Titanies du mois d'Obsidienne

Le soleil se lève doucement sur les plaines givrées qui entourent la Cité Impériale. Les maigres rayons de l'astre subliment les cristaux de glace, et une nappe de brume provisoire nimbe le monde de mystères. L'aube grise fait place à un azur pur au-dessus d'une mer de brouillard. L'air est très froid, il y a eu aussi peu de nuages pendant la nuit que ce matin. Toute chaleur semble être aspirée et anéantie... Ces dernières nuits ont causé de nombreuses morts parmi les pauvres gens sans toit. Sur les collines esseulées, une silhouette solitaire se détache, celle d'un cavalier et son destrier. C'est une femme, vêtue comme un chevalier, en armure, le bouclier pendant à sa selle.

Orianne vient de quitter aux aurores la ville, qui se dresse derrière elle. De nouveau, sa vie trépidante l'a menée par monts et par vaux. Sa dernière étape en date l'aura menée, bien brièvement, dans sa ville natale. La voilà qui repart sur la route, a-t-elle un objectif en tête ? Ses connaissances qu'elle a pu revoir la veille lui ont parlé de bandes d'Orcs dans les montagnes, de bandits sur la route ; il y a évidemment une armée en marche depuis le royaume du Sud, et les cadavres se relèvent pour tuer les vivants... La saison n'est pas des plus calmes.

Suivant le sentier, les pas de sa monture la mènent non loin de L'auberge du voyageur****, bâtiment solitaire dans le matin. La piste principale part en direction de Rudeterre, modeste bourg sur le chemin des Havres. Des chemins plus discrets permettent de se rendre vers Bellerive, au milieu des collines. La rivière elle-même est navigable, et des passeurs ou des marchands peuvent ponctuellement servir de convoyeur pour des voyageurs... Alors que le soleil se met à briller franchement, il est temps de faire un choix.

...~oOo~...

Un nouveau jour, une nouvelle aube. Orianne observe les plaines sauvages qui s'étendent à son pied. Elle laisse derrière elle l'auberge, qui l'a accueillie une nuit, et sa vie passée.
Tout est resté sur le pallier.

La jeune femme se fait violence mais elle coupe les liens un par un, sans remord ni regret -elle s'en fait une règle, pour ne pas fléchir-. Le menton haut dans un effort de paraitre droite et détachée, sa peur de l'inconnu s'efface devant cette volonté inflexible d'avancer et de découvrir le monde... Et ce monde va mal.
Orianne 'sait' ce qu'il se passe entre les murailles de la Cité Impériale mais également ce qu'il se trame à l'extérieur d'elles. Le monde a toujours été dangereux, et les évènements de cette année ont précipité d'obscures augures, de la souffrance, de la violence...
Elle s'est convaincue que son départ n'est pas égoïste, qu'il n'est pas 'mauvais' ou sans pitié, que rien n'aurait pu la faire changer d'avis.
Non, rien.
Et qu'importe ce que les gens en pensent.

Le front dressé au vent, ainsi reposée sur la selle qui lui fait dominer la plaine, elle inspire profondément. Le souffle glacé vient secouer le col de sa cape de fourrure... elle lui chatouille les joues, se confond avec ses cheveux courts qui s'agitent doucement.
D'un léger coup d'éperon elle donne le départ tout en douceur de son destrier, le laissant descendre le long de la route qui mène vers le Sud.
Ou va-t-elle ? Pour l'instant, elle n'a pas de plan.
Un plan, c'est toujours ce qu'elle a suivi. Depuis sa plus tendre enfance on lui a dit quoi faire, où aller, comment penser. Tant et si bien qu'elle s'était toujours figurée que 'chevalier' : s'était sa voie.
Elle ne regrette pas ce chemin qu'on lui a fait emprunter... La voilà 'ici' et c'est ce qui compte.
Alors l'errance l'attend. Une vie de 'solitude', de rencontres plus ou moins agréables, constructives -destructrices aussi...- elle aura des hauts et des bas.

Son cheval évolue sur le sentier et rythme le souffle du vent. Elle respire son odeur musquée, voit la vapeur de son souffle, ressent ses mouvements de croupes...  Orianne quitte les alentours de la cité Impériale; les éléments et sa monture en dessous d'elle lui redonnent du baume au cœur.

"Nous ferons une halte à Rudeterre, s'il le faut..." se murmure-t-elle a elle-même, comme si elle s'adressait à sa monture en se rendant définitivement compte qu'elle est 'seule'. Un sourire s'esquisse en coin de ses lèvres pâles, avant qu'elle n'enfonce la moitié de son visage derrière le col de sa cape.

Compétences:

La cavalière solitaire laisse donc l'auberge et la civilisation derrière elle, et se dirige vers le Sud. Elle a l'habitude des longues chevauchées, et connait les avantages et dangers d'un tel voyage. Elle peut profiter du silence des humains, de l’absence de jugement des siens. La liberté, la vraie, s'offre à elle. Le pépiement des oiseaux offre une douce mélodie pleine de vie à ses oreilles. De petits animaux détalent parfois du sentier devant elle, alertés par les pas sourds de sa monture dans la neige. Quelques bourgeons se devinent dans les branches -ils ne fleuriront pas avant longtemps...-.

Orianne reste attentive cependant, comme sa vie sur les chemins le lui a appris. Les dangers ne sont jamais rares... Alors que le soleil est haut dans le ciel, proche du zénith, des cris perçants fusent dans l'air. Ce sont des cris de femme, et l'on devine des rires gras et rauques en fond. Si Orianne choisit de s'approcher, elle dominera d'un vallon une scène glaçante.

...~oOo~...

De ses yeux perçants, la cavalière pourra distinguer une charrette renversée, les chevaux ayant rompu leur licols et s'étant enfuis. Deux hommes se tiennent debout dans une position détendue, et s'amusent à frapper une jeune femme qui n'arrive pas à tenir debout. L'un des deux surtout semble prendre plaisir à ce jeu, un homme dont les cheveux légèrement grisonnants lui donnent une bonne cinquantaine d'années.

Le deuxième semble plus jeune, a les cheveux châtain, il porte un arc. Il semble plus intéressé par la marchandise dans le véhicule. Cela ne l'empêche pas de retenir la jeune femme par le col d'une seule main et de la renvoyer bouler aux pieds de son compagnon, alors que celle-ci tentait une fois de plus sa chance.

Orianne peut distinguer des traces sombres sur le sol, certainement le sang d'une tierce personne, qu'elle ne peut voir de sa position. L'homme grisonnant est occupé à maltraiter la jeune femme, mais son comparse est bien plus circonspect. Il n'a pas encore levé les yeux vers le sommet de la butte, mais sa nature prudente le conduira bientôt à évaluer sa position.

Si la cavalière veut bénéficier de l'effet de surprise, elle devra se décider rapidement. Mais il est encore temps de rebrousser chemin et d'éviter une confrontation...

Distances :

Spoiler:

C'est une entrée en la matière somme toute agréable, puisque la plaine gelée se transforme en une sorte de zone boisée et habitée. L'esprit serein, la jeune nouvelle errante évolue calmement à dos de son cheval, profitant des bruissements d'arbres et de la nature que le froid n'a pas pétrifiés. Et si ce n'est pas le gel qui cloue l'environnement dans lequel elle s'avance, ce sera bien l'effet d'un cri perçant.
Orianne se tend un instant, papillonnante.
Elle vient bien d’entendre un cri ?
Sa monture dresse les oreilles et ronfle sans s'arrêter. Son Destrier ne craint pas la guerre ni les conflits armés, il ne désarçonnera pas facilement devant le danger.
Avançant plus rapidement d'un coup d'éperon supplémentaire, Orianne se présente au lieu d'agression d'un pas preste mais sans engager le galop.

La scène qu'elle voit lui prend aux tripes avec amertume. Voilà deux hommes courageux qui s'en prennent à une femme et ses possessions. Si ce n'est pas un sentiment de lassitude qui la submerge face à ce spectacle se sera celui de la colère.

"Que de sérieux..."
Souffle-t-elle pour elle-même en tordant ses lèvres de biais, l’œil blasé. La chevalier ne profitera pas d'un effet de surprise. Elle compte bien se montrer dans son entier et prévenir les malfrats de sa présence armée.
Tirant son épée, qu'elle garde reposée devant elle sur sa selle, elle s'avance et interpelle :
"C'est une belle prise, messieurs !" Commence-t-elle en forçant sa voix pour être entendue. "Une jeune fleur que le froid n'a pas flétri et riche d'or en plus du reste ?! Pour sûr... son fourreau ne figera pas vos dagues avec le gel..."
Le ton de sa voix retombe plus bas et son regard se durcit.

"Vous devriez décamper avant que je n'autorise à mon étalon de vous piétiner bourses et visages."

Les malfrats sont deux, Orianne est seule -avec son destrier-. Si d'apparence la scène semble être en défaveur des 'agresseurs', la chevalier ne connait pas toute l'histoire. Son entrée en matière voudrait lui permettre d'en savoir d'avantage sur ces 'hommes' qui maltraites ouvertement un tiers déjà à terre. Attaquer de prime abord ne lui semble pas judicieux; pour sa propre sécurité et sa méconnaissance de la situation.
Sans être totalement naïve -et parce qu'aucune exaction ne mérite un acharnement aussi déséquilibré- la guerrière s’enquiert d'une première réaction à son introduction.
La légitime défense serait donc de mise en cas de conflit, l'incluant d'office dans une histoire qui n'est pas la sienne. Et si le femme au sol est fautive, alors les deux hommes n'écoperont que d'une punition pour lâcheté avérée...

Compétences:

Au son de la voix de la cavalière, les hommes sursautent et se retournent. Là-haut, à seulement quelques dizaines de mètres, un cavalier sur sa monture ? Une patrouille de gardes ? Un instant déstabilisés, les deux malfrats se regardent, jaugeant la situation. Mais Orianne désamorce sans le vouloir leurs craintes. Même si sa silhouette est impressionnante, sa voix l'est moins, et rien n'indique dans son discours ou sa gestuelle qu'elle appartient à un corps garant de la justice et la loi.

Son discours arrache un sourire au plus vieux du duo. C'est d'une voix dégoulinante de mépris qu'il lui jette à la figure : "Ouais, elle est jolie la fleur ! Casse-toi maintenant, tu vas t'faire mal avec ton jouet !"

La jeune femme se débat soudain, et donne un faible coup à la jambe droite de l'homme, qui ne peut retenir un grognement de douleur. Elle a une belle ecchymose à la tempe, et ses yeux sont noyés de larmes. Elle se met à crier en direction de la forme floue qu'elle devine amicale : "A l'aide ! Au secours ! Ils..." Un coup au bras la renvoie se prostrer au sol, sanglotante. Le voyou, furibond, dégaine son épée et clame en direction d'Orianne : "Allez, viens ! Je vais te faire crier et après je vous prendrai l'une après l'autre !". L’œil fou, écumant, le bandit semble avoir perdu momentanément le sens commun et se croit capable de battre seul une cavalière sur sa monture...

Son compagnon a l'air plus alerte. Dès qu'Orianne s'est présentée à eux, il a de suite encoché une flèche et fait le tour des environs de son regard pour prévenir une attaque sur son dos ou ses flancs. Il est arrivé à la conclusion que la femme se déplace seule... Bien plus posé que son collègue, il la menace de son arc bandé, et force sa voix pour se faire entendre malgré les cris de l'autre. "Ce sont nos affaires, pas les tiennes. Passe ton chemin, nous ne voulons pas d'ennuis, et toi non plus !". Cet homme est maître de lui-même, et sa réaction semble souligner un passé dans l'armée. Son regard est ferme : il ne déclenchera pas le combat, mais n'hésitera pas à tirer pour tuer.

Distances :

Spoiler:

Le regard de la guerrière se pince à la première réplique. Son cheval piaf et sa poigne se resserre sur la garde de son épée, sans pour autant décoller le fer de la selle.
"Tu devrais calmer ton ami, avant que je ne lui fasse sauter les dents et la langue d'un coup." Menace-t-elle en s'adressant à celui dont le ton retient son attention. Et si cet homme a la tête sur les épaules, saurait-il lui dire ce qui les amènent à malmener une femme ? Une innocente ? Ou une criminelle.

"Vos affaires ne sont pas les miennes mais je ne peux m'empêcher de vous voir malmener une femme désarmée et de me menacer par la même. Expliquez-vous sur le champ ou déguerpissez dans l'instant..."

Orianne ne peut se refuser l'idée de rester droite et de retenir sa main contre ces hommes au comportement pourtant infâme - tant qu'elle ignore la raison de leurs actions. Ce n'est pas là le moyen d'éviter le combat, mais plutôt de savoir à quoi ou à qui elle à affaire et le contexte qui les pousse à violenter un humain à terre.
Si, en revanche, l'homme à l'épée s'approche, elle ne manquera pas de serrer la bride et de répliquer. Et si le combat s'engage c'est bien que sa vie sera en jeu et que son acte de défense mené en combat lui sera légitimé.
En viendra ensuite le sort de cette pauvre femme.

Compétences:

L'archer souhaiterait visiblement ne pas s'éterniser sur les lieux. Il aimerait expliquer la situation, mais cela ne servirait à rien, pense-t-il. La cavalière allait-elle vraiment les laissait partir ? Il lui semble qu'elle reste non pas à cause des morts derrière lui, mais plutôt à cause de la fille... Une chance d'éviter le combat se présente à lui. Il n'est pas lâche, mais se sait désavantagé par le terrain. Il gonfle de nouveau sa voix en maintenant sa visée. Son bras ne faiblit pas, l'arc est bandé au maximum et la flèche peut être mortelle.

"La fille n'a rien à voir, elle était là au mauvais endroit au mauvais moment. Eric s'est fait blesser, il a pété un câble. On n'a rien contre elle, on va la laisser partir..."

Son collègue, le visage rougi par la rage, se met à lui hurler dessus : "Quoi ?! On va pas laisser filer cette salope !"
"Si, on va la laisser partir !  lui répond-t-il fermement. Puis son regard se plante dans celui d'Orianne. Et nous aussi on va partir."

Avant qu'il n'ait pu juger de l'effet de son discours, le dénommé Eric fonce en hurlant vers la cavalière. Il boite légèrement mais sa course est déterminée, et il gravit rapidement les mètres de dénivelé jusqu'à presque atteindre Orianne. L'archer, lui, jure tout haut, reste indécis quelques secondes et tire une flèche, qui passe largement à côté de sa cible. Il jure de nouveau en réencochant une flèche.

La jeune femme quant à elle, se fait oublier. Elle reste prostrée là où elle est tombée, immobile. Est-elle consciente, évanouie, morte ?

Distances :

Spoiler:

Les aurait-elle laissé partir ? Probablement que oui.
Orianne voulait comprendre, pour juger de la vraisemblance de son engagement dans un combat contre ces deux hommes -Qu'elle s'estime avantagée ou non, là n'est pas la question, il ne s'agit pas d'éviter l'affrontement par peur d'être tuée.-

Des salopards dans leur genre, il en existe partout. Mais il ne lui appartient pas de juger de leur mort sur de si faibles informations de contexte.
Il est facile de croire que ces deux là méritent une sentence pour s'être acharnés de la sorte contre une jeune femme désarmée... Mais la chevalier, pétrie de 'justice', se refuse à se prêter au jeu si 'facile' de la vengeance immédiate, mal estimée... Elle n'excuse en aucun cas les actes de maltraitances dont elle a été témoin. Mais elle ne se sent pas 'apte' à dispenser vie et mort en frôlant la surface d'une eau trouble.
Orianne a toujours grandit en société. Et en société -telle que conçue au Nord- personne ne se fait justice lui-même sans en payer les conséquences.

En l'état -dans celui où aucun ne souhaite s'exprimer sur le sujet qui les a amené à rosser une donzelle inapte, proposant même de laisser leur victime pour déguerpir- le mieux était alors de ne pas engager de combat et de sentence, voire de ne pas insister. La priorité est alors d'assurer la survie de cette étrangère en restant soi-même en vie...
Mais l'un des deux agresseurs n'est pas de l'avis de laisser sa proie. Il se met à courir vers Orianne, qui décroche alors son attention grave de l'archer pour reposer ses yeux vers lui. Cette fois, le fer quitte le cuir et la bride se sert.

Le Destrier d'Orianne attaque et sa cavalière engage l'offensive.

La monture d'Orianne se dresse et envoie un coup de sabot dans le poitrail de l'adversaire au corps à corps. Sa cavalière, elle, tranchera par deux fois d'une aussi violente manière... percutant et arrachant buste et flanc de l'assaillant.

Compétences:

L'épéiste reçoit un sabot du cheval qui s'est cabré à son approche. Puis un coup de taille, l'autre en revers. Le torse défoncé, des morceaux de côte dépassant de son buste massacré, ses viscères se déroulant de son abdomen, il s'écroule en arrière. Un râle sifflant et humide s'échappe par sa bouche en projetant des gouttelettes de sang vermillon sur la blanche neige. Les dernières bribes de son esprit s'effilochent. Il a le temps de se demander ce qui lui a pris, de se jeter ainsi dans les bras de la mort. Il a pourtant envie de vivre... Il doit s'occuper de sa fille, elle... sera...

En voyant l'enchaînement de coups que s'est pris son ami, l'archer serre les dents... Et tourne les talons pour fuir. Il n'avait pas l'intention de violer cette fille comme Eric, il n'avait pas l'intention de se battre contre cette femme à cheval, et il n'a pas l'intention de mourir. Il sprinte du mieux qu'il peut en espérant que la combattante ira voir la jeune marchande et lui laissera suffisamment de temps pour se perdre dans la forêt.

Le bandit Eric est mort, son compagnon à l'arc fuit. Orianne sait ce qui arrive quand un humain meurt. Il revient. On brûle les cadavres, ou on leur coupe la tête pour éviter cela. On leur broie le crâne en désespoir de cause quand on n'a que des cailloux sous la main... Mais on évite généralement de laisser les cadavres en liberté.

Si Orianne décide de poursuivre le fuyard, elle le rattrapera sans peine à cheval. Si elle choisit de le laisser filer pour s'enquérir de l'état de la jeune femme, elle découvrira la jeune femme se massant la tête et le bras, et levant un regard reconnaissant vers la cavalière... mais aussi quelque peu craintif ?

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