîtrise de soi.
C'est un travail long et souvent éreintant selon l'âge du nouveau Métamorphe.

Il arrive parfois qu'un couple désespéré se présente au porte de Fiertertre... L'homme est un nouveau Métamorphe, la femme sa compagne -restée Humaine- ou inversement, voire les deux... Quoi qu'il en soit, ils cherchent un asile et savent que le Seigneur de cette terre les accueillera à bras ouverts.

Runvald Ecorce est un Métamorphe reconnu. Il est un allié fort de la Cité des Griffes noires et fait au mieux pour que les Fils et Filles d'Ysash vivent en paix... plutôt que de chercher à se dominer les uns les autres et à engendrer toujours plus de Chaos.
Il est hostile aux actions et au pensées des Crocs de Sangs. Mais pour le moment, ces deux villes et leurs dirigeants se contentent de s'ignorer.
La Garde de Fiertertre compte des Métamorphes dans ses rangs, mais surtout des Non-Metamorphes. Ils sont essentiels, dans la grande maîtrise qu'ils ont d'eux-même, à la stabilité et à la sécurité de tous. On ne peut pas toujours empêcher aux espèces qui vivent ici de tenter d'agrandir ou de sécuriser un territoire en ville, mais l'on veille d'abord au soin et à l'Ordre.

La Maison de Runvald Ecorce domine celles des autres, en haut de la colline. Elle s'entoure étroitement des petits quartiers et maisons modestes. Son front et ses flancs, sculptés d'entrelacs et des représentations des espèces à qui il assure soin et protection, se joignent à un temple dédié à Ysash.
Le temple n'est pas fait de planches, mais plutôt de branches, de troncs. C'est une sorte de haute structure à l'aspect chaotique, comme une énorme botte de bois. A l'intérieur, on y trouve prêtres et oracles... des mâles et des femelles qui célèbrent la Mère des Hybrides et apportent réconforts aux plus démunis, au plus accablés, fêtant les traditions et les cérémonies.
----
Il y a des humains en ville. Ils sont rares, très souvent des conjoints, mais ils posent 'problèmes' depuis quelque temps. On a remarqué que lorsque l'un d'entre eux venait à mourir, il ne restait pas en l'état d'un cadavre, comme les Hybrides, mais se relevait sous une forme affamée et dénuée d'âme ou d'esprit.
Une rumeur venant de l'extrême Est du Monde, dit qu'un malheur s'est abattu sur les Hommes et qu'un Dieu, ou plutôt l'un de ses représentants, s'approprie les Hommes pour en faire les siens.
Le Dieu Morbide, comme tous les autres Pères et Mères des espèces, est absent, silencieux... mais il y a des forces obscures dans le monde qui restent insoupçonnées, ou qui reviennent malencontreusement sur le plan de toutes les préoccupations.

Depuis plusieurs jours, les Humains qui vivent à Fiertertre sont sous surveillance pour le bien de tous, au même titre que les jeunes Métamorphes.
----
Runvald Ecorce a beau tout faire pour la sécurité de ses concitoyens, il ne peut empêcher les jeunes âmes de se chercher querelles, de tenir des propos intolérables, dégradants, humiliants. Un Métamorphe aura toujours le mauvais rôle... quoi qu'on en dise. Quant un loup vient dévorer le cochon d'un autre, on aura beau dire que l'éleveur doit savoir comment protéger son bétail, les esprits accuseront le Métamorphe de ne pas avoir été maître de ses pulsions.
Plus facile à dire qu'à faire.

Les Non Métamorphes sont plus ou moins tolérants. Si la ségrégation est un crime puni entre ces murailles, on ne peut pas toujours empêcher un regard, un coup dans les entailles, une insulte... et les jeunes de chercher à se dominer les uns les autres.
On ne peut pas empêcher non plus à ces créatures d'être ce qu'elles ont toujours été, et de vivre selon les règles de leur meute, de leur dominant naturel.
----

Ce matin, donc, Xackoz se réveille sur sa paillasse, seul. Le foyer est désert, l'âtre mourant. Chacun a du partir à sa tache et l'on le laisse à son sort.
Le foyer est petit. Il n'y vit pas comme certaine meute, dans la même salle en comptant tous les membres de la famille et d'autres pièces rapportées, selon les espèces.

----
Il arrive qu'un foyer comptant Non-Metamorphe et Metamorphe partage le même lieu de vie que l'ensemble de la horde. Mais lorsqu'un humain fait parti du couple -dominant s'il en est plusieurs-, alors les choses peuvent s’adapter et le foyer se diviser pour respecter la vie Humaine ou les habitudes du nouveau Metamorphe. Tout dépend également de l'espèce hybride du couple.

Compétence:

Xackoz quitte le foyer et s'avance dans les ruelles de terre battue entre les maisons de bois et de torchis transies de froid. Il traverse quelques quartiers et croisent des Gardes, des Métamorphes et Non-Métamorphes dont la plupart l'ignorent. Certains se retournent dans son sillage pour le renifler, d'autres cherchent à le fixer dans les yeux... sans trop chercher querelles.
Les odeurs de muscs, de fumée et de viande remplissent l'air glacé et le jeune homme ne se surprend pas à avoir froid. Simplement vêtu, il n'est pas aussi 'fourni' que les Non-Métamorphes qui se passent souvent de fourrures supplémentaires... -C'est bien aussi sur ce sujet que les Métamorphes sont victimes de ségrégation. Les Non-Métamorphes, les plus sectaires, adorent se moquer de ces 'grenouilles' sans poils qui tremblent au moindre courant d'air.-
Au bout d'un moment, son regard se laisse attirer par la maison d'un commerçant. 'Le bouclier fendu***' est le meilleur commerce de Fierterte.
Étant une communauté assez 'pauvre', Fierterte n'est pas en capacité à importer et à mettre à disposition des armes et objets de factures rares ou chères.

Cette maison se surmonte d'un bouclier de bois fendu, accroché au-dessus de sa porte principale. Longue de dix mètres, profonde de trois, elle s'ouvre sur un sol de terre et une pièce principale sans séparation. Son toit en torchis expose un réseau de poutres épaisses dégrossies dans le sapin et permet un étage ouvert par lequel on accède d'une échelle -probablement la zone de repos-.
Au centre se présente un foyer creusé et cerclé de pierre, la zone de vie principale, entourée de tables présentant armes et objets. Dans le fond, face à la porte, un comptoir se dresse d'une planche de chêne brute et expose la face du marchand.
L'homme n'est pas un Hybride. Il vit avec une Non-Métamorphe, absente du foyer à cette heure. Plutôt connu pour le métier de forgeron il a agrandit son affaire depuis peu et propose désormais plusieurs éléments à la vente.

Si le jeune Xackoz entre, il attirera immédiatement le regard du marchand. Un grand bourru, blond, le visage et la stature carrés, toujours revêtu d'un cuir en tablier, mains caleuses et voix caverneuse. Il semble avoir la quarantaine et l'on raconte qu'il a rejoint cette communauté il y a dix ans, en tant que forgeron itinérant venu du Nord Est, tombé sous le charme de sa Femelle lors d'un de ses voyages à la Cité des Havres.
Occupé derrière sa table à tailler un objet en bois il se fige puis se lève de son tabouret, saluant le jeune garçon d'un léger mouvement de main du front dans sa direction.
Voir Ventes en disponibilité : très courant /courant / assez courant.

Le froid est moins insupportable ici. L'air y est confiné et le foyer diffuse une lumière vive et dansante qui réchauffe l'âme et le corps.

Pas de trace de la chouette ? L'animal est probablement en repos à cette heure, à moins qu'une chasse impromptue ne le retienne quelque part... Peut-être son compagnon se représentera-t-il plus tard ?

Dans la boutique, Xackoz se réchauffe et prend le temps d'observer chaque objet d'un regard plus ou moins intéressé. Il jette son dévolu sur une dague et fait son choix parmi celles qui se présentent.

Le silence de la maison n'est perturbé que par les bruits sourds de la vie en l'extérieur et du crépitement des buches qui se consument dans le foyer. Le forgeron est resté derrière son comptoir et il a fini par lâcher le jeune garçon des yeux pour se remettre à sa petite sculpture, le laissant vaquer à ses attentes.

Lorsque le Métamorphe se présente au marchand, l'homme redresse le regard seul dans sa direction. Un léger sourire en coin s'esquisse sur ses lèvres tandis qu'il repose l'attention sur la lame et la saisi par le manche :
"C'est une bonne lame, garçon. Elle coute deux pièces d'or." Laissant un léger instant de flottement, il détaille son client et ajoute :
"Tu as besoin de conseil ? Si tu dois partir à la chasse ou en voyage, j'ai l'habitude d'aider ceux qui le demandent..."
Puis il lui laissera la dague avant de reposer son morceau de bois sur sa planche de chêne.

"T'es du coin, non ? Ton visage ne m'est pas étranger." Son regard se pince sans démordre d'un petit rictus sympathique et avenant.

Compétence:

"La route ? Périlleuse ?" Répète le marchand avec un sourire en coin.
"Je ne connais pas de voyage sans risque. Et dans le coin, c'est pas les peaux vertes et les bandits qui manquent, tu sais... Si t'as jamais quitté le village, alors une dague et une cape ne seront pas de trop.
J'peux bien te proposer une outre pour pas t’assécher par ce froid. Surtout que d'aller jusqu'à la Capitale, ça fait une trotte ! T'en as pour plusieurs jours.
Tu comptes partir seul ? Y'a peut-être des gars en ville qui vont par là bas, faudrait se renseigner. Des fois on rencontre des voyageurs en taverne... Y sont pas tous aussi fermé à la cohabitation qu'on l'croit."

Sous entend-t-il tout en posant une outre de cuir sur son comptoir.

"Elle est à huit pièces d'argent, si t'as c'qui faut dans ta bourse pour ça de plus..." Son regard se pince sans démordre d'un petit rictus sympathique et avenant.
"Après..." commence-t-il en levant les yeux au ciel, cherchant une idée et ses mots "Te 'conseiller' un chemin là, j'saurai pas trop. Tout dépend de ce que tu cherches. Si tu veux simplement quitter cette ville, le monde est à toi. J'te déconseille d'aller au Sud, chez les Hommes. Tu dois les connaître de réputation, ces gars là sont malsains avec nous autres."

Comme bien souvent, le courtaud est d’humeur massacrante, encore courbaturé par une nuit qui aurait du le délasser. Il traine avec lui le spectre de sa vieille paillasse mitée et porte les stigmates d’un de ces repos sans véritable répit. Les yeux gonflés et la barbe soigneusement aplatie sur la joue droite, il s’écoute grommeler … Ou peut-être est-ce le chant plaintif de sa panse ?
Qu’est-ce que tous ces grands dadais ont à offrir ? Il avait demandé à manger au taulier. On lui avait servi une bouillie qui sentait le vieux. Pas de lard, pas de gras … Même pas de carne. Il était venu quêter forces et repos, pas une courante de tous les diables avec leur purge liquide. Ces fagotins avec leurs bâtisses en merde séchée, est-ce si difficile que de creuser la roche ? C’qui allonge les jambes, affine visiblement les bras, faut croire. Des raisons de maugréer, il n’en manque pas et cela l’aide presque à oublier le froid. Les morsures du givre, il connait bien, mais il a toujours gardé pour bonne habitude de stocker assez de couenne pour faire bonne mesure et puis il a sa belle fourrure. Enfin, il avait … Elle doit maintenant s’embourber sur un rivage. Les oreilles plus rouges et gonflées que des grenades et la larme au tarin, il garde les bras croisés sur son large torse et les mains profondément engoncées sous ses aisselles.

Les drôles de ce patelin semblent avoir un je ne sais quoi de perturbant, ils lui semblent plus … Farouches. Difficile de savoir si l’un de ces trainards va tenter de lui renifler le derrière ou lui mordre les mollets. Lui, c’est la bonne affaire qu’il tente de flairer, parce qu’il est tout bonnement hors de question qu’il reste dans ce repère de crève-la-faim, incapables de partager la bonne chair et tout ce qui va avec. Bien sûr, il a noté que Fiertertre n’a pas les allures d’une cité marchande, peut-être aussi une certaine forme de communautarisme chez ses habitants, mais même les plus petits gestes prennent sens à ses yeux. Il se demande donc, un temps, si ça ne vient pas de lui, naturellement … Après tout il avait bien tenté de dérider quelques uns des soiffards du cru la veille, mais ça n’avait pas vraiment enhardi cette bande de pisse-froid.

C’est la vision d’un Bouclier fendu qui l’arrache à ses profondes réflexions et l’écho de la voix d’un vénérable, passablement éméché et plus velu que sa première conquête, s’insinue alors dans son esprit embrumé.  Le bouclier fendu, pas b’coup d’pprovisionnement  qu’il lui semble avoir entendu, entre deux éructations. Il jauge donc l’échoppe d’un œil circonspect, faut dire qu’elle paye pas de mine … Encore une fois, comme sa première conquête.

Soupirant longuement par le nez, à en faire frémir son anneau, il vide un bon coup ses poumons, écrase sa barbasse dépeignée contre son torse avant d'ouvrir la porte. Lorsqu’il repousse le battant derrière lui, il semble prendre une conversation de cours. Peut-être même une négociation. Il toise donc les deux gaillards présents, de pied en cap avant de les gratifier d’un fléchissement de nuque.

- " Holà mes bon messieurs … Brrr. Si vot’ bouclier est fendu, j’espère que vos poches sont pas trouées, j'ai p'tet de quoi les remplir ! Je vais juste prendre le temps d’échauffer et d’réchauffer mes bourses. "

Sur cette élégante introduction, il passe son pouce boudiné derrière sa large ceinture, qu’il réajuste pour l’occasion. Puis ... Il écoute ce qui se raconte, feignant de le faire d’une oreille distraite. Parce qu’après tout, il escompte bien se délester d’une charge d’argent pour éprouver celle de l’or. Il scrute aussi, les lieux, s'attardant sur le moindre détail, il est après tout question de trouver là, de bonnes affaires.

Compétences:

La porte de la maison s'ouvre sur la grisaille et le froid, attirant un instant le regard du marchand. Si son premier mouvement est celui de l'habitude, il se surprendra à lancer un second coup d’œil plus vif en détaillant l'étranger qui s'avance.
Oui. Bon. C'est un nain. On est pas sur quelque chose d’extrêmement rare et Fiertertre est une 'ville ouverte'. Néanmoins, elle ne figure pas sur la route la plus fréquentée d'Ouest, au contraire de MaisonRouge quand il s'agit de relier Nord et Sud.
Le gérant de l'établissement dévisagera celui qui s'avance et écarquillera les yeux en l’entendant se prononcer. Un sourire s'esquisse sur ses lèvres, vainement masqué, avant de répondre :
"Réchauffe-toi donc et estime par toi-même mon modeste travail."
Cliché ? Presque. Enfin, les Nains ont leur réputation, tout d'même.
Peuple de fiers combattants ou non, leur carrure droite et tassée peu surprendre, autant qu'elle rappelle qu'ils viennent de la Montagne et sont reconnus de par le monde comme étant 'maîtres dans les Arts du maniement des métaux et du travail des joyaux' -originaire des Havres, le marchand en sait même quelque chose-.

Lodgryr peut essayer de détecter, percevoir quelque chose ou même fouiller, ce gérant n'a rien à cacher. La maison dans laquelle il fait son affaire et sa vie est simple, sans cachette, sans secret.
Tout est disposé sur des tables et le nain n'a plus qu'à constater et faire son choix, s'il en est.

La réponse de son 'jeune' client lui fera gentiment hausser les épaules.
"Oui enfin... Fiertertre à ses avantages et ses désavantages. Mais j'comprends qu'à 'ton âge' on cherche à s'émanciper un peu. Tu as déjà eu ta p..." La porte du commerce s'ouvre à nouveau et le forgeron se fige dans son propos; lèvres pincées sur un souffle retenu.

Sur le pallié une silhouette Non-Métamorphe se dessine d'ombres, détourée par la clarté pâle de l'extérieure. Elle reste là un instant, figée, autant que le forgeron qui tiquera le premier.
"Riik ?..." Demandera-t-il, incertain, en fronçant les sourcils.

La 'femelle' fait un pas en avant, fébrile, l'âme 'perdue'. La porte reste grande ouverte derrière elle tandis qu'elle semble 'possédée'. C'est dans cette seconde, que le gérant s'ébranle et fait le tour de son comptoir pour la rejoindre et contenir ses épaules de ses mains carrées.
"Qu'est-ce que t'as Riik..."
La femelle se tasse un peu plus en remontant les épaules et en courbant l'échine, plaquant ses grandes oreilles rondes contre son crâne.

Riik est la compagne du forgeron. Xackoz l'aura peut-être déjà croisée... C'est une ancienne guerrière, revenue des Havres avec cet humain et qui, depuis, vit avec lui. Ses origines hyénidé sont 'transparentes'. Elle a une voix 'acide', elle est trapue, elle a le poils court et dru, la queue en touffe... En règle général, elle ne se fait pas remarqué. Elle évite un peu le reste de la communauté, plutôt solitaire et dans ses 'affaires'.

"J... j'crois... j..."
Le forgeron se penche sur son regard pour fixer le sien.
"Respire..."
La hyène se met à hoqueter en inspirant puis en expirant, poussant de petits cris nerveux.
"Hiiik... hiiiik... J'ai rien pu faire... Hiiiik ! Hiiiiik..."
Le forgeron n'a probablement jamais vu sa femelle dans cet état, à part planter ses yeux ronds dans les siens et serrer sa poigne sur ses épaules, il ne sait pas quoi faire.

Un seul geste s’impose pour lutter contre l’étreinte ankylosante du froid et préparer ses menottes à une bonne vieille rafle : Se frotter les mains. C’est très énergiquement, que Lodgryr frictionne ses pattes calleuses et potelées, soutenant le regard du Taulier alors que son « inspection » s’achève. Le gaillard n’a pas une tête à fouiller le train, mais c’est là, la marque des meilleurs pinces, alors il convient de faire dans la mesure et de rester vigilant. Le Porchet n’a pas l’habileté de certains de ses confrères pour décrisper les commerçants et la seule idée de se faire engrosser par un petit étapier lui couperait très certainement l’appétit pour plusieurs jours. Malheur à celui qui pourrait l’accompagner dans ces conditions. A cette pensée d’ailleurs, son ventre gronde de nouveau.

Son attention se porte tout d’abord sur une hache, il prend le temps de soupeser l’outil, d’en évaluer l’équilibre. En dépit de son expertise relative, il essaye de juger un peu l’ouvrage, la facture ne lui semble pas aussi bonne que les productions des foyers de Gurinroc, mais il salue tout de même le labeur de l’artisan d’un « Hm. Pas mal. » Avant de poser ce qui semble faire partie de ses futures acquisitions, sur le comptoir de son hôte. La broussaille de ses sourcils, couvrant partiellement l’éclat électrique de ses yeux, il fouille sa barbe d’un air songeur, inventoriant très certainement ses besoins pour rendre ses pérégrinations aussi … confortables que possible. Pour le meilleur, pas trop douloureuses pour ses comptes. Tout lui semble clair et il s’apprête d’ailleurs à présenter sa petite liste au grand cendré, attendant sagement que la prise en charge du garçonnet soit faite. Il repense avec une certaine nostalgie à ses propres incertitudes passées, lorsqu’il s’engagea à suivre ses premières patrouilles, débordant de vivacité, de bêtise et d’ignorance.
Et ça n’a pas changé ! Bouder son plaisir, ça ne lui ressemble pas.

Ne lui reste plus qu’à attendre que sa patience soit récompensée parce que l’échoppe est bien vivante par ce grand froid, à croire que tous les vilains du coin ont prévu de se réchauffer le séant au même endroit. Il y a bien là, matière à étendre les affaires. Il se fige littéralement à la vue du spécimen qui vient d’entrer, les lèvres transies dans un cercle parfait.
Les dames qui se préparent au déclin en cultivant la toison il connait, mais là il y a plus que de l’oubli, c'est tout un style. Il ne manque d’ailleurs pas de consulter le tenancier d’une œillade déconcertée. Lui vient bien vite le réflexe salutaire de ne pas piper mot. Cette fois il ne restera pas simple témoin de l’événement, promptement, il s’en va chercher une assise pour …le … la … Dame ?
Gageant bien sûr qu’à défaut d’une chaise, il trouvera bien quelque chose d’adapté pour que la velue ne finisse pas à l’horizontale. Sait-on jamais. Il avait suffisamment sondé les lieux pour savoir de quel côté se rabattre.

De toute évidence, les deux hères se connaissent déjà et le nain, lui, n'a jamais été très doué pour ce qui est du verbe. Sans compter qu'il est parfois bon de se taire, pour mieux écouter. Ainsi il ouvre bien grand les pavillons et choisi de rester dans son élan mutique. Il ne manque cependant pas de consulter brièvement l'homme affairé à calmer la typesse, faisant deux trois allé retours entre les deux.

Compétences:

Compétence:

Une chaise et une triple attention.
La femelle braque son regard au sol et courbe l’encolure, le poil hirsute, prenant place mollement.
"J'ai pas su quoi faire... J'ai essayé de le décrocher... j'ai pas pu. Hiiik." Elle réprime un nouveau cri, comme un hoquet coincé dans sa gorge et fixe à nouveau le plancher à ses 'pieds'.
"Décrocher quoi. Comment tu veux qu'on te comprenne !" Dira le forgeron en essayant de garder son calme, posant un genoux à terre à son flanc. La femelle l'ignore des yeux, perdue dans ses limbes.
"Un... Un métamorphe j'en suis certaine.
Il est... pendu à un arbre et..." Assaillie de ce souvenir très visuel, elle ferme les yeux... mais c'est encore pire. Elle se recroqueville alors sur elle-même et répond :
"Il y a un homme dans le bois d'Est. Il est nu, pendu, éviscéré, les bras tranchés et plantés dans l'abdomen... J'ai pas pu r'connaitre son visage... je sais pas s'il est du village ! Il sentait le chien meurtrie... J'ai été attirée par son odeur !"
"... C'est... peut-être l’œuvre de peaux vertes ?"
"J'en 'ai aucune idée !" la femelle couine en petits coups brefs derrière ses mâchoires closes.
"Il faut prévenir la Garde, pourquoi ne l'as-tu pas fais !"
La femelle ouvre des yeux ronds et regarde son mâle d'un air ahurit, soufflant quelques mots d'une voix lointaine :
"Mais tu imagines... si on m'accuse..."
"Pourquoi ?!"
"... c'est un métamorphe ! J'ai essayé de le décrocher... regarde !"
Le forgeron sent ses épaules retomber lâchement en fixant les yeux de la hyène. La femelle lui présente ses pattes mais il ne les voit pas.
Dans un instant d'égarement, le commerçant se redresse et décortique le sol des yeux avant de regarder tour à tour ses deux clients et spectateurs :
"Je suis... désolé je..."
A vrai dire, l'homme se sent au pied du mur. Sa femelle est en détresse et il ne comprend pas son comportement ni même cette 'vision' qu'elle a eut dans les bois. Il ne sait pas non plus quoi faire de ces deux clients, témoins de la scène et potentiels dispensateurs de rumeurs...

MPs envoyés pour l'Empathie et la Perception

Compétence:

Le femelle reste ancrée à son tabouret, soutenue par son mâle qui se sent si impuissant qu'il ne peut que garder le silence. De son côté, le client Nain décide de ne pas s'embourber d'avantage... il était ic pour ses quelques achats, pas pour résoudre une enquête sordide au compte d'une autre race.
Relevant les yeux vers le forgeron il lui tend son or, un geste un peu froid, un peu rapide, avant de s’éclipser; jurant de ne pas parler de ce qu'il vient d'entendre...
D'autres affaires importantes le retiennent ailleurs.

Xackoz, lui, n'est pas spécialement d'humeur à l'enquête mais il s'avoue que l'histoire est assez préoccupante pour ceux de son espèce... si tant est que ce ne soit pas la curiosité qui le pousse à proposer son idée.
La hyène relève les yeux sur le jeune Métamorphe et, après un léger instant dira :
"Je te guiderai sur place..." puis son regard fuit en direction de son mâle, ajoutant : "Je t'en prie, reste ici... il ne faut pas éveiller les soupçons... tu as le commerce à tenir...
Je reviendrai vite..."

Elle se relève alors, un peu fébrile, les oreilles basses, se détournant vers la porte. Le forgeron reste un instant médusé avant de couler son regard sur le jeune Métamorphe :
"Sois prudent..."
Que pouvait-il dire d'autre...

-----------------------------
A l'extérieur du commerce, l'air est toujours aussi froid et le soleil monte péniblement sur la voûte hivernale. Dans les bruissements du village qui s'éveille encore, les sifflements de battements d'ailes retentissent doucement.
La chouette du jeune Métamorphe chasse l'air et attend qu'il lui présente un perchoir; son bras, sa main... afin qu'elle se pose ou reste en vol non loin.

Là, dans la rue boueuse et gelée qu'ils commencent à remonter, le nouveau duo fait une halte. Riik se fige en voyant celui qui se détache d'une femme Naine et presse le pas pour l'interpeler avec le sourire.
"Riik !!"

L'homme est un voyageur. Ses bottes sont crottée de boue, de terre, d'herbe jaune et sa cape a le poil hirsute, autant que ses cheveux qui battent le vent. Il a le visage fin, le regard peu vaillant et laisse claquer au rythme de ses pas le flanc d'une petite harpe dans son dos.
"Toi... ?... Tu es revenu ?"
La Hyène fait une halte. Elle se trouble.

"Hola, cache ta joie ?! Oui, je suis rentré, mais pas pour longtemps.
Je revenais de mon voyage quand je me suis fait attaquer par un groupe de gobelins, haha ! Une aventure que je ne mettrai pas en chant sauf pour dépeindre le portrait de ma sauveuse !"
Il se tourne vers la Naine en la présentant :
"Voici la courageuse qui m'a extirpé de mes liens. J'aurai pleuré de devoir accorder mes chants à de sombres imbéciles puants... Et je compte bien lui rendre la pareille en écrivant ses aventures."
Sans savoir si la guerrière qui le suit est bien au fait de l'idée et surtout en accord avec, le barde s'impose.
"Tu pars à la chasse ?"
Demande-t-il avant de couler le regard vers le Métamorphe et de pincer les yeux d'un air à douter :
"Ton visage ne m'est pas étranger..."

Xackoz n'a peut-être pas en mémoire les visages de tous les habitants de son village, surtout des ménestrels qui vont et qui viennent en s'exposant dans les tavernes.
"Edan Aten !" Dira-t-il en tendant la main comme une coutume.
Mais la hyène le coupe.
"Désolée mais-hum... on est pressé."
"Ha oui ?"
Edan se fige et se trouble en sondant le regard de Riik.
"Ooohhh toi ?!" Il fronce les sourcils d'un air amusé avant de reprendre son sérieux "Qu'est-ce qu'il y a... t'es pas dans ton état normal..."
La femelle soupire en révulsant son regard, abaissant finalement le museau :
"Il fallait que je tombe sur toi..."
"Hey tu disais pas ça quand je te racontai des histoires..." s'offusque-t-il entièrement.
"J'peux rien t'dire... Si vraiment t'y tiens, t'as qu'à venir..."
Les deux tordrons le cou vers la jeune femme :
"Un détour pose problème ? Tu m'accompagnes ? Je te payes une tournée de bières comme promis. J'ajoute un repas à la mise."
Tente le barde vers Haelga.

Ton visage ne m'est pas étranger...
Le brun qui accompagne Riik ne réagit pas. Tout au plus, il rend son salut d'un hochement timide. Si la hyène n'avait pas coupé les présentations, le barde se serait arrêté sur la 'grosse ambiance' qui ignore sa main tendue vers le métamorphe.
Est-ce que les Hybrides se serrent la main ? Ceux qui ont été Humains, probablement... Les Non-Métamorphes hmm... une 'reniflade' ? Un coup de truffe ? Un éclatement pectoral ou frontal ?

"Fi-èrrre-heu-terrrtrrrre-heu" Répète le barde en articulant dans un mouvement d'apprentissage léger -sans moquerie- auprès de sa camarade.
"C'est comme le chant, n'aies pas peur de bien détacher les syllabes..."
Comme si la naine mangeait ses lèvres entre chaque...

-----
Le ménestrel décide de suivre Riik pour découvrir ce qui la préoccupe. Proposant le plan à Haelga, il se confronte à sa surprise mais ne... comprend pas le geste 'rassurant' qu'elle offre au jeune brun.
Aurait-il raté quelque chose ?
Si le Métamorphe n'a pas l'air bien jouasse, Edan n'a pas vu en lui une quelconque peur... tout au plus de la timidité ? Riik, en revanche, l'alarmait d'avantage dans sa précipitation et le choix de ses mots.
C'est donc d'un haussement de sourcil appuyé qu'il dévisage Xackoz puis sa camarade... avant d'être doublé par Hyène.

"Bon. Alors ne trainons pas..."
Lâche-t-elle en tenant l'encolure basse, entrainant à sa suite le groupe ?

Les ruelles sont boueuses, figées dans le gel.
L'horizon, cloisonné par les habitations, finit par s'éclaircir et dévoiler les plaines sauvages d'un blanc maronnasse.
Quelques arbres piquent une bute de roches et de terre. Un petit bois s'amasse ici, comme un îlot perdu au milieu de l’immensité vallonnées, presque marécageuse.

Riik quitte la route et suit sa propre piste.

Dans le silence et le vent chantant, Edan brise la glace qui lui pique la langue depuis leur sortie de la ville.
"Tu peux nous dire à quoi on doit s'attendre, au moins ?"
Glisse-t-il en se penchant rapidement vers elle, sans murmure.

L'oreille droite de la hyène s'agite, comme gênée. Sa gueule s'enfonce plus en avant :
"... tu verras bien."
Edan redresse l'échine sans la quitter des yeux dans un mouvement de répulsion et de surprise, partagé entre gravité et humour déplacé :
"T'as tué quelqu'un ou bien..." "... Moi, non." "De !"
Marquant une pause en mouvement, il suit Riik des yeux sans qu'elle ne stoppe l'allure.
"... T'as été curieux maintenant tu assumes et tu viens..."
Sa voix se brise entre colère et désespoir.
Edan rattrape son retard sans rien dire, ouvrant les yeux sur l'environnement qu'il voit désormais comme une hostilité.

Compétences:

Compétences:

Compétence:

Edan avait repris la marche sans chercher à envenimer la situation. Une ride d'inquiétude marque son front tandis qu'il suit... C'était sans compter sa comparse, qui s'empara du flambeau, figeant à nouveau le groupe.

Dans le ciel pâle et glacé, la chouette de Xackoz s'envole. Les battements de ses ailes légères se dissipent dans le lointain, tandis qu'elle se laisse porter par un courant d'air vers l'îlot végétal proche.

"Une blague ?"
Répète Riik d'un grondement en se tournant vers Haelga. Ses petits yeux bruns se plantent dans les siens, luisants de colère et de peur.

Edan fait volt-face. Il se fixe un instant avant de rebrousser chemin pour regagner le flanc de sa comparse de voyage.
"... Je suis désolé, je... c'est de ma faute."
La hyène croise les bras en détaillant le dos du ménestrel.
"Écoute. Riik est une amie, j'ai confiance en elle. Nous... nous nous connaissons de longue date et..."

Son doute, il le tourne vers la hyène qui exprimera une surprise en attente :
"... Vous croyez que c'est une balade de santé ? Que j'vous veux du mal ? A trois contre un ?!

Tu m'as demandé pourquoi je tirai cette tête et t'as insisté pour m'aider. Maintenant que vous êtes tous les trois au parfum, croyez moi que je ne vous laisserai pas repartir sans avoir 'vu' !
J'veux pas qu'on m'accuse de ce qui se trouve là-bas et j'trouve ça assez grave pour qu'on attrape le type qu'à fait 'ça' !"
"Le type ?"
"Pour moi, c'est pas un animal qui peut faire c'que j'ai vu. Alors avançons, voyons et avisons.
Ensemble !"
Insiste-t-elle alors.

La femelle ne voulait pas mêler son mâle au problème, il avait déjà bien assez à gérer avec sa forge.
Ce jeune garçon, là ? Lui, il était dans la boutique. S'il n'avait pas suivi il aurait du quitter la zone avec le bagage mental d'un meurtre de métamorphe proche de ses parents, de sa famille.
Quant au ménestrel, sa curiosité insatiable de barbe chanteur de taverne venait de le mettre en difficulté.
Maintenant que le groupe savait qu'il allait assister à une scène de meurtre, allait-il se diviser et faire éclater la combattivité défensive de Riik ?

"J'comprends pas, Riik. Pourquoi tu crois que la Garde va t'accuser de 'ça'..."
La hyène inspire dans un grondement et relâche un soupire vaporeux de sa gueule.
"Tu vois les Crocs de sang ?"
"... J'en ai entendu parlé plus que de raison... oui." Répond-il d'une voix faible, penchant le visage en avant d'un air inquiet et soumis.
"Bah j'en viens. Crois moi qu'on préférera accuser une 'fille' d'autocrate pourri d’orgueil et esclavagiste de Métamorphes, que tout autre suspect sur le coup !"
"Mais...
Mais pas toi ?!"
"C'est une question ?!!
Bien sûr que non ! J'me suis pas barrée d'ce clan d'tarés pour venir massacrer à moi seule un pauv' type du coin et vivre avec un Humain !!"
La hyène a repris du poils de la bête. Sa terreur s'est changé en colère, mais elle craint toujours de se faire abandonner.
"Je vais te suivre, Riik..."
"Pas que toi. Vous deux aussi !"
Même si Xackoz n'a rien dit, la hyène compte bien à ce que chacun collabore à résoudre ce mystère plutôt qu'à le laisser partir sans savoir ce qu'il adviendrait de ce 'secret'.

Compétences:

Compétences:

Difficile de garder son calme ? La Non-Métamorphe n'était 'pas' calme. Peut-être que ces 'trois' là auraient plus d'empathie pour sa situation en arrivant au pied du crime ? Et si Xackoz trouve la réaction de Riik peu sensée ou trop extrême, il n'en est pas moins que les faits sont là... La Hyène a été témoin d'un crime perturbant et n'a pas même souhaité en informer son mari pour ne pas l'impliquer. Elle passait de la peur à la colère et finissait par mélanger les deux face à l'hésitation de ce cortège qu'elle se trimballait maintenant...
La crainte que lui confronte la Naine n'est pas gérable pour elle. Et le Barde ne sait visiblement pas comment rassurer sa comparse... en plus de sa vieille amie.
Il se sent comme pris entre deux querelles qui le dépassent.
Le voilà tiraillé.

Xackoz tente de poser la situation en reprenant d'une voix calme. Se voulant rassurant auprès de la naine, il pointe le ciel et nomme... sa chouette.
Richard
Pour sûr ce nom attirera l'attention du ménestrel... -un regard à la fois surpris et pincé de gêne-.
C'était sommes toutes peu commun.
Il n'ouvrira pas la bouche à ce propos, laissant ses yeux dériver sur sa compagne de route.

Voilà que Xackoz se met à causer d'une verbe polie, presque complexe, comme si la paraphrase et la longue explication révélaient en lui un être plein de bon sens et de réserves.
Ce serait tout ou rien.
Combien de bourrin apeurés auraient jetés la situation par terre ? Face à tant de mots et d'émotions entre trois protagonistes cherchant à le retenir ? -Dont deux étrangers... et un ménestrel devenu 'collant'...-
D'ailleurs, Haelga semblait prête à quitter le convoi pour trouver sa tranquillité et laisser derrière elle les emmerdements des autres. Quitte à briser ce 'lien' qui l'accompagnait sur la route depuis les peaux vertes...
Une pinte vaut plus qu'une emmerde et une aventure.
Tant pis pour l'invitation du ménestrel. Il était 'chez lui', elle pouvait bien plaquer sa proposition et sa dette pour ne pas se risquer a des affaires qui ne la concernent pas ?
Et pour la retenir ? Voilà qu'on la menace d'être déjà dans la combine et le secret...
De quoi flipper. De quoi se barrer avec remontrances -à son tour-.
Et pouf ! Le quatuor devient trio...

La Hyène et le Barde restent interdits. Visiblement... Xackoz le parfait étranger, silencieux et à l'écart, réussit à raisonner la blonde... et à lui forcer 'loyauté'. Aussitôt reprise que dispensée.
Mais elle s'y tiendrait, peut-être.

-Nous sommes encore loin ?-
A peine partie, déjà pressée d'arriver; la peur guide toujours les pas de la Naine, qui suit bon gré mal gré ce trio devant elle... Elle rend d'autant plus nerveuse Riik.
"C'est là bas..."
Grommèle la Hyène en tête; l'encolure arquée vers avant, ses oreilles rondes abattues en arrière et la truffe plissée...
Le ménestrel glisse un œil bas par-dessus son épaule. Sans jugement, il observe sa comparse blonde et fuit aussitôt du regard vers l'îlot boisé ciblé...
Il semble se sentir responsable et honteux d'une telle situation gênante pour celle qui lui avait sauvé la vie...

-----------------
La lisière du petit bois avale le groupe dans un bruissement végétal, mêlé au vent parsemé sur les branchage nus. L'ilot d'arbres tordus et obscurs se dresse sur un socle de ronces et de plantes sèches, figés dans l'hiver et la mort.
Riik semble suivre une piste fraîche, la sienne, notant une autre série de déplacements plus anciens... plus flous.

Xackoz ne perçoit rien de particulier. Cette menue forêt ne cache pas de piège naturel -qui soient faits de glissades, de trous cachés, voire de véritables obstacles montés par une créature dotée de raison-. Sa perception lui apporte un parfum léger de fer qui flotte au gré du vent stagnant entre les troncs... Dans les murmures craquants du sous-bois, le croassement graveleux d'un corbeau se fait entendre.
L'oiseau claque dans l'air et s'envole dans la direction de la piste qu'emprunte la Hyène.

Haelga, de son côté, fouille le sol et l'environnement des yeux. Elle ne trouvera rien de notable. Quant à son évaluation... si elle souhaite en faire usage en cas de trouvaille, elle ne lui sert à rien à ce moment.
L'estimation du danger est une chose, quand on fait face à une créature, un gouffre,... Elle nous dit si le danger est démesuré ou raisonnable -et... même raisonnable ou démesuré, le destin peut décider d'embrouiller le prognostique du 'dit' danger...-
Ici, l'angoisse seule de la situation pourrait être graduée mais elle n'est pas tangible...
Pas tant que l'invisible ne serait pas révélé.

Si l'on devait estimer le danger de cette situation, Haelga n'a-t-elle pas été rassurée ? Le groupe est composé de quatre membres... c'est peut-être suffisant. Ou pas. Comment estimer cette situation... La troupe marche dans un sous-bois à l'apparence silencieuse et 'normale'.

"Là." Indique Riik au sol.
"On a des traces de pieds nus... de bottes... et des trainées."
Tandis qu'elle avance, elle pointe de la griffe les éléments qu'elle observe ainsi que d'anciennes gouttes noirâtres et séchées, projetées sur des végétaux morts et givrés...

La piste se poursuit dans un arrachement du sol, glissant en traçant un chemin clair dans le sous-bois. Les pieds nus et les bottes se sont effacés dans cette longue balafre...
"Nous y sommes..." Dira Riik d'un ton plus bas, presque plaintif.

Dans une petite clairière, habitée par un arbre dénudé, rongé de lierre épais, tordu et solitaire, un corps a été suspendu. Une paire de botte et des vêtements gisent sur le sol dans une marre de sang sombre et glacée. 'L'étranger' qui se trouve 'là-haut' à l'apparence 'humaine', même si la mise en scène macabre permet le doute.
L'atmosphère est grisâtre, givrée dans le bleu morbide de l'hiver et encouragée dans sa 'mortittude' par l'envolée de charognards ailés.

L''homme' pendu est nu et a été séparé de ses bras. Ses deux membres ont été fichés dans son abdomen fendu et vidé de ses viscères pour le suspendre. Entre ses coudes, au fond de ses cotes, une tête de chien se dessine difficilement entre chair et sang...

Compétences: