La nuit est claire sous la lune ronde qui s'affiche au dessus des plaines. Non loin de lui, la louve avance, aux aguets, flairant une piste en ronflant au milieu de quelques touffes d'herbes gelées...
Il faut être prudent, ne pas se faire repérer.
C'est difficile de pister dans de telles conditions. L'argent de l'astre nocturne boit chaque couleurs, projette les ombres des valons, aplatit les distances... Elle permet à n'importe quelle créature de se tenir invisible aux yeux des Hommes. Et lui, au milieu de son souffle chaud, le cœur battant, le sang aux joues, il espère trouver la raison de sa venue.

Depuis quelques heures, Lorgan est l'heureux détenteur d'un contrat. On l'aura intercepté à Rudeterre, peu avant son départ du village. Un homme d'âge jeune, à peine adulte, l'air désespéré, pauvre, a su réunir cinq pièces d'or pour se faire justice. Il cherchait un gaillard vaillant capable de le venger... La Garde n'a pas su répondre à son appel et l'enquête aura avorté en même temps que le dernière souffle de son frère, sous l’œil désolé du médecin...
Verdict. Une blessure grave à la gorge, le corps vidé de son sang, le garçon a succombé. Dans un dernier soupir, le condamné a exprimé sa peur d'une ombre humaine, une silhouette assoiffée qui l'aura attrapé au coin d'une taverne et laissé là, sans aide et sans espoir, envolée dans la nuit en direction des champs.
Après quelques filatures, Lorgan remonte la piste qui le sort des zones habitées. Le voilà, errant, cherchant à retrouver l'auteur de ce crime laissé impuni...

Autour de lui l'ombre demeure. Les lueurs de Rudeterre ont disparu derrière une colline. Il est 'seul'. Même le vent s'abstient de murmurer.
Ses bottes écrasent doucement le gèle, mais il ne tient qu'à lui de se faire discret, de flairer le danger. Gravissant une petite butte de terre, arrivé au sommet, il aperçoit à quelques mètres plus loin une faible lueur, encadrée par une fenêtre, soutenue par un toit.
Voici une petite cahute isolée et habitée.
Les traces semblent y conduire.

Spoiler:

De la discrétion dans l’obscurité.
Guidé par la lumière faiblarde de la baraque esseulée, le chasseur s'approche, pris dans l'océan de ténèbre, attiré par le récif et son phare. Sans un bruit il tente de pister son ennemi et se présente discrètement à l'une des rares fenêtres ouvertes.

La bicoque ne fait que quelques mètres carrés. Couverte d'un planché, elle ne possède qu'une seule pièce mettant probablement à disposition couche et lieu de vie modestes.
En jetant un œil par la vitre crevée, Lorgan aperçoit une silhouette de dos. Elle est accroupie devant une ombre attachée de liens de corde, vraisemblablement adossée à un mur et reposant sur une paillasse ancienne.

La salle réduire est éclairée d'une cheminée et d'une lanterne posée sur la table.

Spoiler:

"Arrête de bouger, merde..." Gronde la voix masculine qui se tient de dos et qui s'affaire sur l'être immobilisé, dont seules les jambes tressautent de réflexes.

L'étranger fini par se redresser. Il a les avant bras découverts, les manches retroussées. Sa peau pâle est tachée d'une texture noire et poisseuse. Son expression est grave, préoccupée.
"J'veux pas qu'tu sortes. Tu sais que c'est dangereux. On quittera la zone demain..."
Se rapprochant de la seule table des lieux, il rince ses doigts dans une bassine et range un scalpel.
Puis il se retourne à nouveau face à la créature, retenant ses reins contre le bord du meuble. Bras croisés il ne dit rien.

L'espace devant l'être attaché est libre. Lorgan y découvre une créature à la chair blanche, piquée de pourriture et de véroles noires. Son visage est en partie caché par une capeline sombre et sa 'respiration' rapide bave une salive qui décolle le sang de son menton. De là où il se trouve, Lorgan entend le souffle rauque de cet être immobilisé et assit contre le mur, jambes détendue en 'V' devant lui.
"Arrr... arrrrrête... deeee-rrrr... m'faire chier !!" racle une voix efféminée et qui s'exprime d'une grande difficulté.

"Parfait tu veux que j'te lâche ? Tu vas massacrer des humains au hasard et tu t'feras bien, niquer ! Regarde toi ! Ton état empire de jour en jour ! Tu peux pas rester seule, tu peux pas décider par toi-même ! Toi et moi, on va rentrer au Nord !"